La figue sèche qui fut un certain temps une industrie à Tizi Ouzou, a marqué depuis la révolution une régression certaine. Il fut un temps dans les années cinquante où les ateliers de conditionnement fonctionnaient à plein régime à Tizi Ouzou. La figue de la variété Amraoua par exemple, conditionnée par les établissements Bouzar ou encore Boudjemaï au nom prestigieux de Figues Fariza, se vendaient sur les marchés d'Europe et les fellahs savaient avant même les récoltes que leurs produits trouveraient preneurs aussi bien dans les points de vente et de collecte des établissements de conditionnement que sur les marchés. Mais alors les figuiers étaient amoureusement entretenus et les fellahs veillaient scrupuleusement à mettre sur le marché des figues triées et traitées. Alors, à pareille époque et après la pose des chapelets de caprifigues ou dokkars, c'est toute la préparation des aires de séchage et du matériel de séchage qui prend le temps des fellahs. Les claies en roseaux sont prêtes depuis l'hiver et les aires à battre transformées en aires de séchage. Souvent, les fellahs aidés par les anciens moniteurs du paysannat, encore un cadre qui a disparu et qui, pourtant, a rendu de significatifs services, donc ces fellahs apportaient une touche de modernisation aux pratiques du séchage. Aujourd'hui, les figuiers, généralement réduits à des arbustes malades, chétifs, peu ou pas soignés, produisent à peine des figues fraîches pour les familles. Approchés, des fellahs expliquent ce phénomène: «Il faut dire que ce n'est pas une démission des fellahs mais les difficultés de la vie qui ont fait cela ! Ainsi, auparavant dans chaque village, les gens avaient au moins une à deux paires de boeufs qui labouraient ces champs en pente qu'aucun tracteur ne saurait atteindre, mais les temps sont si durs que rares sont les familles qui ont fait la paire de boeufs ! Aussi, on est obligés de travailler, si on le peut physiquement, les champs de figuiers avec les outils du jardinage, ce qui n'est guère évident ! De là découlent tous les problèmes ; comme il faut ajouter que les vieux sont sans force physique et les jeunes gens ne sont pas attirés par le travail de la terre qui, en réalité, ne nourrit pas son homme!» Sur le marché, la figue sèche atteint des prix quasi prohibitifs pour le citoyen moyen , vendu sous sachet de cellophane à raison de 100DA le sachet d'environ 500 grammes, soit environ 200DA le kilogramme. La figue sèche, hier complément nutritif appréciable, est devenue un simple dessert. Seule une politique adéquate faite d'intéressement à la culture, à l'entretien et à l'essor des figuiers peut faire revenir cette activités pourvoyeuse d'emplois en Kabylie.