La figue de Kabylie, longtemps appréciée, jusque sur les marchés européens, a su cependant garder la tête du peloton. La Kabylie s'apprête à vivre une saison à nulle autre pareille avec les figues sèches: tagara lekhrif ! Il fut un temps où la région exportait la figue taranimt et tameriout et des unités de conditionnement existaient à Tizi Ouzou. Puis durant la guerre de Libération, les choses changèrent. Les fellahs producteurs délaissèrent, sous la pression des évènements, les figueraies. L'indépendance venue, c'est l'exode rural qui a donné un coup fatal à la production. La figue de Kabylie, longtemps appréciée, jusque sur les marchés européens et ce, malgré la forte concurrence de la figue espagnole et celle de Smyrne, a su cependant garder la tête du peloton. La méthode de séchage était certes rudimentaire et les fellahs s'en tenaient à cette ancestrale recette malgré les efforts des moniteurs du paysannat de l'époque. Des claies en roseaux, un retournement quotidien des fruits et le tour est joué ! Une fois les fruits séchés, c'est le transport, après un premier tri, vers les unités de conditionnement. Aujourd'hui, les figuiers sont en majorité délaissés, rares sont les vergers qui sont entretenus, alors que depuis quelques années le prix du kg connaît une hausse spectaculaire allant jusqu'à 120 DA! Il faut dire que les tentatives de reprise des vergers s'amorcent mais restent encore bien timides. La Kabylie qui peut facilement reprendre son rôle de premier producteur de ce fruit et sa place dans les marchés européens grâce à la proximité, semble ne pas vouloir faire de pari sur la figue. Selon un jeune producteur rencontré à Tizi Ouzou, «les choses peuvent reprendre car le marché redevient attractif. Certes du travail existe pour, d'abord, reprendre les anciennes figueraies, ensuite poursuivre l'effort de replantation en respectant les méthodes modernes, c'est à ce prix et à ce prix seulement que la figue de Kabylie pourra reprendre sa place». Pour l'heure, la figue sèche se vend certes aussi bien dans les marchés que dans quelques épiceries mais il semble utile, sinon primordial, que reviennent en force les conditionneurs afin que le fruit entre en force sur le marché.