L'un a vaincu le handicap, les autres ont été terrassés par la mort. Entre les uns et les autres, il y a ceux qui ont obéi à la destinée du baccalauréat. Ecrire avec le pied n'est pas une tâche facile pour le commun des humains, mais Chouaïb en a fait un moyen pour vaincre son handicap. Amputé des deux bras, Ali Chouaïb a défié cette incapacité en décrochant son bac avec une moyenne de plus de 11/20. Suivant sa cursus scolarité en classe normale, Chouaïb n'a jamais été considéré comme étant une personne aux besoins spécifiques, notamment au sein de son établissement scolaire où toute l'attention lui a été apportée. L'ex candidat à l'examen et désormais admis au bac a non seulement défié son handicap, mais aussi sa situation sociale dégradée, se faisant ainsi la fierté de Laghssoul, dans la wilaya d'El Bayadh. Autres cas, autres lieux où la joie de la réussite n'a pas eu le même goût. Tels les cas respectifs de Farès Hadj Ahmed, mort par noyade à Mostaganem et Abdallah El Aïfa, de Tébessa, décédé suite à un accident de la route ainsi que Drarja de la wilaya d'El Tarf, victime d'une électrocution. Partis plus tôt que prévu, les trois admis à l'examen du bac ont été vaincus par la mort, mettant fin à la joie d'une réussite qu'ils n'ont pu vivre avec leurs familles. Les trois défunts ont décroché leur bac, avec respectivement des moyennes de 11,23/20, 6/20 et 10,62/20. Mais si ces trois élèves sont partis malgré eux, d'autres ont opté pour un départ volontaire, après avoir échoué au bac. Si pour beaucoup cet examen reste, en cas d'échec, une expérience à refaire, pour d'autres la conception de la chose est toute autre. Un état d'esprit témoignant des sept cas de suicide et trois fugues enregistrés, à l'est du pays, après l'annonce des résultats du bac. Entre des veines coupées, l'absorption de médicaments, les urgences des hôpitaux n'ont pas chômé. A Skikda, une recalée au bac a avalé les médicaments de sa mère, pendant que deux autres ont tenté de se défénestrer de leurs appartements parentaux. Dans la même wilaya, une autre élève a tenté de se couper les veines de ses deux mains, entre autres. Dans la wilaya de Guelma, il est fait état de plus de 20 cas de pertes de connaissance et d'hystérie, nécessitant des évacuations aux urgences. Au centre du pays, à Bouira notamment, 30 recalées parmi la gent féminine, sous le choc de l'échec, ont perdu connaissance et ont été évacuées à l'hôpital. Pour la wilaya de M'sila, le stress de l'attente des résultats a occasionné un état dépressif pour plus de huit candidates, qui ont été hospitalisées en urgence avant même l'annonce des résultats. Le cas n'a pas été le même à Batna, où 15 d'entre les admis au bac, sous la pression de l'attente, ont vu leurs nerfs lâcher et ont été transférés aux urgences de l'hôpital de la même ville. Mais si l'échec au bac est tombé comme la foudre pour les uns, il a été fatidique pour d'autres. La célébration de la réussite a vite tourné au drame, de par les accidents de la route. Les cortèges interminables et l'excès de vitesse, cette nouvelle forme de célébration d'événements, est le plus souvent meurtrière. L'ivresse de la joie de la réussite a toujours été meurtrière, en témoigne le dérapage d'une voiture à Batna, occasionnant le décès d'un jeune et la blessure de deux autres. Autres lieux, même constat, avec un peu moins de drames, où, à M'sila, un véhicule fonce droit sur un camion, résultat inévitable: deux blessés, sans trop de gravité. A Annaba, la situation a été toute autre. Bien que chagrinés, les recalés au bac ont été plus sages, car selon certains, échouer au bac n'est pas la fin de la vie. Cette dernière mérite d'être vécue, pour plus de volonté à refaire cet examen, devenu depuis quelques années'' meurtrier '.