L'ENTV ne sert pas cette discipline en nous proposant un match en direct chaque jeudi après-midi. Parmi les sources de financement dont dispose la Fédération algérienne de football figurent les droits de retransmission par la télévision nationale des matches des championnats de la division 1 et de la division 2. En cela, l'ENTV cherche à contenter ses clients qui sont les téléspectateurs mais aussi certains annonceurs publicitaires. En plus de ce qu'il donne à la FAF, l'organisme de la télévision algérienne doit compter avec l'investissement qu'il consent pour téléviser le match, à savoir qu'il doit mobiliser un camion studio, des caméras et des dizaines de techniciens. Tout cela a un coût et il est certainement élevé. Un responsable de l'ENTV nous disait un jour qu'il revenait nettement moins cher de passer un match de coupe d'Europe sur le petit écran que d'aller téléviser un match de notre championnat. Sans oublier qu'entre ce que l'on voit en Europe et chez nous, on n'a pas l'impression d'assister au même sport. Jeudi dernier, l'ENTV a choisi de passer deux matches de notre division 1 en duplex sur le petit écran. On en a vu un en entier, à savoir ESS-CABBA. Quant au second, USMB-MCA, on a pu en voir une quarantaine de minutes. Dans un de nos précédents commentaires, nous écrivions que les matches du championnat algérien constituent un excellent soporifique pour celui qui veut faire une sieste un jeudi après-midi. Notre opinion n'a pas changé d'un iota après ce que nous avons vu jeudi dernier. Cependant, malgré la torture qui nous était imposée, nous avons tenu. Nous n'avons pas sombré dans le sommeil juste pour voir jusqu'où nos joueurs étaient capables d'aller dans la négation du football. ESS-CABBA s'est joué devant des tribunes combles. Normal, il s'agissait d'un derby mais le score, 0-0, en disait long sur le terrible spectacle qui s'était offert à nos yeux. Un CABBA, qui n'a pas eu besoin de trop se dépenser, a réussi à contenir une Entente amorphe à l'image de «son» Bourahli que la presse spécialisée algérienne se plaît à affubler du surnom de renard des surfaces. Bourahli est peut-être un renard mais un renard qui manque de flair. Autant dire que ce n'est plus un renard surtout pour un joueur qui rate des occasions que n'importe quel gamin d'un tout autre championnat de la planète sait exploiter. Bourahli n'est pas fort, il a simplement la chance d'évoluer dans un championnat tellement faible que ses carences, pourtant nombreuses, passent inaperçues. Pour ce qui est de l'autre match, il est heureux que l'ENTV ne l'ait pas retransmis en entier car ce fut un calvaire pour les téléspectateurs. Entre l'USMB et le MCA, ce ne fut que du pousse-ballon auquel on a eu droit. On se demande si lors de ce match on n'a pas battu un record du monde en matière de passes à l'adversaire. C'était bien simple, le ballon n'a peut-être jamais circulé entre trois joueurs d'une même équipe. D'un autre côté, il y a eu d'énormes erreurs techniques et un trop-plein de déchets de la part de tous les joueurs. Ajoutez à cela la tricherie dont les joueurs se servent avec abus. Dès que l'un d'eux était touché, il se mettait à se rouler à terre simulant une blessure alors qu'il n'avait rien. Cela juste pour attirer la compassion des gens sur lui et camoufler ses carences. Un Robert Nouzaret et un Paolo Rubym, les deux entraîneurs étrangers des deux clubs en présence ont bien compris qu'ils étaient embarqués dans une galère, appelés qu'ils sont à diriger des joueurs qui accusent un énorme retard dans leur formation de base. L'ENTV ne sert, donc, pas le football en nous proposant chaque jeudi après-midi de tels piètres spectacles. On peut même dire qu'elle jette de l'argent par les fenêtres car pour ce qu'ils montrent sur un terrain de football nos clubs devraient payer pour qu'on les voit jouer. Malgré cela ils ont l'audace de demander qu'on réévalue les droits de télévision. Remarquez qu'à défaut de concurrence, ils peuvent jouer aux grands enfants gâtés. Mais à force de tromper leur monde, ils finiront par le lasser. Alors gare au retour de bâton.