A la veille des élections présidentielle et législatives qui vont se dérouler demain, voici les principales étapes des mandats de Recep Tayyip Erdogan en tant que Premier ministre puis président de la Turquie... En 2002, le Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste) cofondé par Recep Tayyip Erdogan, remporte une écrasante victoire aux législatives. En 2003, M. Erdogan est nommé Premier ministre. En 2005, les autorités obtiennent l'ouverture de négociations d'adhésion à l'Union Européenne. De 2002 à 2004, Ankara a adopté des réformes politiques et économiques, voté l'abolition de la peine de mort et autorisé la langue kurde à la télévision publique. Mais les négociations sont enlisées depuis des années. En août 2007, le Parlement élit président Abdullah Gül, premier responsable de la mouvance islamiste à accéder à la magistrature suprême dans la Turquie laïque fondée par Mustafa Kemal Atatürk. Le 31 mai 2013, les forces de l'ordre délogent à l'aide de canons à eau et de gaz lacrymogène plusieurs centaines de personnes campant près de la place Taksim d'Istanbul contre un projet d'aménagement urbain. Pendant trois semaines, quelque 2,5 millions de personnes manifestent pour exiger la démission de M. Erdogan, accusé de dérive autoritaire et de vouloir «islamiser» la société turque. Le 10 août 2014, M. Erdogan est élu chef de l'Etat dès le premier tour de la présidentielle, qui se déroule pour la première fois au suffrage universel direct. Aux législatives du 7 juin 2015, l'AKP arrive en tête, mais est pour la première fois privé de sa majorité absolue au Parlement. Le président Erdogan convoque de nouvelles élections le 1er novembre, remportées haut la main par l'AKP. En juillet 2015, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), classé organisation terroriste, et l'armée rompent un fragile cessez-le-feu et reprennent les hostilités (plus de 40.000 morts depuis 1984). Le pays va être visé par plusieurs attentats meurtriers, attribués ou revendiqués par la guérilla kurde ou le groupe Etat islamique (EI). Fin 2015, un rapprochement s'opère entre Ankara et l'UE, à la faveur de la crise des réfugiés qui fuient la Syrie, la Turquie occupant une position géographique clé. En mars 2016, Ankara et l'UE concluent un accord qui permettra de réduire considérablement les arrivées de migrants en Europe. Mais la grande majorité des Turcs ne se fait plus d'illusion quant à une hypothétique adhésion à l'UE, Bruxelles multipliant au fur et à mesure des échéances, les conditions drastiques et les reproches les plus aléatoires, des pays comme la France et quelques autres n'hésitant pas à agiter la muleta d'un peuple musulman insoluble dans l'identité judéo-chrétienne de l'Union. Dans la nuit du 15 au 16 juillet 2016, une tentative de coup d'Etat par une faction de l'armée fait 250 morts et bouleverse la situation politique en Turquie. Elle est imputée par Ankara au prédicateur Fethullah Gülen, installé aux Etats-Unis, qui nie toute implication. Des purges d'une ampleur inédite visent les partisans de Gülen, puis la mouvance prokurde et les médias. Plus de 140.000 personnes ont été limogées ou suspendues et plus de 50.000 arrêtées. Depuis le putsch manqué, de graves tensions opposent la Turquie à des pays européens, notamment l'Allemagne. Le 9 août 2016, M. Erdogan se réconcilie avec son homologue russe Vladimir Poutine, après une crise consécutive à la destruction d'un avion russe par la Turquie à la frontière syrienne fin 2015. Deux semaines plus tard, la Turquie déclenche une offensive terrestre dans le Nord syrien contre l'EI, mais aussi contre les Unités de protection du peuple (YPG). Cette milice kurde, alliée de Washington dans la lutte contre les jihadistes, est considérée par Ankara comme l'extension du PKK, bête noire du régime turc. Turquie et Russie vont s'impliquer, avec l'Iran, dans la recherche d'une trêve en Syrie, bien qu'Ankara appuie l'opposition au régime du président Bachar al-Assad. Le 16 avril 2017, M. Erdogan remporte une courte victoire au référendum sur une réforme constitutionnelle renforçant considérablement ses pouvoirs. Le 20 janvier 2018, la Turquie lance une offensive terrestre et aérienne contre les YPG dans la région syrienne d'Afrine. Le 18 mars, l'armée turque et ses supplétifs rebelles syriens prennent le contrôle de la ville après en avoir délogé la milice kurde. Début juin, c'est la mise en oeuvre d'un accord turco-américain sur la ville de Manbij.