Jamais une Coupe du monde n'a subi autant de piratages que celle de ce Mondial russe en 2018. Des plaintes pour piratages se multiplient de la part des diffuseurs officiels sur le bureau de la FIFA. Dans les pays d'Afrique où les équipes nationales se sont qualifiées pour la Coupe du monde - Sénégal, Egypte, Nigeria, Maroc, Tunisie - les chaînes de télévision publiques n'ont pas pu acheter les droits de diffusion pour les matchs de leurs équipes. En Afrique subsaharienne, trois plaintes ont déjà été émises pour piratage de signal. La première vient de l'antenne ghanéenne de SuperSport. L'opérateur a initié une procédure judiciaire contre la chaîne Fly TV qui propose illégalement les matchs de la compétition. Pourtant, seuls MultiChoice, maison-mère de SupertSport, StarTimes, Kwesé TV, Canal+ et GBC sont autorisés à diffuser la compétition au Ghana. Les deux autres plaintes viennent de l'Ortb, la chaîne nationale béninoise. Cette dernière reproche aux Camerounais de la Crtv et de LTM TV de reprendre son signal pendant les matchs diffusés par la chaîne béninoise. Pourtant, la Crtv avait annoncé disposer d'une sous-licence grâce à un accord avec Kwesé TV. La Fédération internationale de football association (FIFA), très stricte sur le piratage de ses compétitions, pourrait décider de poursuivre les chaînes pirates pour s'assurer que les diffuseurs réglementaires puissent jouir de leurs accords. En Afrique australe, la thématique des piratages industriels ou artisanaux de la diffusion de la Coupe du monde est moins présente. Le bouquet payant Dstv qui distribue les chaînes Super Sport y règne en maître et retransmet tous les matchs. Au Sénégal, un piratage «artisanal» s'est également développé. Le Conseil national de régulation de l'audiovisuel (Cnra) avait, avant la compétition, mis en garde les opérateurs sénégalais contre «toute retransmission ou diffusion illégale des matchs de la Coupe du monde», les menaçant de sanctions. La télévision publique RTS a revendiqué les droits exclusifs de diffusion gratuite de 32 matchs, mais une chaîne concurrente, TFM, du chanteur Youssou Ndour, a affirmé avoir également signé un contrat pour leur diffusion. Une solution à l'amiable a finalement été trouvée, permettant à la RTS et à TFM de diffuser les matchs. Le groupe qatari beIN Media a indiqué lundi 28 mai, avoir demandé à la FIFA de prendre des mesures juridiques fortes pour mettre fin au «piratage» d'Arabsat, opérateur majoritairement saoudien. Un nouvel épisode dans la crise entre Doha et Riyadh. De vives tensions opposent les deux pays arabes, qui n'entretiennent plus de relations diplomatiques depuis bientôt un an. Celles-ci s'expriment aujourd'hui à travers la Coupe du monde de football en Russie (14 juin-15 juillet). BeIN Sports, chaîne basée à Doha, détient les droits particulièrement onéreux de retransmission de l'événement le plus regardé de la planète. BeIN Sports est seul diffuseur à travers le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord de la totalité des 64 matchs du Mondial. Or, un réseau pirate, connu sous le nom de beoutQ - qui détourne en la ridiculisant la marque beIN -, utilise un signal d'Arabsat pour retransmettre illégalement des programmes du groupe qatari. Ce phénomène a débuté en octobre 2017 et a pris de l'ampleur à travers toute la Péninsule arabique et le Maghreb. Des retransmissions illégales de beoutQ sont apparues au Maroc, en Jordanie, en Syrie, et il est probable qu'elles se propagent à l'Asie et au sud de l'Europe, ajoute le groupe qatari en s'inquiétant que ce piratage aille au-delà du sport et qu'il affecte d'autres programmes, y compris des séries TV et des films. [email protected]