Le 26 juin, la justice marocaine avait condamné 53 activistes formant le noyau dur du mouvement de protestation appelé Hirak («mouvance») à des peines comprises entre un et 20 ans de prison. Le leader du mouvement Nasser Zefzafi et trois de ses compagnons avaient écopé de 20 ans pour «atteinte à la sécurité de l'Etat». Des milliers de personnes ont manifesté hier à Rabat pour dénoncer la condamnation des meneurs du mouvement de protestation «Hirak», qui avait agité la région du Rif (nord), en 2016 et 2017, comme l'ont constaté plusieurs médias internationaux. «Le peuple boycotte la justice», «liberté aux détenus» ou «non à la militarisation du Rif», ont notamment scandé les manifestants venus participer à cette «marche nationale» à l'appel du comité de soutien au Hirak. Sous l'oeil des forces de l'ordre, la foule a défilé de la place Bab el-Had, près de la médina, vers le Parlement, en brandissant des portraits des meneurs de la protestation dans le Rif. Certains ont affiché leur soutien à la cause amazighe, d'autres au Mouvement du 20-Février, né au Maroc dans le sillage du Printemps arabe en 2011. La présence du mouvement islamiste Al Adl Wal Ihsane (Justice et dignité), interdit mais toléré, était notable. Considéré comme le plus important mouvement islamiste du pays, le groupe est très actif dans les quartiers populaires et sur les réseaux sociaux. Le ministère de l'Intérieur n'a donné aucune estimation chiffrée sur le rassemblement, qui s'est déroulé sans incident. «Le mouvement Al Adl Wal Ihsane n'a réussi à mobiliser qu'entre 6000 et 8000 personnes», ont de leur côté déclaré les autorités locales. Quelques milliers de personnes -»quelques cenntaines» d'après les autorités locales- avaient déjà manifesté dimanche dernnier à Casablanca, la capitale économique du royaume. Le 26 juin, la justice marocaine avait condamné 53 activistes formant le noyau dur du mouvement de protestation appelé Hirak («mouvance») à des peines comprises entre un et 20 ans de prison. Le leader du mouvement Nasser Zefzafi et trois de ses compagnons avaient écopé de 20 ans pour «atteinte à la sécurité de l'Etat». Le journaliste Hamid el Mahdaoui avait, lui, été condamné à trois ans d'emprisonnement pour «non dénonciation d'une tentative de nuire à la sécurité intérieure de l'Etat», après sa couverture des événements. Tous les détenus ont décidé de faire appel du verdict, qui a suscité des réactions d'incompréhension et d'indignation dans le royaume. Les autorités marocaines ont assuré que le procès était équitable et mis en exergue l'avancement des chantiers de développement dans la région. La contestation dans le Rif avait été déclenchée par la mort d'un vendeur de poissons, broyé dans une benne à ordures en octobre 2016 alors qu'il s'opposait à la saisie de sa marchandise. Au fil des mois, la protestation a pris une tournure plus sociale et politique, pour appeler à davantage de développement et à la fin de la «marginalisation».