Les Subsahariens veulent éviter la famine ou la misère Comme la Luftwaffe avait commis la boucherie de Guernica en 1937, les avions de l'Otan ont engendré le chaos libyen en 2011. Alors qu'il exposait ses oeuvres à Paris, un jour de 1944, le grand peintre espagnol, Pablo Picasso, reçoit dans sa galerie un officier allemand. Ce dernier resta figé devant le célèbre tableau Guernica. «C'est vous qui avez fait ça?», demanda l'officier terrifié par ce qu'il venait de voir. Picasso répondit: «Non, c'est vous!». Guernica est une des oeuvres les plus connues de Picasso à travers laquelle il dénonçait l'horrible bombardement de la ville espagnole de Guernica le 26 avril 1937 par les troupes allemandes nazies et fascistes italiennes. Bilan: plus de 1654 morts. Cette véritable évocation de l'horreur deviendra le symbole des cruautés guerrières. De Guernica en 1937 à Mare nostrum en 2018, on surfe toujours sur la vague des drames. Si Picasso a pointé du doigt les vrais auteurs du massacre de la ville espagnole, qui sont les responsables du drame méditerranéen? A l'Europe qui se déchire actuellement sur la question migratoire, un des plus grands fléaux depuis la Seconde Guerre mondiale, n'est-il pas nécessaire de rappeler cette glaçante vérité: la crise des migrants c'est vous! La Luftwaffe avait commis la boucherie de Guernica, les avions de l'Otan ont engendré le chaos libyen. «Le temps est venu pour se poser la question de fond: 'Qui est responsable de cette tragédie et de ce drame humanitaire?''», a déclaré Saïda Benhabilès, présidente du Croissant-Rouge algérien, réagissant aux dernières attaques des ONG à l'égard de l'Algérie concernant les migrants sahariens et subsahariens. Benhabilès a dénoncé à juste titre les responsables de cette situation qui n'ont jamais été inquiétés par ces mêmes ONG. A-t-on un jour reproché la responsabilité de ce chaos à Nicolas Sarkozy à Bernard-Henri Lévy et au Premier ministre britannique David Cameron? «Ce sont ceux qui étaient derrière l'intervention en Libye qui assument l'entière responsabilité de la crise humanitaire et le drame que vivent les migrants subsahariens et autres nationalités», a souligné la présidente du CRA estimant que «les ONG sont connues, elles obéissent à des desseins précis». Les avions de l'Otan qui ont violé une résolution de l'ONU et bombardé la Libye pour «stabiliser le territoire» ont engendré cette situation chaotique dans laquelle se trouve le pays. Les mêmes effets d'une migration impossible à maîtriser ont été produits par les ingérences occidentales en Afrique et en Orient. Pour empêcher complètement l'accès aux frontières, l'Union européenne se fait forteresse. Elle construit des murs, des barrières, des zones interdites et les Etats ouvrent des centres de détention, organisent les retours forcés, multiplient les expulsions. La machine médiatique mise en branle noie le vraie problème par des raccourcis. On parle de «migrations», de «flux migratoires», parfois on remplace ces expressions par «arrivées massives de migrants» pour tendre la perche aux extrêmes de tous bords qui parleront d' «invasion», de «clandestins», d'«illégaux» et «fraudeurs». On décrit les risques que courent de «pauvres migrants» qui s'entassent sur des embarcations de fortune et qui se lancent dans une mer dangereuse. On s'apitoie sur le sort des transhumants subsahariens traversant un âpre désert au risque de succomber de soif. Le tout est emballé dans des reportages servis, de préférence frais, aux lecteurs avides d'exotisme pour faire admettre l'idée que la migration est un choix individuel et non une décision subie par contrainte. Les causes et les conséquences du drame sont ainsi confondues, on fait oublier les dérives des politiques occidentales. Les Syriens fuient la guerre et les exactions des extrémistes de Daesh, les Irakiens craignent l'horreur des crimes de cette même organisation, les Subsahariens veulent éviter la famine ou la misère. Les Occidentaux se sont ingérés de force dans les affaires internes de ces pays, ils ont spolié leurs richesses, détruit leurs Etats et fait le lit des extrémismes violents. Ils veulent aujourd'hui se dédouaner des conséquences dramatiques de leurs actions. Non, la crise migratoire c'est VOUS!