Organisée par l'association Tighilt Lemssela et le comité de village, en collaboration avec les autorités locales et de wilaya, la troisième édition de la Fête de la figue a pris fin mercredi 19 août au village Lemssela, dans la commune d'Illoula, Tizi Ouzou. L'ouverture solennelle s'est faite en présence des autorités locales et de wilaya. Une occasion pour les exposants, venus de divers horizons, de présenter leurs produits, huile d'olive, miel, poterie, vannerie…Une occasion également pour les villageois de Lemssela d'étaler diverses sortes de figues fraîches et dérivés de ce fruit comme la confiture de figue, du pain maison à la figue, des gâteaux à la figue. L'activité qui a duré trois jours avait drainé une foule de gens de plusieurs régions de Kabylie ainsi que de wilayas limitrophes. Ces moments furent des moments de resourcement, d'échange interculturel et de découverte d'autres activités agricoles comme l'élevage du lapin, l'apiculture, la fabrication de produits à base d'huile d'olive comme l'huile d'olive au gingembre ou l'huile d'olive à la truffe. D'une étendue de 5038 hectares, pour une population de 13 793 âmes, la commune d'Illoula est dotée d'une superficie agricole appréciable (SAT) pour une région de montagne. En matière de plantation arboricole, la commune réserve 553 hectares dont 311 pour l'olivier et 170 pour les diverses sortes de figuiers. Le cerisier occupe lui aussi une place estimable. Le figuier ou le Ficus Carica Le figuier, du nom scientifique ficus carica, aurait autrefois été cultivé par les Phéniciens, les Syriens, les Egyptiens et les Grecs, dans tout le Bassin méditerranéen. La figue reste un fruit très énergétique, riche en vitamines et en éléments minéraux. Elle peut être transformée de plusieurs manières, en confiture, en eau-de-vie, en sirop ou tout simplement conservée sous sa forme naturelle (figue sèche). Les feuilles du figuier peuvent être utilisées comme aliment de bétail, et la sève est généralement utilisée pour la coagulation du lait, une méthode pratiquée jusqu'à aujourd'hui par les paysans éleveurs de Kabylie dans la production de lait caillé.À Lemssela, des jeunes filles de l'association Tighilt ont réussi à réaliser des plats appétissants à base de figues. Un domaine gastronomique qui suscite des interrogations sur un éventuel épanouissement de cette activité, enrichissant la cuisine locale. Ce qui pourrait donner une nouvelle dimension à celle-ci : de la figue au chocolat, du couscous à la figue sèche, des brioches à la figue, pourquoi pas? L'on raconte qu'à Bani Maouche, dans la région de Béjaïa, lieu d'organisation de la fête annuelle de la figue sèche, l'exportation dans les années 1948-1949 se situait entre 234 et 392 quintaux. A l'époque, le marché était assuré par une entreprise familiale d'exportation dénommée Khlifatis et frères. Ce qui renseigne sur une conscience certaine en matière de commercialisation des produits locaux vers d'autres pays. En la circonstance, une conférence a été animée par l'anthropologue Sid Ahmed Yacine qui a déclaré que “la Kabylie est régie par une certaine symbolique, attirée par l'aspect esthétique de l'artisanat et autres activités.” Toutefois, pour le conférencier, il ne faut pas oublier le tourisme de montagne, en vert l'été et en blanc, couleur de la neige en hiver, ni le tourisme bleu, en ce qui concerne les régions côtières, dans le cadre du développement à encourager pour la sauvegarde également du patrimoine matériel et immatériel de nos villages, comme les habitations et le paysage. Il faudrait par conséquent s'intéresser à l'écotourisme qui demain pourrait aider sûrement au développement économique de nos cités. Faut-il le rappeler, Lemssela a engagé des démarches pour la restauration des habitations anciennes, souhaitant, par ce projet, créer un village touristique.Toutefois, il reste des réalisations à faire comme la réparation de la piste agricole actuellement dans un état lamentable, l'alimentation de la maison de jeunes en électricité, le renforcement du réseau AEP ou la réhabilitation de certains sites spécifiques à la région. “Penser globalement et agir localement” Tel est le slogan de l'association Tighilt qui affiche une réelle volonté de sauvegarder et de protéger la figue. “Elle nous a nourri en temps de guerre” confie un vieux du village souhaitant ainsi exprimer son attachement à ce fruit. Symbole du temps, de tous les temps, les villageois de Lemssela ont ainsi érigé un monument à l'effigie de ce fruit, une main qui tient une figue. L'œuvre faite par cheikh Billal, un jeune artiste de la région de Bouzeguène, est situé juste à l'entrée du village. Elle rappelle et interpelle le visiteur sur l'importance que représente le figuier dans la société kabyle. Toutefois, cet arbre fruitier demeure menacé par des maladies comme le céroplaste-rusci et par le pourridié, causé par des champignons. On relève aussi les méfaits des larves ravageuses qui s'attaquent aux feuilles, causant un disfonctionnement au moment de la photosynthèse. Toutes ces problématiques sont à prendre effectivement en charge avec des moyens modernes et une formation appropriée. En tout état de cause, la Fête de la figue, cette année à Lemssela, fut une réussite. Cependant, il faudrait bien penser à la manière d'exploiter économiquement tout ce potentiel agricole et arboricole.