Les dirigeants sahraouis ont appelé les eurodéputés à rejeter un accord UE-Maroc qui inclurait les territoires du Sahara occidental. Le Parlement européen est mis face à ses responsabilités après avoir reçu de la part du Conseil des ministres de l'UE une «décision d'étendre au Sahara occidental ses préférences tarifaires prévues par l'Accord d'association avec le Maroc». Un texte qui va à l'encontre des arrêts rendus par la Cour de justice européenne. Que disaient-ils? «... Compte tenu du statut séparé et distinct garanti au territoire du Sahara occidental en vertu de la Charte des Nations unies et du principe d'autodétermination des peuples, il est exclu de considérer que l'expression «territoire du Royaume du Maroc'», qui définit le champ territorial des Accords d'association et de libéralisation, englobe le Sahara occidental et, partant, que ces accords sont applicables à ce territoire», avaient conclu, le 21 décembre 2016, les magistrats européens. Le jugement rendu par les juges de la Cour de l'UE avait mis l'accent sur le fait que l'UE et le Maroc ont décidé d'appliquer l'accord agricole, qu'ils ont conclu en 2012 au Sahara occidental sans qu'ils aient jugé utile de consulter son peuple. L'argument repose sur la légalité internationale. «Compte tenu de l'avis consultatif rendu par la Cour internationale de justice en 1975 au sujet du Sahara occidental à la demande de l'Assemblée générale des Nations unies, le peuple de ce territoire doit être regardé comme un tiers susceptible d'être affecté par la mise en oeuvre de l'accord de libéralisation», avait affirmé la Cjue. Une année plus tard, presque jour pour jour, elle tranchait à nouveau. Cette fois-ci concernant l'accord de pêche qui lie les deux parties. Il a été qualifié d' «invalide». «En concluant cet accord, l'Union a violé son obligation de respecter le droit du peuple du Sahara occidental à l'autodétermination, ainsi que de ne pas reconnaître une situation illicite découlant de sa violation et n'a pas mis en place les garanties nécessaires pour assurer que l'exploitation des ressources naturelles du Sahara occidental se fasse au bénéfice du peuple de ce territoire» avait écrit l'avocat général de la Cjue, Melchior Wathelet, dans ses conclusions rendues publiques le 10 janvier 2018. L'accord qui a expiré dimanche dernier aurait dû entraîner le départ des flottes de pêche européennes des eaux territoriales sahraouies. Coup de théâtre. Le Conseil des ministres de l'UE adopte un texte qui va à l'encontre des arrêts rendus par la Cour de justice européenne. Reste à le faire voter par le Parlement européen. Le Front Polisario a vivement condamné cet amendement incluant les eaux territoriales du Sahara occidental occupé militairement par le Maroc. Les premiers signes de cette entorse à l'arrêt de la Cour de justice européenne se sont manifestés le 16 avril dernier, lorsque les Etats membres de l'Union européenne avaient donné leur feu vert pour lancer de nouvelles négociations à propos de l'accord de pêche conclu avec le Maroc. L'UE avait pourtant tenté de rassurer l'opinion internationale en général et le peuple sahraoui en particulier. L'accord de pêche qui la lie au Maroc, qui doit être renégocié, «respectera scrupuleusement la décision de la Cour européenne de justice (Cjue) qui a conclu que l'accord en question ne s'applique pas aux eaux territoriales du Sahara occidental», avait déclaré, le 16 avril 2018 la ministre espagnole de l'Agriculture et de la Pêche, Isabel Garcia Tejerina lors de son arrivée à Bruxelles pour participer à une réunion avec ses homologues européens. L'UE a décidé de piétiner la justice. Elle sera de nouveau traînée à la barre. Le Front Polisario prend note de la décision prise, aujourd'hui (lundi Ndlr), par le Conseil de l'Union européenne de signer un amendement à l'accord d'association UE-Maroc, destiné à s'appliquer au territoire du Sahara occidental, et condamne fermement cette décision», a indiqué un communiqué du ministère sahraoui de l'Information sahraoui, qui promet «d'attaquer cette décision devant la Cjue». Les responsables sahraouis ont dénoncé une UE «qui tourne le dos à la justice pour protéger des intérêts politiques et financiers à court terme et entrave les efforts de paix» au Sahara occidental. Ils ont exhorté les eurodéputés «à assumer toutes leurs responsabilités et à rejeter cette proposition illégale». Oseront-ils? Il y va de leur crédibilité... La Russie soutient l'envoyé spécial de l'ONU La Russie plaide toujours pour la mise en oeuvre des décisions adoptées dans le cadre des Nations unies, a déclaré l'ambassadeur russe en Algérie Igor Beliaiev dans un entretien exclusif accordé à Sputnik. «La Fédération de Russie soutient les activités de la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental. Nous soutenons également le travail de l'envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara occidental, monsieur [Horst] Koehler, qui entreprend aujourd'hui des efforts dynamiques afin de relancer le dialogue entre le Maroc et le Front Polisario sur le règlement des problèmes du Sahara occidental», a fait savoir l'interlocuteur de l'agence.