Le Haut Commissariat à l'amazighité (HCA) a organisé, hier, un colloque à la Bibliothèque d'El-Hamma, dont le thème a porté sur un épisode particulier du mouvement national, à savoir la crise au sein du PPA en 1949 dite à tort «berbériste». En présence des représentants du Chef du gouvernement, de ministères, de la société civile et de la presse nationale, le colloque a été inauguré par le président du HCA, M.Idir Aït Amrane. «L'Histoire nous a appris que quand les humains obéissent à des intérêts étroits ou à des préjugés et se mettent à violer et forcer artificiellement les données naturelles ou souhaitables des évolutions sociales, les sociétés et leurs institutions en sont gravement punies», a-t-il dit. Devant un parterre où se côtoyaient une génération «avide et sevrée» de son Histoire, et les acteurs vivants de cette même histoire, se sont succédé les Harbi, Kaddache, M'hamed Yazid et d'autres personnalités. Sur l'historiographie du mouvement berbère, le professeur Harbi dira: «La colonisation n'a pas créé artificiellement les appartenances communautaires, mais elle les a ethnicisées en chaoui, kabyle, mozabite...». Pour le professeur, l'élite algérienne des années 30 a été segmentée en élite communautaires. Il cite l'exemple de Boulifa et Ben Badis. Le premier, dit-il, inscrit son identité et sa langue dans un cachet régional, le second, apeuré par une éventuelle dislocation de la langue arabe et de l'Islam, fait fi des autres constitutions identitaires. «Il faut faire la part des hommes et des idées. Si la revendication berbère a été perçue comme un fait kabyle, c'est pour la simple raison que c'est dans cette région qu'une élite s'est chargée de la cause», a précisé l'historien. Pour sortir de l'ornière du communautarisme, d'un nationalisme malmené de la perte des repères, Harbi propose: «Il faut réapprendre notre Histoire, sélectionner de nouveaux symboles et se débarrasser de l'Histoire officielle à multiples clivages, et revoir la conception de la religion.» Il termine: «Si on ne s'engage pas dans cette voie, on risque de voir l'Algérie se défaire avant de se faire». S'agissant de la crise elle-même (1949), M'hamed Yazid, qui est intervenu en tant que témoin, a indiqué: «La direction du PPA assaillie en 1949 par la revendication sociale et moderniste par les militants intellectuels, a trouvé la revendication amazighe comme bouée de sauvetage, et dire qu'il s'agit de diviseurs le même procédé a été utilisé bien plus tard - après l'indépendance». De son côté, Mahfoud Kaddache a mis l'accent sur les différentes étapes historiques et les conditions qui ont amené les Berbères à reléguer - ou être relégués - leur revendication au second plan. «La question dépend de l'Etat, elle est politique», a-t-il déclaré et d'ajouter: «Mais la reconnaissance dépend surtout de la production scientifique et culturelle et pédagogique.» Notons, enfin, que les travaux du colloque se sont poursuivis durant l'après-midi d'hier et prendront fin aujourd'hui.