Les malades subissent les aléas d'une prise en charge aléatoire. L'hépatite C dont le virus a été découvert en 1989, est un mal qui coûte très cher aux patients algériens. Son traitement le plus efficace est l'Interféron Pégylé, mais hélas, il n'est pas inscrit dans la nomenclature des médicaments remboursés par la sécurité sociale. En attendant, les malades s'acquittent de leurs frais de soins, souvent longs, en sommes mirobolantes. Livrés à eux-mêmes, ils subissent, en plus du mal qui les ronge, les aléas d'une prise en charge aléatoire, bien que les praticiens et professeurs qui sont en contact avec ces souffrants aient, au prix de moult «arrangements», réussi plus ou moins à les tirer d'affaire. Il n'en demeure pas moins que ces derniers, à travers l'association qui les représente SOS Hépatite, tirent aujourd'hui la sonnette d'alarme pour attirer l'attention des pouvoirs publics sur l'urgence d'une solution à leur mal. Le professeur Boussekine, du service d'hématopathologie au CHU Mustapha, devenu aujourd'hui un centre de référence, et où il exerce depuis 1976, évoque la bataille que livrent les malades au jour le jour afin que leurs droits soient reconnus, notamment sur l'aspect pécuniaire qu'il faut résoudre. Ce professeur qui se définit comme le médecin des pauvres, cite encore les nombreux rapports « secs » car sans fard, qu'il a déjà adressés au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, et où il a décrit dans le détail les contours de ce problème extrêmement sérieux. Des rapports voulus non comme des attaques, mais comme un véritable SOS! Ainsi, en l'absence de tout vaccin efficace contre cette maladie qui touche quelque 1% de la population nationale, soit près de 500.000 personnes, elle reste tributaire d'une thérapie à base d'Interféron auquel il faut adjoindre de la Ribavirine. Avant de prescrire ce traitement, le médecin réclame d'abord un bilan ou analyses moléculaires qui reviennent à elles seules à 20.000 dinars. Parce qu'elles se font à l'Institut Pasteur de Paris car l'Institut Pasteur d'Alger ne dispose pas de réactifs. Après, et seulement après, les résultats des analyses intervient la médication proprement dite. Classique, elle revient à pas moins de 250.000 DA, voire 300.000 DA, lorsqu'elle est associée à un autre médicament. Un traitement qui s'étale sur douze mois et consiste en 3 piqûres d'interféron par semaine. C'est dire la difficulté pour tous les malades de l'intérieur du pays lorsqu'on sait que son administration est centralisée au niveau d'Alger, la capitale. S'il est légèrement moins contraignant, l'autre traitement, l'Interféron Pégylé, dépasse la barre financière d'un million de dinars, soit 1200.000 DA. C'est dire toute la situation scandaleuse dont souffrent en silence nombre de malades atteints de cette affection. Si l'on avance que seul 1% de la population algérienne est atteinte d'hépatite C, aucune statistique officielle n'est détenue par le ministère de la Santé, de la population et de la Réforme hospitalière. Par ailleurs, les praticiens avancent qu'une incidence plus élevée est signalée à l'est du pays, à l'instar de Khenchela, Tébessa, Souk-Ahras ou Oum El Bouaghi. L'hépatite C qui touche près de 3% de la population mondiale, sévit particulièrement en Egypte (8%). L'éradication de l'hépatite C est tributaire d'un système de santé sans faille où doit prévaloir la prévention, notamment en milieu hospitalier. En Algérie, les moyens de stérilisation ne sont pas encore en adéquation avec ce qui se pratique à travers le monde. La formation et la sensibilisation du personnel soignant sont plus que jamais préconisées pour en venir à bout, avec à la clé, l'inspection régulière et inopinée des cliniques privées.