Une photo avant le début des discussions à huis-clos Ils s'étaient entretenus, lors du sommet du G20 à Hambourg (Allemagne), en 2017, pendant plus de deux heures. Où va-t-il s'arrêter? Donald Trump a bousculé hier encore ses alliés européens, à l'occasion de la tenue du sommet de l'Alliance atlantique (Otan) après avoir estimé que sa rencontre avec Vladimir Poutine, la semaine prochaine, devrait être plus facile que cette réunion entre alliés à Bruxelles. «Il y a l'Otan, le Royaume-Uni (...) et il y a Poutine», a déclaré le président américain, à partir des jardins de la Maison- Blanche, avant d'embarquer pour une tournée européenne de plus d'une semaine. Et de conclure: «Franchement, Poutine pourrait être le plus facile de tous. Qui l'aurait pensé...» Le président américain doit, en effet, rencontrer, lundi prochain, à Helsinki, le président russe Vladimir Poutine, lors d'un sommet bilatéral historique, sanctionnant des discussions peu cordiales avec ses alliés de l'Otan, notamment la chancelière allemande Angela Merkel, et un voyage officiel au Royaume-Uni avec lequel il a ouvert, par avance, une polémique malencontreuse au sujet du Brexit, estimant que Londres traverse une période «quelque peu mouvementée». La pression exercée sur les pays européens membres du pacte atlantique qui ont tous accepté de fournir un effort concret pour lui donner satisfaction en ce qui concerne les 2% du PIB à consacrer aux efforts militaires de l'Alliance aura-t-elle suffi à rasséréner le président américain avant le second rendez-vous avec le maître du Kremlin? Ils s'étaient entretenus, lors du sommet du G20 à Hambourg (Allemagne), en 2017, pendant plus de deux heures. «Aujourd'hui, dans la capitale jordanienne, Amman, des experts russes, américains et jordaniens [...] se sont mis d'accord sur un mémorandum sur la création d'une zone de désescalade» dans les régions de Deraa, Qouneitra et Soueida, avait alors déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, juste après la rencontre à laquelle assistaient, outre deux interprètes, les chefs de la diplomatie russe et américaine, MM. Lavrov et Tillerson. Celui-ci avait commenté l'événement en affirmant que l'accord sur la zone de désescalade montre bien que «les Etats-Unis et la Russie sont capables de travailler ensemble en Syrie». Les observateurs avaient relevé à cette occasion le fait que cette rencontre Poutine - Trump semble s'être déroulée sous de bons augures. Rex Tillerson a même parlé d'«une alchimie positive» entre les chefs des deux superpuissances nucléaires. «C'est un honneur d'être avec vous», a déclaré, d'entrée de jeu, Donald Trump. «Je suis ravi de vous rencontrer», avait aussitôt rétorqué Vladimir Poutine. Plus tard, Rex Tillerson dira qu'«il y avait tant à discuter qu'aucun des deux ne voulait arrêter», ajoutant même qu'à un moment donné, l'épouse de Donald Trump, Melania, fut chargée par des conseillers de les pousser à clore leurs discussions, néanmoins prolongées d'une heure supplémentaire. «Manifestement, elle a échoué», a ajouté, un sourire en coin, Rex Tillerson. Tout ceci pour dire que le sommet de Helsinki pourrait représenter un tournant historique dans la gestion des affaires internationales, le président Trump dont on dit qu'il n'a guère d'expérience en matière de politique étrangère ayant beaucoup à débattre avec son homologue russe, en poste depuis les années 2000 et tout juste reconduit pour un quatrième mandat. L'un comme l'autre ont l'ambition identique de redonner à leur pays le rang de superpuissance dominante, mais les qualités de Poutine n'ont rien à voir avec celles de Trump. Celui-ci est un magnat de l'immobilier et l'autre s'est forgé à la dure discipline du KGB. Au moment où les sujets de friction entre les deux puissances ne manquent pas, à commencer par la présumée ingérence russe dans la campagne électorale américaine, en 2016, il semble que le terrain d'entente soit considérablement miné. Du moins, en apparence. Car, à Hambourg, les deux dirigeants ont convenu de poursuivre leur entretien. Déjà, quelques motifs de satisfaction sont à prendre en compte, comme la surprenante démarche de Kim Jong Un qui, contre toute attente, a ouvert le dialogue avec Washington. Trump avait beaucoup insisté pour cela, aussi bien auprès de Vladimir Poutine que du président chinois Xi Jinping. Et, soulignent encore les observateurs présents à cette première rencontre, les chuchotements du président américain à l'oreille de Poutine ont fait rire ce dernier, preuve qu'une complicité n'est pas à exclure entre les deux hommes, contrairement aux images et aux commentaires qui agitent les médias. Lors de son entrevue, vendredi prochain, à Londres, avec Theresa May, Première ministre britannique, nul doute que Donald Trump sera en train de ronger son frein en pensant au tête-à-tête de lundi qui représente, à ses yeux, un temps fort de son mandat et une occasion exceptionnelle de montrer aux Américains sa capacité à gérer les grands rendez-vous avec la superpuissance russe.