Des fonds déposés dans les banques du Nord financent le crime organisé et le terrorisme. La coopération régionale en matière de lutte contre le terrorisme, le trafic de drogue, l'immigration clandestine et le crime organisé sont les thèmes des travaux de la 11e réunion des ministres de l'Intérieur du groupe des «5+5», à laquelle participent des pays riverains de la Méditerranée occidentale : Algérie, Maroc, Tunisie, Mauritanie, Espagne, Portugal, Malte et France. C'est le thème de l'immigration qui aura largement dominé les débats, qui se sont déroulés à huis clos. Il faut dire que la conjoncture s'y prête, à la suite de l'assaut donné par plusieurs centaines de clandestins sub-sahariens contre la barrière métallique érigée entre le Maroc et les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, au cours duquel cinq personnes ont trouvé la mort. Quant aux Italiens, ils se plaignent du doublement de l'afflux des immigrants sur l'île de Lampedusa, en provenance de Libye, portant le nombre des clandestins à 15.000 dans les centres de transit. Tragique évènement donc qui a amené les pays européens à souhaiter plus de fermeté de la part des pays du Maghreb à lutter contre ce phénomène. Mais de leur côté, les ministres maghrébins de l'Intérieur, dont le ministre d'Etat, ministre algérien de l'Intérieur, Nouredine Yazid Zerhouni, ont demandé une coopération plus poussée, et notamment une aide au développement de la part des pays européens en direction des pays subsahariens. M.Zehouni a résumé ce point en déclarant à son arrivée à Rabat: «Nous allons faire en sorte que cette conférence ait des retombées effectives sur nos problèmes de sécurité, sur nos problèmes de développement et de coopération» Pour les représentants maghrébins donc, il faut ajouter aux moyens sécuritaires une aide au développement dans les pays émetteurs d'immigrants plus importante de la part des pays européens de la rive nord. Dans une interview accordée à l'agence de presse marocaine MAP, le député marocain Abdellatif Ouamou estime que ces immigrants subsahariens fuient en fait la misère. «Il s'agit en fait de l'écart qui sépare les pays pauvres et les pays riches.» On peut donc en déduire que le groupe des «5+5» est réellement une illustration, d'un côté, de la coopération qui peut s'établir entre le Nord et le Sud, et de l'autre, d'une coopération régionale qui peut être exemplaire, puisqu'il peut logiquement s'inscrire dans le processus de Barcelone qui vise à l'établissement d'une zone de libre-échange en Méditerranée. Pour en revenir à l'immigration subsaharienne, le même député marocain note que le refoulement n'est pas la solution pour juguler le flux presque quotidien des migrants clandestins, car c'est un phénomène humanitaire lié aux conditions de développement des pays pauvres. Sur le volet terroriste, M.Yazid Zerhouni a souhaité que le dispositif vise à lutter en premier lieu contre les moyens d'action du terrorisme, le financement et le soutien logistique, soulignant que l'Algérie a coopéré avec l'ensemble de ses partenaires au niveau opérationnel, sans réserve. Ce volet est étroitement lié à celui du blanchiment d'argent, appelant les pays du Nord à renforcer la lutte pour maîtriser les mouvements de fonds mal acquis, déposés dans des banques du Nord pour y être investis. Alors même que l'Algérie, selon lui, a pris des mesures pour harmoniser et actualiser sa législation pour la rapprocher des législations des pays de la région, avec l'élaboration de lois spécifiques sur le blanchiment d'argent, le trafic de drogue, la contrebande et la corruption. Face à l'urgence des problèmes posés par le crime organisé, le trafic de stupéfiants et d'êtres humains, et en vue de maîtriser sur le terrain les problèmes soulevés par les flux migratoires, qui sont étroitement liés aux droits de l'homme, les ministres de l'Intérieur du groupe «5+5» ont décidé de renforcer la coopération entre les pays des deux rives de la Méditerranée.