le ministre de l'Energie Le ministre de l'Energie, qui reconnaît le retard accumulé, estime toutefois que l'Algérie est sur la bonne voie pour atteindre l'objectif tracé par le chef de l'Etat, qui est de 22 000 MW d'énergie renouvelable à l'horizon 2030. Un voeu pieux ou une vraie stratégie? «On commencera par 100 MW!». C'est avec cette phrase qui a laissé dubitatif plus d'un que le ministre de l'Energie, Mustapha Guitouni, a lancé le Forum national de préparation du lancement d'un appel d'offres national de développement des énergies renouvelables par voie de mise aux enchères. Le scepticisme des présents à cet événement qui s'est tenu, hier à l'hôtel El Aurassi d'Alger, s'explique par le retard de plus de trois ans qu'a pris cet appel d'offres, mais surtout par la réduction significative de la taille des projets concernés. En l'espace d'une année, on est passé de 4025 MW à 1300 MW avant de finir par un petit projet de 100 mégawatts. Un aveu d'échec qui remet en cause l'ambitieux projet des 22.000 MW à l'horizon 2030? «L'essentiel est de commencer...», réplique le ministre de l'Energie non sans assurer que l'Algérie sera au rendez-vous de 2030. «Il n'y a ni manque d'ambition ni remise en cause du plan de développement des énergies renouvelables que le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, a érigé en priorité nationale», souligne-t-il avant de rappeler les raisons du retard. «On devait développer 4025 MW d'un seul coup. Leur coût est estimé entre 8 et 10 milliards de DA. La crise financière est passée par là, on a donc cherché la meilleure solution pour mener à bien le projet des 22.000 MW sans faire mal aux finances du pays», a-t-il expliqué. «On a alors décidé, en impliquant le secteur privé, de se lancer d'abord dans la fabrication des composants des centrales solaires. On ne voulait pas que les devises du pays partent à l'étranger», a-t-il poursuivi. «Grâce à certaines entreprises qui y ont cru, comme Condor et Enie, nous avons commencé à fabriquer des panneaux photovoltaïques «made in bladi». On peut maintenant se lancer dans le développement des ENR», a-t-il soutenu. Guitouni a donc décidé de commencer par le...commencement. Cela, pour lui, passe par le développement d'une industrie des énergies renouvelables avec un réseau de sous-traitants et des PME locales. «Il faut mettre le pied à l'étrier. C'est un premier appel d'offres qui devra être lancé avant la fin de l'année en cours. Mais d'autres plus gros suivront», assura-t-il en insistant sur les enseignements qui seront tirés de cette première expérience. «Nous lançons un appel à tous les investisseurs privés qui voudront prendre le train en marche. Nous allons leur accorder de grandes facilités, à l'instar du terrain, de l'exonération de certains impôts, de prêts bancaires. Mais surtout l'énergie renouvelable produite, sera directement achetée par la Sonelgaz. Leur production est vendue d'avance», atteste le ministre. Mustapha Guitouni a assuré dans ce sens, que les terrains accordés seront proches des réseaux électriques afin que l'électricité produite soit directement versée dans le réseau national. «Le chef de l'Etat nous a dicté une stratégie claire que nous suivrons pour être au rendez-vous des 22.000 MW à l'horizon 2030», a-t-il garanti. «En adoptant, en 2011 son programme national de développement des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique, et en procédant à sa mise à jour en 2015, l'Algérie a confirmé son choix de valorisation optimale et de diversification de ses ressources énergétiques», met-il en avant. Il faut rappeler que bon nombre d'ouvrages de production d'électricité à partir de sources d'énergies renouvelables, ont été réalisés, avant et après l'adoption du programme national, avec la mise en service de la centrale électrique hybride solaire-gaz de Hassi R'mel en mai 2011, suivie de deux autres projets pilotes, à savoir la centrale expérimentale de Ghardaïa de 1,1 MWc et le parc éolien d'Adrar de 10,2 MW. «Aujourd'hui, nous pouvons compter, grâce aux projets réalisés par la société Sktm, filiale de la Sonelgaz, plus de 343 MW de capacité installée en renouvelables, localisée dans les régions des Hauts-Plateaux et du grand sud du pays», précise le ministre de l'Energie. «Sonatrach compte, pour sa part, lancer des projets pour l'installation d'une capacité solaire d'environ 1,3 GW pour couvrir 80%de ses besoins sur site», a-t-il annoncé. «Les sites connectés au réseau électrique et à un gazoduc ont les meilleures conditions pour accueillir des installations solaires à court terme, avec un gain net estimé d'environ 2 milliards de dollars d'ici 2040», a-t-il conclu avec beaucoup d'ambition. Guitouni et ses 100 MW tiendront-ils le pari de 2030? Wait and see...