Le football africain fait son autocritique post-Mondial Quelques jours après la fin de la Coupe du monde, l'heure est au bilan pour le football africain. «Il faut mettre en place des programmes réels de formation et de gouvernance pour atteindre le niveau mondial», ont souligné les participants à une Conférence de la Confédération africaine de football (CAF), tenue samedi à Rabat, pour évaluer la participation des pays du continent au Mondial Russie-2018 de football et tenter d'expliquer les raisons de l'élimination des cinq pays africains (Maroc - Tunisie - Egypte - Nigeria - Sénégal) dès le premier tour. «Si on prend en compte qu'il s'agit d'un échec, il faut assumer», a déclaré à cette occasion le président de la CAF, Ahmad Ahmad, soulignant la nécessité de faire une analyse minutieuse, pour avoir des constats et chercher avec les parties prenantes des potentielles solutions. Ahmad Ahmad ne s'est pas arrêté là, mettant l'accent sur l'impératif de voir le format des qualifications, mais avant tout, le football de jeunes (U20 et U23) et les programmes de formation. «Les équipes européennes ont bien réussi ce Mondial parce qu'elles mettent en place des programmes cohérents de formation», constate-t-il, notant que l'exemple concret de l'efficacité de cette stratégie est la France. «La France est championne du monde par la formation! Ils ont produit beaucoup de talents, devenus aujourd'hui toutes des stars mondiales», a-t-il enchaîné. La CAF est toujours prête à mettre en oeuvre les suggestions et les propositions émanant des techniciens et spécialistes pour revaloriser le travail, a-t-il poursuivi. De son côté, le président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), Fouzi Lekjaâ, a indiqué que ce genre de conférences est l'occasion de réfléchir sur les mesures à prendre pour développer le football africain et permettre aux pays du continent de rivaliser l'ascension du football mondial. «Il faut faire en sorte de rattraper des décalages qui aujourd'hui deviennent de plus en plus des réalités, que ce soit au niveau de la pratique, de la formation et de la gouvernance de football», a-t-il insisté. «A part quelques initiatives individuelles, les conditions de pratique ne répondent pas aux normes», a-t-il regretté, déplorant le fait de ne pas avoir des processus professionnels pour la formation des jeunes. Ceci étant, «la gouvernance de notre football nous interpelle et nous interpellera durant les prochaines années pour mettre en place des mesures concrètes au niveau de la formation, des infrastructures et permettre à notre football d'aller rivaliser les grandes nations du football mondial», a lancé Faouzi Lekjaâ, également membre du bureau exécutif de la CAF. Il s'est ensuite attardé sur la question de l'arbitrage, relevant que les nouvelles technologies, en l'occurrence la VAR, doivent être discutées avec des «interpellations philosophiques et civilisationnelles pour qu'elles assument leur rôle principal, celui d'être un instrument assurant l'impartialité sur les pelouses et faire régner la justice footballistique». La VAR a, en effet, été largement décriée par le public marocain et les joueurs, ces derniers ayant jugé que cette pratique discriminait les petites équipes au profit des grandes nations du foot. La conférence de la CAF organisée à Rabat s'est étalée sur deux jours, samedi et dimanche. Y ont pris part des légendes du football, dont Aliou Cissé, ancien joueur et actuel sélectionneur du Sénégal, le Camerounais Patrick Mboma ou encore son compatriote Geremi Njitap.