Le ministre de la santé et de la réforme hospitalière, Amar Tou, a réuni, hier, un aréopage de spécialistes pour faire la lumière sur une maladie érigée au rang de priorité nationale, à savoir les hépatites. Ainsi, plusieurs exposés ont été présentés par des professeurs sur la nature, l'évolution, les risques et la prise en charge de cette maladie en Algérie. D'emblée, le ministre s'est jeté dans l'arène en déclarant que l'hépatite dans toutes ses formes est la “préoccupation nationale” du fait que 80% des malades deviennent irrémédiablement chroniques. Il en résulte, dit-t-il, que leur prise en charge médicale nécessite des moyens financiers “énormes”, très durs à supporter pour les pouvoirs publics. “Vous devez savoir que le suivi d'un seul malade coûte près de 130 millions de centimes par année, alors qu'il a été enregistré 361 patients pour la seule année 2004.” Plus inquiet encore, Amar Tou révèle que les statistiques arrêtées, au début de ce mois, indiquent le dépistage de 177 nouveaux malades, voire même un foyer épidémiologique dans la région de l'est, notamment à Batna, Tébessa, Souk-Ahras, Khenchela et Oum El-Bouaghi. D'ailleurs, le ministre annonce le lancement d'un plan d'intervention d'urgence contre l'hépatite C dans ces wilayas comme première mesure avant d'élaborer un autre plan, national celui-là, à moyen terme. Selon le Dr Terfani, une moyenne de 1 000 cas par an est enregistrée, et ce nombre est certainement en dessous de la réalité tant la pratique du dépistage reste marginale, notamment en milieu rural et que ces statistiques sont basées uniquement sur les déclarations. Cela dit, le tableau de bord épidémiologique national fait ressortir 1 126 malades hospitalisés, dont 614 uniquement à l'hôpital de Bologhine, à Alger. Les statistiques précisent également que le pourcentage des femmes atteintes des virus de l'hépatite est de loin plus important (61,5%) que celui des hommes (38,5%). Aussi 59% des malades sont-ils localisés à l'est du pays contre 19% au Centre. En résumé, ce sont quelque 320 000 malades recensés en Algérie sous réserve de ceux qui ne sont pas encore dépistés pour différentes raisons. Le plus grave, c'est que au moins 127 000 patients ne sont pas traités ; ce qui est d'autant plus grave que le génotype du virus qui sévit en Algérie se trouve être le plus dangereux et le plus coûteux, d'après le Dr Debzi, auteur d'un exposé sur la prise en charge des hépatites. Le ministre Amar Tou rebondit sur la question des coûts comme pour s'accorder quelques circonstances atténuantes en soulignant que le traitement d'une hépatite C non compliquée sur une année est facturé à au moins 50 000 dinars. Mais le malade est évidemment loin du compte puisque le professeur Boucekine estime que le coût du traitement d'un cas d'hépatite C de génotype 1b en 48 semaines culmine à…1 200 000 dinars ; c'est-à-dire 120 millions de centimes ! Et le montant peut atteindre 150 millions de centimes en y ajoutant le traitement à l'interféron Pégylé et Ribavirine. Autant dire que, pour le commun des algériens, il faut simplement prendre son mal en patience ou implorer la volonté divine. H. M.