Une date historique qui marque le combat de tout un peuple durant 132 ans pour se libérer des affres du colonialisme La foule ornait tout le long l'itinéraire de la parade dont le coup d'envoi a été donné à partir de la Maison du peuple. «Je me souviens comme si c'était hier, le 5 Juillet 1962, un moment indescriptible marqué par une ambiance de liesse et de joie, nous sommes montés sur des camions sans savoir où aller, l'essentiel était de défiler et de crier à haute voix notre soif de la liberté que nous avions arrachée au prix d'un million et demi de martyrs», témoigne, le moudjahid Hassen âgé de 79 ans. Malgré son âge et les rides qui creusent son visage, cet Algérois natif de Béjaïa garde ses souvenirs intacts. «Ce sont des moments mémorables car à l'époque j'avais 23 ans», nous dit-il sous un soleil de plomb. Rencontré jeudi à la Grande-Poste, ce septuagénaire est venu en compagnie de son petit- fils pour assister aux festivités, organisées par la wilaya d'Alger dans le cadre de la célébration du 56ème anniversaire de l'Indépendance. Une date historique qui marque le combat de tout un peuple durant 132 ans pour se libérer des affres du colonialisme. D'ailleurs, la génération qui a survécu à cette époque suivait l'événement avec émotion. «Personne ne pensait survivre à l'Algérie indépendante durant la guerre», témoigne Hadja Malika, une vieille habitant le quartier Lakibaâ dont les séquelles de la torture sont restées vivaces dans son esprit. Croisée au boulevard Amirouche, cette vieille dame, vêtue d'une «djellaba» n'a pas trouvé les mots pour exprimer la joie de ce jour de l'Indépendance. «J'avais à l'époque 18 ans, c'était la grande joie où toutes les barricades ont été enlevées pour célébrer l'indépendance», se souvient-elle en relevant que tout le peuple formait une seule famille, ce jour-là. Malgré la chaleur qui affichait un pic dès les premières heures de la matinée, les Algérois ont préféré sacrifier la grasse matinée pour assister au défilé qui a duré plus de deux heures. Ils étaient nombreux à faire le déplacement des différentes localités d'Alger et même des villes avoisinantes. Des vieux, des femmes, des jeunes et surtout des enfants sont venus en force pour voir de visu le défilé. D'importantes foules ont orné tout le long l'itinéraire de la parade dont le coup d'envoi a été donné de la Maison du peuple en passant par la place du 1er-Mai et la rue Hassiba Ben Bouali jusqu'à la rue Zighoud Youcef où une tribune d'honneur a été installée pour les officiels. Même les balcons des immeubles ont été pris d'assaut. Sur place, plusieurs ministres des secteurs de l'environnement, de l'habitat, de la santé, de la communication et des relations avec le Parlement, ainsi que le nouveau patron de la Dgsn, Mustapha El Habiri étaient aux côtés du wali d'Alger. «Je tenais vraiment à assister avec mes enfants de près à cette parade, que nous avons l'habitude de suivre à la télé», affirme Naïma, cadre dans une entreprise, venue de bonheur de Hadjout. «L'évènement vaut bien le déplacement. Comme il n'y a pas de circulation aujourd'hui et les enfants sont en vacances, alors ça nous fait une bonne sortie», murmure-t-elle, en profitant toutefois de prendre des photos pour ses enfants. Ce jeudi, Alger a rompu avec le bruit des automobilistes en se transformant en une scène pour caravane. Un mélange de folklore et de slogans Célébré sous le thème de «Le serment, la dignité et la fierté dans l'Algérie indépendante», le 56ème anniversaire de l'indépendance qui incarne également la fête de la Jeunesse a été marqué par diverses activités. Des associations de scouts, des clubs sportifs de différentes communes, des troupes folkloriques représentant les 48 wilayas du pays étaient de la partie. Un tableau apprécié par le public qui a eu droit à un voyage culturel à travers le pays. «Nous avons voulu représenter toutes les régions du pays pour mettre en valeur son patrimoine», a soutenu Abdelkrim Bettache, maire d'Alger-Centre qui s'est réjoui de la présence du public, malgré la canicule. Cet élu avance que 70% des participants à cette parade sont des jeunes, ce qui rassure sur leur attachement à l'histoire du pays. effectivement des jeunes filles vêtues de «hayek», des enfants et des jeunes en tenue militaire portant des drapeaux ont défilé dans des camions et des voitures de «collection» qui ne sont plus en circulation aujourd'hui en vue d'incarner quelques scènes de cette époque. «Tahia El Djazaïr, Tahia El Djazaïr», criaient les participants et des youyous fusaient de partout. Une scène qui nous renvoie à la bataille d'Alger. Le programme a mis en exergue le parcours de l'Algérie depuis l'indépendance à nos jours. Tout en respectant le côté festif, les organisateurs ont tenu à présenter une rétrospective sur les progrès réalisés depuis l'indépendance à nos jours. Différentes Entreprises nationales ont pris part à l'exposition, mettant en avant les défis relevés dans chaque secteur d'activité. La Sonatrach avec ses filiales, la Télévision algérienne, le transport, l'agriculture, les ressources en eau ont fait partie du défilé. La Protection civile, la Garde républicaine et la Sûreté nationale étaient aussi représentées. Parmi les slogans retenus celui du «vivre en paix et construire ensemble le pays». Un message qui invite la jeunesse à s'impliquer dans le développement du pays. La famille révolutionnaire ne cache pas ses inquiétudes par rapport au phénomène des harraga. «La jeunesse doit prendre en exemple le sacrifice des martyrs pour poursuivre la marche vers le progrès», affirme le moudjahid Hamali Mohamed qui a participé à la guerre de Libération nationale. Agé de 82 ans, ce vétéran souhaite que le sacrifice des martyrs soit préservé à l'avenir par la nouvelle génération. «Nous n'avons pas de pays de rechange» «Nous avons une responsabilité envers les jeunes, nous devons leur transmettre l'amour de la patrie», insiste-t-il, précisant toutefois: «nous n'avons pas un autre pays de rechange». Hadja Malika partage cette préoccupation. «Ça fait mal au coeur de voir nos enfants fuir ce pays», se plaint-elle. Dans son message adressé à l'occasion, le président de la République a invité directement la jeunesse à s'impliquer pour relever les défis. Amine, étudiant en architecture, venu assister à la parade, trouve cet appel motivant. Pour lui, l'idée de l'étranger ne lui traverse pas l'esprit pour le moment. «Si les portes s'ouvrent pour moi pourquoi partir ailleurs?», avoue-t-il avec un sourire. Beaucoup de jeunes diplômés aspirent décrocher une offre d'emploi pour pouvoir servir leur pays.