Le scandale de «Kamel El Bouchi» s'inscrit dans le registre du crime organisé En Algérie, les lois ont été adaptées, les organes créés et les services de sécurité instruits pour lutter sans merci contre le crime, le détournement, la corruption et le blanchiment d'argent. L'affaire de Kamel El Boucher qui a éclaté le 29 mai dernier, va continuer d'alimenter les discussions dans les cafés, les réseaux sociaux et tout autre espace public, pendant de longs mois encore si ce n'est des années. Ce qui est tout à fait normal, car il s'agit là de la plus grande cargaison de cocaïne jamais saisie en Algérie. 701 kilos de drogue dure dissimulés dans un container de viande congelée, ce n'est sûrement pas anodin! L'arrestation du présumé auteur principal de la tentative d'inondation du pays de cocaïne, Kamel Chikhi, le plus grand importateur de viandes congelées, présenté également comme un homme d'affaire «proche des décideurs», a participé à accroître la rumeur sur l'existence dans le pays, d'une organisation mafieuse qui aurait réussi à s'implanter à tous les niveaux. Justice, intérieur, corps de sécurité, la rumeur n'a épargné aucune institution. Des noms de hauts responsables, ceux de leurs progénitures ou de leurs proches collaborateurs ainsi que les noms de walis, de juges, de procureurs ou même de hauts cadres d'autres institutions, ont été mêlés, sans aucune preuve, à cette affaire qui a défrayé la chronique. L'effet d'une accusation portée par la vox populi, surtout à tort, est plus néfaste qu'une poursuite en justice dont l'issue est l'acquittement. Car, il est difficile pour une personnalité de convaincre tout un peuple de son innocence même si la justice la blanchit. Le doute persistera chez le citoyen algérien dont la confiance a été quelque peu ébranlée après la multitude d'affaires de corruption qu'il a eu à suivre, ces dernières années, sur les Unes des journaux. Dans l'affaire des 701 kg de cocaïne, la rumeur a été tellement puissante qu'elle a donné lieu à des démentis. Mais pas seulement. Des déclarations jugées «inopportunes» ont été faites en réplique à des fuites qui ont mis en cause plusieurs hautes personnalités. Des limogeages ont suivi. C'est dire le poids de la rumeur dans une société. C'est dire aussi l'effet de l'affaire El Bouchi sur la scène sociopolitique du pays. Un séisme d'une assez grande ampleur qui, certes est loin de faire tomber les fondements de l'Etat, mais l'a quand même bien secoué. Le timing choisi pour porter un changement à la tête de deux grandes institutions sécuritaires du pays, en l'occurrence la Sûreté et la Gendarmerie nationales, l'atteste. De même que le «remue-ménage» qui a eu lieu au sein d'institutions sensibles de la République. Cela suscite légitimement des interrogations. A quoi obéissent ces changements? Quelle lecture peut-on en faire autre que les considérer comme des retombées inéluctables de l'affaire de la cocaïne saisie à Oran? D'autres changements sont annoncés et la rumeur fait état de plusieurs «têtes» qui vont tomber. Sans fondement aucun et c'est le principe même de la rumeur. Et il est à se demander pourquoi autant de rumeurs sur cette affaire, même si elle devait être annonciatrice de l'existence d'une corruption importante? Avant même que les fuites ne soient sur la place publique, des noms ont été donnés en pâture. Il semble bien que le lien ne peut qu'être fait avec le contexte politique actuel. Même si l'affaire El Bouchi est une arme à double tranchant qui risque de non seulement couper la tête des membres d'une organisation mafieuse, mais aussi porter un coup de pied dans la fourmilière de hauts cadres, il n'empêche qu'elle va permettre et c'est le plus important, de lutter contre la corruption et l'impunité. C'est là un engagement pris par le président de la République depuis sa venue à la tête de l'Etat. D'ailleurs, en Algérie, les lois ont été adaptées, les organes créés et les services de sécurité instruits pour lutter sans merci contre le crime, le détournement, la corruption et le blanchiment d'argent. Et dans l'affaire de saisie des 701 kilos de cocaïne, il est autant question d'une affaire de trafic de stupéfiants que de blanchiment, corruption et malversations. En fait, ce n'est pas nouveau que de voir une interconnexion entre les différents crimes. Les cartels de drogues dans le monde entier et c'est connu, infiltrent l'économie et la sphère politique, contaminent les partis, la société civile, les administrations etc.... Il s'agit là, bien évidemment du crime organisé qui ne manque jamais de créer l'empire d'une criminalité en col blanc auquel il recourt pour blanchir l'argent de la drogue. Cela se fait, bien évidemment, grâce à l'établissement d'une connectivité, dans le monde des affaires, entre fortunes légales et pactoles criminels. Et à bien voir, le scandale de «Kamel El Bouchi» s'inscrit dans le registre du crime organisé. Il reflète l'image répandue de la pieuvre géante dont les tentacules s'étendent partout. Les services de sécurité de l'Etat qui ont réussi à porter un coup fatal à l'animal marin, ont la lourde tâche maintenant de lui couper ses appendices.