C'est un Baaziz en pleine forme et revigoré qui a retrouvé ses fans dans la wilaya de Tizi Ouzou mardi dernier, après une absence de 25 ans de la scène locale. Le rendez-vous a été donné à 19 heures au niveau de la grande salle de spectacle du théâtre régional Kateb-Yacine de la ville des Genêts. Pour rappel, le concert de Baaziz ainsi que tant d'autres prévus dans la wilaya de Tizi Ouzou, ces jours-ci, est organisé sous le haut patronage du président de la République, Abdelaziz Boutefika, et sous l'égide du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales ainsi que du ministère de la Culture, par l'Office national des droits d'auteur et droits voisins. Les centaines de fans de Baaziz, dont plusieurs familles, mais surtout des jeunes, ont commencé à affluer vers la salle du théâtre régional peu avant 18 heures. Une organisation impeccable a été constatée sur place avec une présence remarquable des services de sécurité et de ceux de la Protection civile. La directrice de la culture, Nabila Goumeziane ainsi que le directeur du théâtre régional Kateb-Yacine étaient sur place et veillaient au grain pour que le spectacle se déroule dans de meilleures conditions. Ce qui fut d'ailleurs le cas. Baaziz fait son entrée sur scène sous un tonnerre d'applaudissements à 19h 30 min. Avec son esprit jovial et gai, Baaziz salue le public et demande des youyous aux femmes présentes dans la salle. Ces dernières ne se sont pas fait prier puisque des youyous stridents ont suivi juste après. Une ambiance très conviviale a régné tout au long de ce spectacle entrecoupé de courts commentaires et d'anecdotes que ne cessait de servir Baaziz pour détendre l'atmosphère. Baaziz a aussi fait usage de son grand sens de l'humour plus d'une fois. Il s'est avéré donc être un humoriste remarquable en plus de son talent d'artiste. Baaziz a lancé d'emblée qu'il allait entamer son spectacle avec une nouvelle chanson qu'il vient juste d'écrire et de composer suite aux multiples attaques dont il fut la cible depuis quelque temps. «Win kountou?» est le titre de cette nouvelle chanson à l'endroit des internautes qui accusent Baaziz d'avoir renié ses principes et son combat mené à travers ses anciennes chansons engagées. Ainsi, à ceux qui l'accusent d'avoir retourné sa veste, Baaziz réplique qu'il n'en est rien. Baaziz, dans cette chanson, demande à ceux «qui militent confortablement sur facebook, où est-ce qu'ils étaient quand l'Algérie était à feu et à sang, durant les années quatre-vingt dix?». Une fois cette mise au point faite, Baaziz enclenche en interprétant ses chansons les plus célèbres et les plus appréciées par le public avec l'accompagnement d'un orchestre professionnel admirable où le violon, la percussion, le piano, la guitare se côtoyaient harmonieusement et merveilleusement. Et le public n'a pas cessé d'être en communion avec lui. La majorité des spectateurs connaissait par coeur les chansons et n'hésitait pas à accompagner Baaziz lors de son récital. Baaziz a ainsi interprété des chansons telles que: «Je m'en fous», «Bandia», «Algérie mon amour», «Nechrilek el maruti», «Bladi y a bladi», «Eli fi qelbi nqoulou», etc... Baaziz a aussi interprété une chanson en hommage à Matoub Lounès à la demande persistante et pressante du public. «Ils ont tué notre frère Matoub, mais ils ne prendront pas l'Algérie», a chanté entre autres Baaziz. Ce dernier a expliqué entre deux chansons: «Tout ce que je chante depuis le début de ma carrière et tout ce que je dis, je le fais pour l'Algérie, notre Algérie que nous aimons tous.» Baaziz a aussi chanté deux chansons un peu particulières. L'une est dédiée à son père: «C'est lui qui m'a inculqué l'amour de la musique et plus particulièrement le chaâbi.» La seconde chanson, a expliqué encore Baaziz, est dédiée à sa mère, une femme d'une naïveté inouïe. Contrairement à ce à quoi l'on pouvait s'attendre, il ne s'agit pas d'une chanson mélancolique comme certains artistes nous ont habitué en évoquant la mère mais c'est plutôt tout le contraire. Avec un sens de l'humour décapant, Baaziz décrit une mère dont la naïveté est étonnante. Baaziz a aussi interprété quelques morceaux chaâbis à sa manière bien sûr mais aussi une chanson en kabyle: «Yelsad thachathith», sans doute en guise de clin d'oeil à la région. C'est alors que plusieurs jeunes, restés jusque-là «calmes» et attentifs, se sont mis à danser avec fougue. La salle s'est enflammée mais juste brièvement car Baaziz reprend vite langue avec son style où la danse semble très souvent inappropriée. Le spectacle de Baaziz a été un vrai régal surtout qu'à Tizi Ouzou, les mélomanes ne sont pas habitués à ce genre et style musicaux. La caravane artistique en question se poursuivra, pour rappel, dans la wilaya de Tizi Ouzou. Aujourd'hui d'ailleurs, le théâtre régional «Kateb-Yacine» abritera à partir de 17 heures un spectacle de chants et de danses fusion de la musique algérienne et espagnole animé par le groupe «Alegria Andaluza». Quant au célèbre chanteur chaâbi, Abdelkader Chaou, il sera au rendez-vous le 28 juillet prochain au port d'Azeffoun dans le cadre de la même caravane artistique.