Un havre de paix, perturbé par des dépassements... Nous avons décidé de nous rendre au pays du Jasmin pour voir comment les Algériens étaient accueillis en Tunisie. C'est une véritable aventure, pleine de hauts et de bas, que nous avons vécue et que nous vous racontons dans ce reportage. Appréciez plutôt... Les Algériens sont-ils devenus indésirables en Tunisie? C'est la question concernant plus de 2 millions de... touristes. En effet, nos compatriotes qui ont pris l'habitude d'«envahir» chaque été le voisin de l'Est s'inquiètent des informations qui circulent concernant le traitement que les hôteliers et les autorités tunisiennes leur réservent. Nous avons alors décidé de nous rendre au pays du Jasmin pour mener notre petite enquête. C'est en voiture, pour suivre le circuit d'un touriste lambda, que nous traversons la frontière. Après plus de huit heures de route sur une autoroute Est-Ouest pas encore terminée, qu'on arrive aux frontières algéro-tunisiennes. On appréhende cette fatidique étape et les heures d'attente qui vont avec! Mais première surprise, le poste frontalier d'Oum T'boul est presque vide. On y trouve une dizaine de personnes seulement en cette chaude matinée de juillet (10 h du matin, Ndlr) alors que l'année dernière à la même période et à la même heure, c'était l'enfer. Que se passe-t-il? «En fait, il y a les mesures prises par les douanes et la police des frontières pour que le passage des voyageurs soit rapide. Mais pas seulement! L'affluence des touristes algériens n'est pas aussi importante que les années précédentes», nous confie, Laïd, un chauffeur de taxi clandestin qui fait le transport entre Annaba et toutes les villes tunisiennes. «D'habitude, à cette période, c'est tous les jours que je traverse les frontières. Cette année, quand j'ai une course par semaine, je suis heureux», ajoute ce très sympathique quinquagénaire. Selon lui, il y a donc une baisse de l'affluence de nos touristes qui s'explique par beaucoup de facteurs. «D'abord, par la crise et la cherté de la vie. On n'a plus le même pouvoir d'achat que d'habitude, mais il y a aussi les histoires du mauvais accueil réservé aux Algériens qui sont relayés sur les réseaux sociaux», a-t-il souligné en refusant d'affirmer ou d'infirmer ces histoires. «Ce sera à vous de juger», a-t-il rétorqué. Après une dizaine de minutes, le «pafiste» crie notre nom et nous remet le passeport avec un large sourire et une gentillesse qui nous laissent bouche bée. C'est de même avec la sympathique douanière qui est tout aussi rapide et agréable. Côté tunisien, c'est presque pareil, mis à part avec l'un des policiers qui tentent de nous intimider avant que son supérieur n'intervienne et s'excuse. Le reste se passe sans encombre, l'enfer des douanes n'a finalement pas eu lieu... La PAF, c'est presque parfait... C'est bon, on foule enfin le sol tunisien! Ce que les vendeurs de puces téléphoniques nous le font bien comprendre. À la frontière, les opérateurs mobiles activant en Tunisie y ont installé des kiosques pour vendre leurs puces. Des jeunes sont chargés de les «fourguer» coûte que coûte. Ils n'hésitent pas alors à s'insulter entre eux, voire se battre pour un client. Une triste image qui montre la misère de ces pauvres jeunes qui n'ont pas d'autres ressources. Certains d'entre eux tentent même de vous arnaquer. C'est le cas d'une employée de la boutique Ooredoo Tunisie des frontières et son responsable qui ont tenu des propos indignes de représentants d'une entreprise internationale comme cet opérateur mobile. D'autres touristes algériens passés après nous, ont subi le même sort! Près d'une heure est perdue, mais surtout on est «cueillis» à froid dans un pays où l'on est censé venir passer des vacances. Les appréhensions d'être devenus des «persona non grata» remontent à la surface! Ça s'annonce bien... On essaye de se calmer avec un bon pique-nique à Tabarka sur les magnifiques aiguilles, d'où l'on contemple la mer. Après une petite sieste, et un repos bien mérité, on est prêt à continuer notre aventure, se disant que c'était juste un petit couac comme il en arrive dans n'importe quel voyage. C'est les vacances, l'optimisme est de rigueur! Les intimidations des policiers et des videurs! La première étape de notre voyage commence à Tunis. Le groupe est partagé en deux, un au niveau de Aïn Zaghouan et l'autre au niveau de Gammarth, plus exactement à l'hôtel Phebus. Ce dernier est considéré comme le QG. Des allers-retours sont faits entre les deux quartiers de la banlieue tunisoise. Et il ne se passe pas un jour sans que l'on ne se fasse pas arrêter par la police. Quand c'est au niveau de la zone touristique de Gammarth où à la Marsa, ce sont des petits contrôles de routine avec des policiers très «pros». Aucun dépassement n'est enregistré. Ce n'est malheureusement pas le cas dans le centre ou au niveau des quartiers d'habitations tels que Ariana ou Aïn Zaghouan. Les policiers font carrément dans la menace! Ils usent de propos très «limites», avant de tenter de vous «soutirer» de l'argent. Ils changent de discours et de comportement dès que l'on se présente comme journaliste, et partent illico presto. Mais quelle aurait été leur réaction si c'était des jeunes sans défense? La question mérite d'être posée surtout que la police tunisienne était connue pour son respect envers tout ce qui est algérien. Mais cela semble avoir changé. Bien évidemment, il ne faut pas généraliser. Tout comme avec les chauffeurs de taxi où l'on a eu droit à des escrocs qui vous font le tour de la ville, ou d'autres qui ont carrément «bidouillé» leurs compteurs devenus plus rapides que Usain Bolt. Cependant, on a eu en parallèle des chauffeurs de taxis d'une gentillesse incomparable. Comme c'est le cas de ce sexagénaire qui s'est proposé, à 4h du matin, de nous prendre à six dans sa petite voiture sans aucun frais supplémentaire. «Montez tous les six, serrez-vous. Vous n'allez pas rester attendre un autre taxi sur cet axe à grande vitesse. Vous risquez de vous faire agresser, je préfère que l'on m'enlève mon permis de conduire que d'avoir votre agression sur la conscience», a-t-il poliment insisté. Mieux encore, il a refusé le pourboire devenu presque obligatoire en Tunisie. Ces anges tombés du ciel Dans ce sens, le videur du club «Sunset Beach de Gammarth à l'hôtel Phebus» nous a agressés à cause de notre refus de lui donner un pourboire. Il nous a attendus à la sortie, avant de nous insulter et essayer de nous frapper. Le pire a été évité grace à l'intervention de ses collègues qui ont calmé les esprits. On a essayé de déposer plainte, mais la police nous a fait traîner d'un commissariat à l'autre, avant de baisser les bras. Car, on s'est finalement retrouvé perdu dans un quartier que l'on connaissait pas, en pleine nuit à attendre un éventuel taxi. Cela nous a permis de rencontrer une famille tunisienne qui, comme notre ami chauffeur de taxi, vous fait oublier tous les petits tracas que l'on a eus jusque-là! Ce sont des anges tombés du ciel à 4h du matin, ayant entendu du bruit ils sortent et trouvent six Algériens dans leur quartier. Ils nous demandent ce qui se passe, on leur explique. Ils nous ramènent de suite des rafraîchissements et du café avant de nous inviter à passer la nuit chez eux. Voyant notre hésitation, ils nous appellent un taxi et se proposent même de nous le payer. «Marhbine (bienvenue, Ndlr) nos frères algériens. Voilà notre numéro de téléphone, si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas, et ce, à n'importe quelle heure...», ont-ils insisté avec une hospitalité inégalée. À Hammamet, où l'on a passé quelques jours c'est le même constat. On trouve certains énergumènes qui font dans la provocation de tout ce qui est algérien, mais la grande partie des autres Tunisiens fait preuve de fraternité. Il faut aussi dire que l'Algérien est un touriste très difficile. Certains vont en Tunisie, où ils font preuve d'un incivisme des plus primitifs. Cette minorité salit l'image des Algériens ce qui entraîne certaines réactions négatives. «Vous nous agressez, on vous agresse...», a résumé une jeune Tunisienne. En fait, notre voyage nous a permis de voir un beau pays, très ouvert d'esprit. Néanmoins, avec les Algériens ils ont un comportement à la Docteur Jekyll et M. Hyde...