Le président Erdogan passe en revue la garde d'honneur D'abord, au plan économique, l'oeuvre à laquelle il attache une importance cruciale concerne les investissements en Afrique et principalement en Algérie, considérée comme la rampe de lancement de sa stratégie de pénétration dans le continent africain. Le président Recep Tayyip Erdogan a prêté serment hier pour un nouveau mandat de cinq ans, nanti cette fois de vastes pouvoirs à la tête d'une Turquie qu'il dirige depuis 2003. Il a été réélu confortablement le 24 juin dernier, avec 52,6% des voix et, à 64 ans, il a prêté serment devant le Parlement turc, dominé par le parti AKP islamo-conservateur dont il est le chef incontesté, promettant un exercice «impartial» durant la nouvelle mandature. Dès la fin de la cérémonie qui a eu lieu au palais présidentiel, il a été investi de ses nouvelles prérogatives découlant de la révision constitutionnelle par référendum en avril 2017. Cette révision entérine en effet le passage à un régime présidentiel qui prend place deux ans après une tentative de coup d'état fomenté par des militaires factieux en juillet 2016 et suivi d'une vague de purges jamais égalée affectant aussi bien les forces armées, la police que les administrations, avec l'arrestation ou le limogeage de dizaines de milliers de personnes. Sans doute aucune, le président Erdogan va poursuivre le cap en matière de politique étrangère et là, on pense qu'il va devoir parachever le travail sur les cinq défis majeurs auquel il est confronté. D'abord, au plan économique, l'oeuvre à laquelle il attache une importance cruciale concerne les investissements en Afrique et principalement en Algérie, considérée comme la rampe de lancement de sa stratégie de pénétration dans le continent africain. La présence des entreprises turques en Algérie a connu, ces dernières années, un regain appréciable et tout porte à croire que les efforts vont être poursuivis. Le second dossier a trait aux relations avec la Russie. Après une brouille profonde, le président Erdogan a réussi à amadouer son homologue russe, le président Vladimir Poutine. Partenaires dans le cadre du processus d'Astana, ils mènent un dialogue à bâtons rompus afin de préserver des intérêts économiques importants comme la construction du gigantesque gazoduc destiné à contourner l'Ukraine ou le tourisme. S'agissant des kurdes, l'entente est également avérée, même si Ankara souffle le chaud et le froid. Qui plus est, Erdogan a bénéficié d'un contrat des fameux S400 que la Russie n'accorde qu'avec parcimonie. Par contre, c'est avec les Etats-Unis qu'il a rencontré certaines difficultés. Le risque d'affrontement à Manbij, au nord de la Syrie, où l'armée turque combat les forces kurdes accusées de collusion avec le PKK, était pendant, du fait de la présence de 3000 soldats américains. Un accord a été trouvé qui permet d'éviter le conflit mais la situation des YPG-FDS n'en est pas pour autant clarifiée. En désaccord sur cette affaire comme sur le sort de Güllen, le prédicateur turc exilé aux Etats-Unis, la Turquie pourrait faire une concession après la livraison des F35 par Washington. Mais là où le bât blesse, c'est sûrement la Syrie voisine où Erdogan a constamment soutenu la rébellion islamiste, extrémiste même, refusant tout dialogue avec Damas jusqu'au débordement du conflit sur ses propres frontières, avec la menace des kurdes des YPG. Ankara qui intervient militairement en Syrie veut accélérer le retour des trois millions de Syriens présents en Turquie et cherche un accord avec le président Bachar al Assad. Convaincu par la Russie d'oublier le changement de régime en Syrie, le président Erdogan va devoir adapter son agenda à une nouvelle donne qui lui assure le contrôle des zones frontalières. Restent enfin les rapports tumultueux avec l'Union européenne, surtout depuis la tentative de putsch. Bruxelles accuse la Turquie de «dépassements» et d' «atteintes aux droits de l'Homme». Le pacte migratoire conclu en 2016 risque de voler en éclat, avec la montée en puissance des mouvements d'extrême droite qui dénoncent violemment cet accord et appellent à renvoyer les millions d'immigrants. Enfin, le président Erdogan s'est affirmé en 2017-2018 le champion incontesté de la cause palestinienne et des minorités musulmanes à travers le monde, profitant du vide laissé par un monde arabe en proie au chaos ou rivé sur des problèmes internes plus ou moins graves. Convoquant l'OCI pour l'affaire du transfert de l'ambassade US à El Qods et dénonçant vigoureusement les crimes de l'armée israélienne à El Qods occupé, il surfe avec aisance sur les affects des peuples turc et arabes, d'une part, et musulmans, d'autre part, avec le rêve d'incarner d'une certaine manière les ambitions des sultans de jadis. Ouyahia représente Bouteflika à la cérémonie d'investiture d'Erdogan Le Premier ministre Ahmed Ouyahia est arrivé, hier, à Ankara (Turquie) où il a représenté le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, à la cérémonie d'investiture du président turc, Recep Tayyip Erdogan. M. Ouyahia a été accueilli à son arrivée à l'aéroport international Esenboga, par le ministre turc de l'Economie, Nihat Zeybekci, ainsi que par l'ambassadeur d'Algérie en Turquie, Lahcen Boufares. Le Premier ministre a assisté, aux côtés de 22 chefs d'Etat, de 28 chefs de gouvernement et de Parlement, ainsi que de secrétaires généraux de six organisations internationales, à la cérémonie d'investiture du président Recep Tayyip Erdogan, au complexe présidentiel de la capitale Ankara.