Expert en tourisme, consultant international et directeur de la publication du site Internet spécialisé en tourisme «Djamelarabie.com», Faycal Maârfia revient dans cet entretien express sur les perspectives de la destination Algérie pour cette saison estivale. Il met en avant l'échec de la stratégie prôné par nos responsables afin de maintenir ce flux touristique en Algérie. Appréciez-plutôt, c'est l'expert qui parle... L'Expression: Bonjour Fayçal, comment s'annonce la saison estivale cette année? Sera-t-elle «made in bladi» ou laisserons-nous encore échapper nos touristes et leurs devises vers l'étranger? Fayçal Maârfia: La politique menée par les responsables qui sont passés à la tête du secteur ces dernières années est un échec total et fait que le tourisme bat toujours de l'aile en Algérie. Les touristes algériens continueront donc à aller à l'étranger plutôt que de découvrir les merveilles qu'on a en Algérie. La concurrence des prix est certes rude, mais celle hors prix ne l'est pas forcément, il suffit de faire ce qu'il faut pour améliorer le service un tant soit peu, et le chômage sera réduit drastiquement dans beaucoup de régions; sans parler des bienfaits et du cercle vertueux qu'impliquent les dépenses des touristes. Le tourisme «made in bladi» ne sera pas pour cette année, mais je vous avouerai que les perspectives sont peu reluisantes. Pourquoi n'arrivons-nous pas à faire de l'Algérie une vraie destination touristique pour les locaux d'abord, ensuite pour les étrangers? Malgré les milliards investis ces cinq dernières années dans une mise à niveau, et l'espoir de voir un jour venir quelques groupes d'étrangers, le ministère peine à mettre en valeur le potentiel touristique de l'Algérie. Le rôle tout relatif du responsable du secteur peine à prendre de l'ampleur du fait du turn-over à la tête du ministère en question, et du fait de l'immobilisme des conseillers. Les réformes restent très approximatives à mon avis, et montrent un manque d'expérience flagrant. Malgré ça, les fonctionnaires du ministère et du parc hôtelier jouissent d'une longévité inégalée! Et malheureusement pratiquent un clientélisme fatal au secteur. Autant d'explications pour la stagnation du secteur en Algérie malgré les atouts. Un secteur mis à mal malgré son empreinte stratégique. Un nouveau ministre a pris la tête du secteur. Que lui préconisez-vous pour sauver la saison estivale? Il sera difficile de sauver la saison estivale cette année, le travail à faire sera de partir sur de bonnes bases pour la saison estivale 2019. Le ministre du Tourisme, s'il est le même l'année prochaine, devrait accorder plus de confiance aux professionnels du secteur. Leur mettre les bâtons dans les roues ne fera que retarder le redressement du tourisme en Algérie, qui pourrait pourtant être une alternative très sérieuse au pétrole. La Tunisie, et dans une moindre mesure le Maroc, se frottent déjà les mains avec l'arrivée des touristes algériens. L'Algérie pourrait devenir un concurrent très sérieux à ces pays. Le jour où le secteur se développera en Algérie, ils auront du souci à se faire. Reste maintenant que la volonté politique y soit, et que le clientélisme soit éradiqué. Ce n'est seulement qu'à ce moment que les Algériens pourront jouir des perles que leur pays offre et des devises qu'il rapportera