Les militants écologistes sont de sortie Le foncier coûte cher à Béjaïa. Chacun le réclame et le déboisement bat son plein ponctué par des actions sporadiques des pouvoirs publics, insignifiantes par rapport à l'ampleur des dégâts. Deux associations relevant du même patelin, en l'occurrence le douar d'Ait Amar Ouali, dans la région littorale ouest de la commune de Béjaïa, ont failli en arriver aux mains jeudi devant le siège de la wilaya. N'était-ce les éléments de la police qui sont intervenus empêchant les deux groupes de se rapprocher, une bataille rangée se serait produite si on considère la détermination du deuxième groupe venu justement dénoncer la protestation initiée par un autre groupe sous la houlette de l'association du littoral de Béjaïa. Cette dernière association très présente sur les réseaux sociaux est venue jeudi protester devant le siège de la wilaya exigeant du chef de l'exécutif d'intervenir pour arrêter le massacre qui se produit indéfiniment sur la bande boisée de la côte ouest de Béjaïa. Bien après l'heure du rendez-vous, une dizaine d'individus arrivent sur les lieux et entreprennent d'accrocher leur banderole entre deux pylônes d'éclairage public jouxtant le siège de la wilaya. C'est à ce moment précis que l'autre groupe opposé à la démarche tente d'intervenir pour les en empêcher. La police s'interpose et repousse la tentative après un court échange. Les deux groupes se regarderont ainsi deux heures durant en chiens de faïence jusqu'à la levée du camp, qui s'effectuera sans incident notable. Deux groupes de citoyens issus de la même région se disputent et se dénoncent mutuellement. La manifestation de jeudi démontre, on ne peut mieux, toute la convoitise et l'appétit vorace des habitants de la région quant à l'accaparement du foncier local. Tous le réclament et le bras de fer peut tourner mal dans les prochains jours et mois si des mesures étatiques ne sont pas prises, non seulement pour protéger ce qui reste de cette côte, l'une des plus belles d'Algérie, mais malheureusement défigurée et complètement ravagée par des constructions illicites à la faveur des transactions qu'effectuent ceux-là même qui ont manifesté et contre-manifesté le jeudi devant le siège de la wilaya. Chaque partie accuse l'autre de dilapidation du foncier. Qui a tort? Qui a raison? Un seul point commun est à retenir. Tous relèvent de la même région et tous s'affirment propriétaires de ces terrains en litige et chacun défriche et vend ce qu'il peut. Les bulldozers sont omniprésents. Il y a eu dans le passé plusieurs saisies de ce genre de matériel. Le dernier en date s'est produit la veille de la manifestation. Selon le communiqué de la cellule de communication de la wilaya, «les éléments de la Gendarmerie nationale ont procédé dans la journée mardi à l'arrestation de la personne ayant défriché au niveau de la forêt jouxtant la plage de Boulimat sans autorisation» précisant que le «bulldozer a été mis en fourrière et une plainte de la direction du parc national de Gouraya a été déposée pour infraction à la loi». La bande forestière de la côte ouest de Béjaïa n'est pas l'unique région à faire l'objet de squat. Bi Slam, Gouraya, Sidi Boudraham pour ne citer que ces lieux font l'objet régulièrement «d'attaques» par des individus sans scrupules pour accaparer et revendre ensuite. Lorsqu'on sait la valeur du mètre cube de terre à Béjaïa et l'absence des autorités, on comprend mieux cet acharnement pour un foncier qui a déjà fait bien des riches dans cette ville.