Les terroristes, en tenues de guerre afghanes et armés de kalachnikovs, étaient estimés à plus de cinquante assaillants. Une embuscade meurtrière a été perpétrée, dans la nuit de dimanche à lundi, à l'aube, contre un convoi militaire, près de la petite localité de Ras El Miad, daïra de Sidi Khaled, dans la wilaya de Biskra. Selon des sources très crédibles, l'embuscade tendue par un groupe de terroristes, dont le nombre a été estimé à quelque 50 ou 60 assaillants, a fait 18 morts, dont cinq GLD et un officier supérieur de l'ANP, et 19 blessés entre militaires et GLD. Les terroristes, en tenues de guerre afghanes et armés de kalachnikovs, profitant de l'obscurité et l'isolement de la région, ont fait sauter un premier camion du convoi militaire, en faisant activer à distance une mine dissimulée au bord de la route. Ensuite, le convoi militaire a été assailli par des tirs nourris d'armes automatiques. L'effet de surprise explique peut-être le nombre élevé de morts parmi les militaires. La riposte des éléments de l'ANP ne s'est pas fait attendre. En effet, les occupants du deuxième camion du convoi se sont aussitôt mis en position de combat et lancent une roquette F7 en direction du lieu de l'attaque. Sans donner de précisions, nos sources nous ont signalé de nombreux blessés parmi les terroristes. A la suite d'un appel radio, une cavalerie héliportée est intervenue rapidement. Les troupes spéciales sont ensuite entrées en action et ont cerné déjà deux sériates, évaluées à une dizaine de terroristes, à environ 10 ou 15 km du lieu du massacre. Les mêmes sources nous confient que le gros du groupe terroriste aurait probablement procédé à un repli en prenant la fuite vers la région de M'sila et celle de Biskra. Cette région est considérée comme une zone stratégique pour les éléments du Gspc. De Theniet El Abed, dans les Aurès, jusqu'à la sortie de Ouled Djellel, cette zone offre, en effet, aux groupes terroristes cachettes et points de soutien logistique leur permettant d'échapper à la vigilance des forces de sécurité, et de relier les régions de Tébessa et Nememchas au Grand-Sud, dans les deux sens. Probablement délaissée après la mort du tristement célèbre Hassan Hattab, l'élimination de son adjoint Nabil Sahraoui et enfin la neutralisation d'Abderrezak le Para, cette zone offrait justement le coin idéal pour un regroupement aussi important de terroristes. Nos sources estiment que les auteurs du carnage sont venus de plusieurs régions de l'Est (M'sila, Tébessa, des monts des Babors, Sétif, Jijel et même Béjaïa). Ce mouvement a-t-il été signalé aux services de sécurité ? Nos sources indiquent que les auteurs du guet-apens seraient des éléments de katibet El Houda, affiliée au Gspc, éparpillés à travers l'Est, après la décapitation des cellules de ce groupe. Cette katiba était dirigée par un certain Tewfik Hassan, qui était le bras droit de Hassan Hattab. Les terroristes, indiquent les mêmes sources, auraient quitté les régions de Chréa, El Adjiba, El M'hir et Aïn Azel, afin de venir se concentrer sur le lieu du massacre. Les mêmes sources confient également que plusieurs mouvements suspects de groupes armés ont été auparavant signalés par des citoyens, particulièrement dans les lieux isolés. En effet, plusieurs incursions ont été perpétrées au niveau des douars de la région, où les terroristes avaient emporté d'importants lots de nourriture. En 2003, le 4 janvier, une embuscade de la même envergure avait été tendue au niveau de ce même axe, qui longe la région de Biskra jusqu'aux confins des Aurès. 45 membres des forces spéciales ont été tués à Theniet Abed, entre Biskra et Arris. L'embuscade avait été attribuée au Groupe salafiste pour la prédication et le combat. Ce plateau géographique est particulièrement difficile d'accès. Nos sources nous signalent qu'une opération de ratissage de grande envergure a été déclenchée, hier, par les forces de sécurité afin de traquer les auteurs du guet-apens. Appuyées par des hélicoptères lance-missiles, les troupes engagées sont fortement armées. Selon les mêmes sources, il est évident que les groupes terroristes pourchassés à travers plusieurs régions du territoire, ont voulu accomplir un coup d'éclat contre les militaires du contingent. Le but recherché du Gspc, surtout après l'arrestation d'Abderrezak le Para, de prouver qu'il demeure capable de nuire et, pourquoi pas, de réunifier les «irréductibles» sous sa bannière. Les opérations de ratissage, menées depuis des semaines par l'armée, ont certes réduit considérablement les capacités du mouvement du Gspc et sa marge de manoeuvre, mais n'ont pas pu mettre fin à une organisation qui a trouvé appui au sein des parrains de la contrebande. Les contrebandiers assurent aux terroristes soutien logistique et financier, en contrepartie d'une protection. A l'heure actuelle, des convois militaires, gendarmes, patriotes et GLD longent les routes principales qui mènent vers Biskra. Un périmètre de plusieurs centaines de kilomètres carrés est hermétiquement fermé et que le commandement militaire s'est engagé à nettoyer, quels que soient le temps et les moyens. Les services de sécurité, tous corps confondus, sacs à dos en bandoulière, des gilets pare-balles recouvrant leur poitrine, se dirigent droit au but. Quelques patriotes (des anciens moudjahidine) servent de guides. Des informations, non vérifiées, font état de la présence de terroristes à l'intérieur du périmètre encerclé. Cette opération aura néanmoins de lourdes conséquences sur l'avenir du Gspc. C'est une opération qui nous rappelle une autre, menée dans les maquis de Béjaïa, l'été dernier. D'importants renforts vont monter des campements. Il est à signaler que les militaires et les GLD blessés ont été transportés dans les hôpitaux de Biskra, Ouled Djellal et Tolga.