Le FMI et la Banque mondiale ont donné ce week-end leur accord pour l'effacement des dettes des pays les plus pauvres. Plusieurs mois de négociations ont été nécessaires pour que les organes financiers internationaux acceptent le principe d'annulation de la dette des pays les plus pauvres. Le principe d'annulation de la dette des pays pauvres très endettés (Ppte) a été proposé par le G7 lors de sa réunion en juin à Londres et adopté par le sommet du G8 en juillet dernier en Ecosse. Toutefois, il fallait encore en convaincre les organes financiers internationaux qui n'étaient pas prêts à renoncer à leurs avoirs sans compensation de la part des grandes puissances industrielles. Un accord sur les modalités d'annulation de cette dette a été trouvé ce week-end, ce qui a permis au Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM) d'adhérer à la démarche d'effacement des dettes des Ppte initiée par les Nations unies et le groupe de pays les plus riches (G8, Etats-Unis, Allemagne, Grande-Bretagne, France, Japon, Canada, Italie et Russie). Dans un premier temps, ce sont essentiellement des pays africains qui verront leurs dettes multilatérales de 40 milliards de dollars effacées. Vingt autres pays endettés (africains, latino-américains et les Caraïbes) verront, dans une seconde étape, leurs dus annulés. C'est en fait la première fois, depuis leur création il y a 60 ans, que les deux institutions financières mondiales se laissent aller à un tel geste, geste considéré comme «historique» par les analystes et observateurs. Se félicitant de cet aboutissement, le président de la Banque mondiale, l'ancien faucon de l'administration Bush, Paul Wolfowitz, s'exprimant devant la presse à Washington a indiqué en effet «le point culminant de ces réunions a été l'approbation historique de la proposition du G8 d'annuler à 100% la dette» des pays les plus pauvres après la réunion annuelle des 184 Etats membres de son institution. Se réjouissant de cette avancée, M.Wolfowitz dira: «Nous avons maintenant un accord du G184» rappelant au passage que cette décision d'annulation de 40 milliards de dette a été prise en juillet par le groupe des pays les plus riches. En donnant leur aval à l'initiative du G7 (plus la Russie) les 184 Etats membres du FMI et de la BM ont, en fait, réalisé une grande première mondiale. S'exprimant sur cet événement, le secrétaire américain au Trésor, (ministre des Finances) John Snow, qui s'est félicité de ce succès, a indiqué: «Nous nous attendons à ce que les conseils d'administration du FMI et de la Banque mondiale donnent rapidement leur dernier aval et passent à la mise en oeuvre de cette initiative.» Ne cachant pas sa satisfaction, M.Snow ajoute: «Lorsque nous avons proposé ce plan d'annulation à 100% de la dette, nous savions que la route serait longue pour atteindre cet objectif, mais c'est gratifiant de voir que notre persévérance et notre engagement ont payé». Les dettes annulées sont dues à la Banque mondiale, au FMI et à la BAD (Banque africain de développement) rappelle-t-on. A terme, ce seront 38 pays d'Afrique, d'Amérique latine et des Caraïbes, parmi les plus pauvres et les plus endettés, qui vont bénéficier de cette disposition découlant de l'initiative du G7. De fait, le soutien apporté par les deux institutions financières mondiales (BM et FMI) constitue en effet une grande percée dans la prise en charge des pays restés en marge du développement, d'une part, par l'allègement ou l'annulation de leur dette, une étape qui vient de se concrétiser, d'autre part, par une aide conséquente à ces pays pour qu'ils ne retombent pas dans les mêmes difficultés et errements. En fait, les pays appelés à bénéficier de cette disposition d'annulation de la dette vont devoir consentir de grands efforts pour mettre en oeuvre les réformes économiques, aujourd'hui incontournables, afin d'encourager les investissements privés, tout comme leur est posée la condition de consacrer les revenus ainsi dégagés à l'éducation et à la santé, domaines qui connaissent d'énormes retards, notamment en Afrique, de même que l'instauration de la bonne gouvernance. Autant dire que l'effort de la communauté internationale à aider les pays pauvres doit s'accompagner, de la part de ces derniers, d'un même effort de réforme en vue de (re)mettre ces pays sur le bon chemin du développement. Un enjeu certes difficile, mais que les pays pauvres se doivent de relever afin de sortir de l'ornière du sous-développement.