Avant le coup d'envoi de chaque événement sportif, il y a toujours des favoris et des outsiders. A ceux-là, il ne faudra jamais négliger le facteur «surprise». Dans cette 21e édition de la Coupe du monde, cette surprise nous est venue du pays hôte, la Russie. Versée dans le groupe A, la «Sbornaya» a fait rougir de plaisir le Kremlin, avec son carton plein et ses deux écrasantes victoires en autant de rencontres, face à l'Arabie saoudite (5-0) puis face à l'Egypte (3-1). Face aux Pharaons, la mission était moins facile, puisque après une première période de doute (0-0), le match s'est animé au retour des vestiaires, où les Russes ont obligé, en l'espace de 15 minutes, le portier égyptien Al-Shennawy, à aller chercher à trois reprises la balle au fond de son nid - entre la 47' et la 62' -... Et le suspense est tué, cela malgré le penalty de Mohamed Salah, qui n'a rien changé, sauf permettre aux Egyptiens de sauver l'honneur. Au début de cette année 2018, les Russes avaient laissé craindre le pire, après des prestations décevantes en matchs de préparation. Ils avaient été battus par le Brésil (0-3) et la France (1-3) à domicile en mars, avant de céder face à l'Australie (1-0) et de concéder le nul contre la Turquie (1-1), pourtant non qualifiée pour le Mondial. Des résultats qui laissaient présager de grosses difficultés pour le tournoi. Le média local Gazeta avait même été jusqu'à lâcher que la sélection aurait besoin d'un miracle pour ne pas perdre tous ses matchs de poule. Et pourtant... Avec une équipe transfigurée et un sélectionneur - Stanislav Tchertchessov - qui fait (enfin) l'unanimité, la Russie, poussée par un public aux anges, est en plein rêve, mais garde les pieds sur terre puisqu'un long chemin reste encore à parcourir pour faire durer le plaisir le plus longtemps possible, sachant qu'au prochain tour, les «locaux» pourraient rencontrer l'Espagne ou le Portugal, deux adversaires d'une toute autre dimension. Paré de son nouveau statut de sage, Tchertchessov a évité tout triomphalisme, après le deuxième succès des siens. «L'Egypte ne peut pas toujours être numéro 1. (...) Ils avaient besoin d'un résultat, ils sont devenus nerveux et nous avons réussi à tirer avantage de cette situation et nous avons marqué. On a fixé des objectifs, ils ont été remplis.» Réponse aussi abrupte que les montagnes de son Ossétie du Nord natale, dans le Caucase. L'attaquant de l'Arsenal Toula, Artem Dzyuba, et celui de Villarreal, Denis Cheryshev, sont le symbole d'une équipe russe qui brille par sa combativité, à défaut de montrer, pour l'instant, une grande imagination dans le jeu. Ils ont, à eux seuls, inscrit cinq des huit buts russes depuis l'entame de la compétition. Stanislav Tchertchessov, élevé actuellement au rang de «héros national», était pourtant très critiqué avant le Mondial. Depuis son arrivée, le sélectionneur moustachu, devenu entraîneur après une honnête carrière de gardien de but en Union soviétique et en Russie, a essayé un nombre record de joueurs avant de se fixer sur une liste des 23 pour le Mondial, où figurent «des surprises», à l'image du vétéran de 39 ans, Sergueï Ignashevish et le revenant après 15 mois d'absence, Yury Gazinsky. Même si la qualification au prochain tour est déjà quasi acquise, les Russes ne veulent pas se laisser gagner par l'euphorie. Quoi de mieux que de sortir de ce groupe A en ayant fait le plein? Sont-ils en mesure de le faire? Réponse lundi prochain face à l'Uruguay au stade de Samara... Programme d'aujourd'hui 13h Danemark - Australie 16h France - Pérou 19h Argentine - Croatie Programme de demain : 13h Brésil - Costa Rica 16h Nigeria - Islande 19h Serbie - Suisse