Fait unique dans l'histoire des résultats du bac : déclarés lauréats via le service de consultation à distance de Mobilis (résultats par sms), beaucoup de candidats n'ont pas été admis à l'examen. Ils ont appris la mauvaise nouvelle en consultant les résultats affichés dans leurs établissements. Admis par SMS mais recalés à l'affichage, c'est la situation dramatique qu'ont vécus plusieurs candidats au bac 2010. «Ma fille qui passe son bac pour la troisième fois a appris, en consultant le service Mobilis, qu'elle a été admise. Le lendemain, sur les listes d'affichage du lycée, elle n'a pas retrouvé son nom. Comprenant qu'elle est ajournée, elle a été prise d'un malaise puis transférée vers les urgences médicales», nous a indiqué la mère de la candidate malheureuse. Elle ajoute : «Toute la famille était contente de la réussite de notre fille ; nous avons appelé tout le monde, voisins, proches et amis. Mais la joie a été de courte durée, c'est une honte.» Un fait inédit dans les annales du secteur de l'éducation en Algérie, une erreur «impardonnable», selon les parents d'élèves que nous avons rencontrés hier dans l'enceinte du lycée Bouamama (ex-Descartes) à Alger avant de les accompagner dans une marche improvisée vers le siège du ministère. A l'entrée du ministère, les services de sécurité ont déjà quadrillé les accès avant qu'un fonctionnaire du ministère vienne rencontrer les parents et quelques candidats recalés. «Nous n'avons rien à voir dans cette histoire, je vous conseille de voir avec l'opérateur Mobilis», déclare-t-il à la foule. La réponse des parents d'élèves laisse le responsable sans voix : «Nous avons contacté les responsables de l'opérateur, nous avons été reçus hier même et ces derniers sont formels : nous n'avons mis en ligne que le contenu du CD remis le 5 juillet par l'Office des examens et concours, l'erreur vient donc de l'Onec.» Les parents ont exigé de voir le ministre pour des explications. L'un des présents a appelé une relation qui travaille à l'Onec. Cette dernière lui confirme : «Mobilis n'a rien à voir, l'erreur vient de nous, c'est-à-dire de l'Office des examens et concours.» «C'est pas nous, c'est Mobilis» Nous avons tenté de prendre attache avec le ministère, en vain. Le mépris des services de sécurité a atteint des proportions alarmantes, les quelques journalistes qui étaient sur place ont été malmenés par les gardes de Benbouzid. Le ministère nie toute implication dans ces faux résultats, il renvoie la balle à l'opérateur téléphonique, à l'exemple de ce directeur central qui affirme : «Ni le ministère de l'Education ni l'Office des examens et concours n'ont commis d'erreur, mais c'est l'opérateur qui s'est trompé de noms.» Impardonnable ! Un parent d'élève nous indique qu'il est convaincu que l'erreur a été commise au niveau de l'Office des examens et concours. «Un numéro d'identification a été donné à chaque candidat, ledit numéro suit le candidat durant les différentes étapes, à savoir du jour de l'examen jusqu'à l'affichage des résultats. J'ajoute que l'opérateur a travaillé sur la base d'identifiant, à moins que le numéro n'ait été changé pour les résultats.» Il considère que «la chose n'est pas impossible dans ce ministère». Les cas cités au lycée Bouamama ne sont pas les seuls puisque des parents d'élèves nous ont confié que la même erreur a été commise dans d'autres wilayas. «On ne sait si c'est une erreur», commente une candidate recalée. En tout état de cause, les parents d'élèves ne comptent pas se taire, ils promettent de dénoncer cet abus qui a «endeuillé des familles entières», pour reprendre les propos d'une mère.