Le ministre de l'énergie, Mustapha Guitouni, a déclaré que les stocks de pétrole ont baissé de façon significative, passant de 300 millions de barils à 118 millions de barils. La réunion du comité de suivi Opep et non- Opep qui s'est tenue hier à Mascate n'a pas servi qu'à faire une évaluation de la baisse de la production de 1,8 million de barils par jour.La dégringolade des prix du pétrole aura finalement servi de déclic pour les pays producteurs Opep et non-Opep. Elle leur a fait prendre conscience que sans réponse forte et adaptée ils courraient vers la catastrophe. Ceux dont les économies dépendent essentiellement de leurs exportations de l'or noir en ont souffert. L'Arabie saoudite, premier exportateur mondial, en a pâti. Son déficit commercial avait accusé près de 100 milliards de dollars en 2015. Le Venezuela s'est retrouvé au bord de l'implosion. D'autres, à l'instar de l'Algérie, ont dû instaurer des mesures d'austérité pour limiter les effets d'une crise financière dévastatrice. Leur riposte allait être signée par l'accord historique d'Alger conclu le 28 septembre 2016 lors d'un sommet de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole en marge du 15ème Forum international de l'énergie qui s'est tenu dans la capitale algérienne. Une initiative qui allait déboucher le 10 décembre 2016 sur la décision de la baisse de 1,8 million de barils par jour, scellée entre l'Opep et 11 pays hors cartel dont la Russie. Un comité de suivi conjoint Opep et non-Opep constitué de l'Algérie, du Koweït, du Venezuela, de la Russie et Oman chargé de surveiller son taux de conformité, a été créé dans la foulée. Il s'est retrouvé hier à Mascate, capitale du Sultanat de Oman pour un nouveau bilan après avoir fait état le 23 décembre dernier d'un taux de conformité record atteint en novembre. «Pour le mois de novembre, l'Opep et les producteurs non-membres de l'Opep ont atteint un niveau impressionnant de conformité de 122%, après avoir enregistré des performances élevées au cours des derniers mois», avait précisé un communiqué du Comité ministériel conjoint de suivi de l'accord Opep-non-Opep (Jmmc). La réunion qu'il a tenue hier à Mascate n'a pas servi qu'à faire une évaluation de la baisse de la production de 1,8 million de barils par jour. L'Opep veut aller plus loin. Son chef de file souhaite une coopération Opep-non-Opep pérenne: Une alliance en béton! L'Arabie saoudite, premier exportateur mondial de pétrole, a appelé dimanche (hier, Ndlr) à une coopération à long terme entre les pays de l'Opep et ceux non-membres du cartel comme la Russie, après un premier accord ayant permis de faire remonter les prix du brut, relève-t-on. «Nous ne devons pas limiter nos efforts (à des quotas de production) en 2018. Nous devons parler d'un cadre pour notre coopération à plus long terme», a plaidé le ministre saoudien de l'Energie, Khaled al-Faleh, juste avant le début de la réunion. Il s'agit de «prolonger au-delà de 2018 le cadre que nous avons établi, c'est-à-dire la déclaration de coopération» entre pays producteurs de l'Opep et pays non-membres du cartel comme la Russie, a-t-il indiqué. Qu'en pensent les Russes? Certes, l'année écoulée a montré que l'expérience était réussie mais, pour l'après 2018, il faudra voir au cas par cas si c'est nécessaire, dans un format de consultations Opep/non-Opep», a déclaré le ministre russe de l'Energie, Alexandre Novak, cité par l'agence de presse russe RIA Novosti. En tous les cas, il n'est pas question de baisser la garde pour le moment. La production des Etats-Unis doit établir un record historique en 2018, plus de 10 millions de barils par jour, ce qui pourrait constituer un frein au rebond des prix du pétrole. La production américaine de brut augmentera de 1,35 million de barils par jour cette année, pour atteindre «un pic historique au-dessus de 10 mbj, dépassant l'Arabie saoudite et rivalisant avec la Russie», si ces deux derniers continuent à limiter leur propre production, a souligné l'AIE dans son rapport mensuel sur le pétrole, rendu public le 19 janvier. Un danger qui pourrait mettre à mal les efforts des «24» pour éponger le surplus de brut. Le ministre saoudien s'est montré catégorique: Le marché est encore loin de se rééquilibrer. «Cet objectif n'a pas été atteint et nous ne sommes pas près de le réaliser», a indiqué le successeur d'Ali al Nouaimi. «Certainement pas au 1er (semestre). Je pense que cela prendra toute l'année 2018 pour atteindre un niveau normal», a-t-il ajouté. Les vannes resteront donc fermées quel que soit le taux de conformité atteint par la baisse de la production Opep et non-Opep...