Ce qui s'est passé ce lundi à Tizi Ouzou n'a été que la suite de ce qui s'était déroulé lors des matches précédents entre ces deux équipes. Dans le cycle des absurdités de notre football, on a franchi un nouveau palier ce lundi à Tizi Ouzou où le match JSK-USMA n'a pu aller à son terme. Un match médiatisé à souhait dans la mesure où il opposait les deux meilleures équipes d'Algérie de ces dernières années. Un match dont, comme d'habitude, on en a fait une montagne alors qu'il ne devait mettre aux prises que les représentants d'un faible football, l'un des plus médiocres de la planète. C'est au moment où cette discipline atteint le fond par son cham-pionnat indigent et ses joueurs sans talent qu'elle bénéficie de la meilleure couverture médiatique. Aujourd'hui, nos footballeurs sont choyés et adulés pour un très maigre résultat sur le terrain alors que leurs illustres prédécesseurs des années 60, 70 et 80 sont passés à la trappe de l'oubli dans une totale indifférence. Aujourd'hui, on sait tout de ces joueurs, comment ils vivent, ce qu'ils mangent, quels sont leurs loisirs au contraire de ceux qui les avaient précédés sur le terrain dont certains éprouvaient des difficultés pour joindre les deux bouts comme cet avant-centre, meilleur buteur du championnat et joueur de l'équipe nationale, qui, un jour où il avait gagné le premier prix du challenge du meilleur buteur, à savoir un voyage à l'étranger avec la personne de son choix, avait demandé aux organisateurs du challenge de lui offrir, à la place du voyage, une chambre à coucher parce qu'il allait se marier et qu'il n'avait pas les moyens de l'acheter. Aujourd'hui, ces joueurs sans talent roulent dans des voitures dernier cri alors que Boualem Amirouche, l'ancien attaquant du RC Kouba, qui valait, à lui seul, tous les attaquants actuels de notre football, avait attendu la fin de sa carrière pour avoir son premier véhicule, une R4 que lui avait offert Salah Assad. Il fut un temps où on allait au stade de Bologhine ou de Tizi Ouzou pour voir de grands acteurs de football dans une ambiance tout amicale et fraternelle. Maintenant, avant d'aller voir une USMA-JSK, on réfléchit à deux fois. D'abord à cause de la qualité du spectacle dont on est sûr qu'il est toujours médiocre en raison du faible niveau de ses acteurs. Ensuite, et surtout, parce que depuis quelques années ce rendez-vous, à défaut de nous offrir du football, a versé dans la diatribe, les mots mal placés et, hélas, la violence. Ce qui s'est passé ce lundi à Tizi Ouzou n'a été que la suite de ce qui s'était déroulé lors des matches précédents entre ces deux équipes. Il y a comme une sorte de fuite en avant dans la responsabilité de la part des dirigeants des deux clubs qui ne font rien pour que tout s'arrête. «Je viens chez toi, tu me frappes. Je t'attends au retour où tu seras reçu comme il se doit» semblent dire ses dirigeants au nom d'une stupide querelle sur fond de domination du football algérien, un football qui, comme on l'a vu, ne mérite vraiment pas que l'on s'étale dessus. D'ores et déjà, on prédit le pire pour la JSK pour le match retour, une JSK qui avait reçu la monnaie de sa pièce, l'an dernier au stade de Bologhine, pour avoir très mal reçu son adversaire au match aller. La situation est exacerbée par les présidents des deux clubs qui ne cessent de jeter de l'huile sur le feu. Chacun des deux croit avoir raison alors qu'il est évident qu'ils font tous les deux fausse route. A force de se chamailler par presse interposée, ils ne font qu'attiser la haine d'un camp envers l'autre. Toutes les tentatives pour rapprocher les deux hommes se sont avérées vaines. Et le plus dramatique c'est qu'aucun d'eux ne se déplace chez l'adversaire pour voir son équipe jouer. Il faut, donc, que ce manège, pas très drôle, du tout s'arrête. Il importe peu de savoir si l'USMA va être sanctionnée pour n'avoir pas repris le jeu. Ce n'est là que des calculs de bas étage à forte connotation clubarde. Du reste cela vaut-il la peine qu'on parle de sanction pour un football aussi faible ? On est déjà assez sanctionné comme cela en ayant droit à des spectacles de bas niveau produits par des joueurs même pas capables de faire circuler le ballon sur plus de deux passes. Ce que l'on remarque c'est que cette guerre qui ne dit pas son nom entre deux clubs, jadis connus comme étant proches l'un de l'autre, intervient au moment où s'est confirmée, par voie référendaire, la réconciliation nationale. Pour la circonstance, avant le scrutin, la plus haute instance du sport algérien, le Comité olympique avait appelé tous les acteurs du sport à bannir la haine, la violence et à mettre de côté leurs querelles. Apparemment, ceux du football, en particulier ceux de la JSK et de l'USMA sont de mauvais élèves et font mauvais effet sur le retentissement du «oui» au récent référendum. Dommage.