Le président Rohani au pied du mur l'Union européenne, la Russie et la Chine réaffirment encore leur détermination à sauver l'accord de Vienne de juillet 2015, qui encadre les activités nucléaires de l'Iran en échange d'une levée progressive des sanctions économiques contre l'Iran. Les sanctions économiques américaines contre l'Iran sont à pied d'oeuvre depuis mardi, ainsi que l'a voulu le président Donald Trump qui a averti hier les pays alliés de choisir entre le commerce avec Téhéran ou celui avec les Etats-Unis dont ils seraient exclus au cas où ils enfreindraient l'interdiction décrétée par Washington. La première vague de sanctions, désormais en vigueur, porte, entre autres domaine, sur les transactions financières en dollars, le commerce de l'or et des métaux précieux, ainsi que sur le charbon et le secteur automobile. Ce rétablissement graduel des sanctions américaines intervient à la suite du retrait unilatéral des Etats-Unis de l'accord de juillet 2015 - signé par l'Iran, les membres permanents du Conseil de sécurité de l'Onu (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Chine, Russie) et l'Allemagne - dont le président américain n'a jamais cessé de dénoncer les conséquences selon lui «désastreuses». Critiquant ouvertement son prédécesseur à la Maison- Blanche, Barack Obama, Trump a même qualifié les engagements des Etats-Unis d' «affreuses erreurs». Mais face à cela, l'Union européenne, la Russie et la Chine réaffirment encore leur détermination à sauver l'accord de Vienne de juillet 2015, qui encadre les activités nucléaires de l'Iran en échange d'une levée progressive des sanctions économiques contre l'Iran. Une nouvelle loi anti-blocage de l'UE, destinée à protéger les entreprises européennes contre les sanctions américaines, est entrée en vigueur le même jour que la mise en oeuvre des sanctions, ce qui n'a pas eu l'air de rassurer un grand nombre d'entre elles compte tenu du fait que les plus en vue ont déjà annoncé leur départ du pays afin d'éviter de se retrouver en porte-à-faux avec les sanctions de Donald Trump. Le président américain a insisté auprès de ses alliés qu'ils ne pourront plus commercer avec les Etats-Unis s'ils maintiennent leurs échanges avec l'Iran. «En novembre, elles (les sanctions) atteindront un autre niveau. Quiconque fera des affaires avec l'Iran n'en fera plus avec les Etats-Unis. J'appelle à une PAIX MONDIALE, rien de moins», écrit-il sur Twitter. L'objectif manifeste du milliardaire devenu président des Etats-Unis est de contraindre l'Iran à accepter sa proposition de négocier un nouvel accord, beaucoup plus drastique dés lors qu'il inclurait la question des missiles balistiques et la présence qualifiée de «déstabilisatrice» de forces iraniennes en Syrie et au Yémen. La même tactique qui a conduit au sommet historique de Singapour avec la Corée du Nord est employée avec Téhéran, Trump étant persuadé qu'en plaçant la barre le plus haut possible, les négociations ne pourront que tourner à son avantage et l'Iran condamné à négocier avec lui, abandonnant «complètement et de manière vérifiable le programme balistique et nucléaire». C'est ce qu' a argumenté son conseiller à la sécurité nationale, John Bolton, lundi dernier dans un entretien accordé à la chaîne Fox News.»Si les ayatollahs veulent se soustraire aux pressions, ils doivent venir à la table des négociations. Les pressions ne diminueront pas tant que les négociations se poursuivent», a-t-il en outre prévenu. La réponse de Téhéran n'a ni tardé ni varié. Une négociation avec les Etats-Unis peut être envisagée seulement si Washington parvient à prouver qu'il est digne de confiance, a déjà estimé le président iranien, Hassan Rohani. Cité par la télévision publique iranienne, le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, a affirmé pour sa part que le rétablissement des sanctions américaines va même «isoler les Etats-Unis et leurs alliés saoudiens et israéliens». «Aujourd'hui, Trump, (le prince héritier saoudien Mohamed) ben Salman et (le Premier ministre israélien Benjamin) Netanyahu sont devenus dans le monde entier les symboles du soupçon», a-t-il observé.»Leurs politiques répressives et leurs mesures violentes les ont isolés. Le monde a pris ses distances vis-à-vis de leurs politiques hostiles contre l'Iran», a ajouté Javad Zarif qui a également dénoncé les «zigzags» américains et leur manque total de fiabilité. De leur côté, l'Union européenne et les trois puissances européennes signataires de l'accord de juillet 2015 (France, Grande-Bretagne et Allemagne) ont annoncé lundi dernier qu'elles «regrettent profondément la réimposition de sanctions par les Etats-Unis du fait de leur retrait du Plan d'action global commun (JCPOA)». A l'instar de la Russie et de la Chine, les pays européens se sont dit «déterminés» à sauver le texte et à «protéger les opérateurs économiques européens engagés dans des affaires légitimes avec l'Iran», réaffirmant ainsi leur volonté de passer outre la première vague de nouvelles sanctions américaines contre l'Iran comprenant des blocages sur les transactions financières et les importations de matières premières, ainsi que des sanctions sur les achats dans le secteur automobile et l'aviation commerciale. La seconde vague, prévue en novembre prochain, devra porter quant à elle sur le secteur pétrolier et gazier ainsi que la Banque centrale.