Au chef-lieu de wilaya, dès les premières heures de la journée, les citoyens vaquaient normalement à leurs occupations. Attendue comme une journée test pour la classe politique mais aussi comme un indice de retour à la normale, la journée de jeudi, jour du référendum sur la charte pour la paix et la réconciliation nationale, a été encore une fois un cauchemar pour bien des citoyens de la wilaya de Béjaïa, du moins ceux qui espéraient une évolution positive dans les comportements. Sur les 418.976 électeurs inscrits, seuls environ 55.000, soit 11,67% des électeurs ont pu s'exprimer à Béjaïa. Un chiffre en baisse comparé au scrutin précédent notamment celui de la présidentielle d'avril 2004 qui était de l'ordre de 16%. Les taux de participation les plus élevés sont à mettre sur le compte des communes de Kherrata et Draâ El-Gaïd avec respectivement 37 et 35%. Sur les presque 12% d'expressions, 83% ont dit oui à la charte et13% se sont opposés. Dans certaines localités, on n'a enregistré que quelques dizaines de votants pendant qu'à El- Kseur, Amizour, Tifrit (Akbou) et Souk Oufella, une partie des urnes ont été saccagées par des groupes de jeunes. Un geste inexpliqué cette fois-ci puisque aucun appel n'a été émis dans le sens de l'empêchement du scrutin, à moins qu'il ne s'agisse d'une habitude devenue une nature chez quelques uns après trois expériences du même genre. Pourtant, le jeudi matin, tout allait normalement, les bureaux de vote avaient ouvert leurs portes aux électeurs et aucun indice n'indiquait un quelconque renversement de la situation à l'exception d'un mouvement d'agitation à la sortie ouest de la ville de Talkeriet où des jeunes ont barricadé la R N 26 avec des vieux pneus enflammés. Mais cet incident ne touchait pas véritablement les centres de vote. Il est vrai que durant les premières heures, rares étaient les citoyens qui se rendaient aux urnes. Une chose tout à fait naturelle si l'on considère les appels au boycott et la grève décrétée par le mouvement citoyen des archs, dont les deux tendances se rejoignent à l'occasion pour le même mot d'ordre. A noter aussi la sortie du président de la République à quelques jours du scrutin qui a manifestement aidé à fausser les calculs. Mais c'est à partir de 10 heures que la situation allait se gâter. Les mauvaises nouvelles, semblables à celles vécues par le passé, fusaient alors de partout, d'abord sous forme d'intox annonçant des mouvements de violence dans diverses localités. Puis une fois les vérifications faites, on s'est rendu compte des mauvaises tournures dans quelques localités. Au total ce sont quelque 14 communes qui ont vu le scrutin perturbé en partie. Au chef-lieu de wilaya, dès les premières heures de la journée les citoyens vaquaient normalement à leurs occupations. Les commerces étaient ouverts alors que les cafés et marchés étaient bondés. Un jour ordinaire qui n'en est pas un car la tristesse et la mine défaite des citoyens renseignaient largement sur un état d'esprit peu ordinaire chez les Bedjaouis. Les plus engagés passaient à l'acte sans hésiter comme pour donner l'exemple aux autres électeurs. Au centre d'lbn-Rochd, seuls une trentaine d'électeurs s'était présentée dans les quatre bureaux pourvus. Mais les plus optimistes, tablaient sur un engouement à partir du début de l'après-midi. Un encadreur nous expliquait ce geste, habituel, des citadins à voter une fois les courses et les affaires personnelles accomplies. Ce qui se vérifiera d'ailleurs après, mais pas dans l'engouement attendu. Il faut dire qu'à Béjaïa-ville c'est plutôt la division des rangs des acteurs politiques qu'a influé sur le cours du scrutin, comme l'expliquait justement un citoyen qui refusait de voter. «J'ignore tout car je refuse d'appartenir à quiconque». L'acte de vote a incontestablement perdu toute sa signification chez les citoyens. Il y eut certes une faible participation mais point de violence comme ce fut le cas dans certaines localités, dont la réputation est connue en la matière et où des urnes furent saccagées dès le début du jour au su et au vu de tout le monde. Les services de sécurité regardaient sans broncher, obéissant sans doute à des instructions fermes allant dans ce sens. C'est là une journée de vote à Béjaïa. La population a, en observant son repli, voulu lancer un message principalement aux acteurs politiques pour leur signifier son mécontentement quant à l'évolution de la situation. Les divisions qui minent ceux qui sont censés être aux commandes n'est manifestement pas du goût des gens. Ils l'ont fait savoir ce jeudi avec l'espoir que tout un chacun comprenne pour que les partielles ne soient pas un autre acte de rejet et surtout de désapprobation de la classe politique.