Le squat des terres est devenu une pratique qui se déroule en toute impunité. A coup d'un important renfort, les services de la Gendarmerie nationale de Béjaïa ont procédé dans l'après-midi de mardi à la saisie de deux bulldozers, qui étaient dans une entreprise de débroussaillement d'un grand terrain situé à Tazeboujth, à environ 12 km de Béjaïa sur la côte ouest de la wilaya. Les deux bulldozers saisis ont été transférés vers la fourrière de la commune de Béjaïa. Ils ont été loués par l'association Tazeboujth, dont l'agrément n'a pas encore été renouvelé, pour procéder à la déforestation et au déboisement d'une large parcelle de terrain jouxtant la Route nationale 24. La question du foncier de Béjaïa revient encore une fois au-devant de la scène publique à Béjaïa. L'affaire des terrains de Tazeboujth illustre à nouveau tous les litiges liés à l'exploitation à tort ou à raison des terrains. Les habitants de huit villages du douar Ath Amar Ouaâli, estiment que «le terrain en question leur appartient». Ils s'appuient sur des plans datant de l'époque coloniale pour entreprendre le défrichement d'une importante parcelle à la lisière de leurs villages. Une action que la municipalité de Béjaïa juge «illégale» du fait qu'aucun plan de division ou de partage n'a été présenté avec des bénéficiaires identifiés. Et tant que la chose en reste là toute action relèverait d'un «squat», que la loi «punit et réprimande». Les représentants de l'association se sont réunis dans la soirée de vendredi dernier pour décider des suites à donner à l'interdiction opposée par l'APC de Béjaïa. Ils ont été invités aujourd'hui à une rencontre avec le wali de Béjaïa en présence bien évidemment des autorités communales. Il s'agit pour les membres de l'association d'abord de clarifier cette histoire d'agrément que l'APC tarde à délivrer et ensuite des voies et des moyens à retenir pour régler ce litige lié à un foncier, au demeurant très convoité sur toute la côte ouest de la wilaya. Il est utile de préciser que tout au long de la côte ouest de la wilaya, le squat des terres est devenu une pratique qui se déroule en toute impunité. Si pour les autochtones, le déboisement s'inscrit dans un cadre de récupération des biens familiaux, il reste que beaucoup d'étrangers versent dans la même pratique pour ensuite revendre ces terres morcelées à des acquéreurs qui ne se soucient pas de la légalité de l'action d'autant plus qu'ils savent pertinemment que la majorité des constructions sur la côte ouest sont illicites. Ce qui donne lieu à un large trafic du foncier en vigueur des années durant sans que les autorités ne s'en soucient. Il aura fallu que les autochtones et les protecteurs du littoral tirent la sonnette d'alarme pour que les pouvoirs publics daignent intervenir. Mais pour une grande partie de la côte ouest de la wilaya de Béjaïa, il est déjà trop tard. Les pouvoirs publics sont dans une impuissance totale devant l'ampleur des habitations érigées. Une seule solution est possible. Il faut élaborer un plan d'occupation et régulariser tout le monde en touchant bien évidemment à quelques bâtisses afin de dégager les voies d'accès, notamment pour tenter de récupérer une côte victime d'un laisser-aller qui a trop duré.