Mohamed VI, depuis peu, roi du Maroc annonce de nouvelles mesures devant aboutir à un " Etat de droit ". Dans un long discours radio-télévisé, le roi Mohamed VI s`est adressé, à l`occasion de la célébration du deuxième anniversaire de son accession au trône, au peuple marocain, s`engageant à tout mettre en œuvre pour renforcer la démocratie, travailler au développement économique du royaume, instaurer, enfin, l`Etat de droit. Un programme certes ambitieux, mais qui demande à être confronté aux réalités du terrain. Le souverain chérifien qui a déçu par la lenteur mise à concrétiser les mesures déjà annoncées à l`avènement de sa royauté, a voulu, en cette circonstance, frapper fort, en prenant, aux plans politique, social, économique et culturel, quelques initiatives et décisions, qui, correctement suivies, peuvent, en effet, permettre au Maroc de franchir une étape qualitative dans son développement. Mohamed VI, plaidant pour un " Etat démocratique moderne fondé sur les libertés publiques et les droits de l`homme ", veut, à l`évidence, dépasser les promesses sans lendemain, lesquelles tout en frustrant les attentes des citoyens, ont constitué longtemps un leurre qui laissa les problèmes de difficulté de vivre des Marocains en suspens. Aussi, il faut croire que Mohamed VI a tiré la quintessence de ses deux années à la tête du royaume chérifien, pour, enfin, prendre des décisions en conformité avec les attentes et demandes du peuple marocain. C`est ainsi que Mohamed VI a décidé de satisfaire l`une des plus anciennes revendications des démocrates marocains, la reconnaissance de la dimension amazighe du royaume. Insistant sur sa volonté " de respecter les différentes composantes régionales et culturelles du royaume ", le souverain chérifien annonça la création d`un " Institut royal de la culture amazighe " qui permettra de faire " accélérer les procédures d`intégration de tamazight dans l`enseignement ". La fondation de cet institut qui répond en premier à l`une des revendications des associations berbères marocaines, constitue également une étape vers la reconnaissance de tamazight comme langue nationale et officielle -inscrite dans la Constitution - qui reste la revendication majeure des associations berbérophones marocaines. Au plan politique, tirant la leçon des fraudes et irrégularités ayant marqué les dernières élections législatives, le roi du Maroc souhaite que celles de l`automne 2002 (le souverain confirme le maintien de la date déjà fixée) puissent permettre de sortir avec " une majorité homogène, issue d`élections compétitives et honnêtes ", appelant de tous ses vœux la formation dans le pays d`une " élite qui soit à l`abri de toutes sortes de pression et des réseaux du favoritisme, de népotisme, de corruption et d`abus de pouvoir ". Dans cette perspective, et ayant sans doute à l`esprit, la puissance du Makhzen, qui reste intacte, le roi Mohamed VI a procédé, en début de semaine, à un large remaniement des responsables de provinces, en nommant neuf nouveaux walis (le Maroc est divisé en wilayas) à la tête des principales wilayas du pays. Tous ces gestionnaires, parmi lesquels d`anciens ministres et P-DG d`entreprises, ont été choisis - c`est tout un symbole - hors des cadres du ministère de l`Intérieur où l`ombre de l`ancien titulaire du poste de Driss Basri reste omniprésente. Mais c`est encore le développement économique et les retards dommageables qu`enregistre le Maroc, qui préoccupent le souverain chérifien lorsqu`il affirme qu`il fallait " rompre définitivement avec les velléités rentières et attentistes qui sont incompatibles avec l`esprit d`initiative ". Mais dans ce domaine, comme dans celui du politique et du social, beaucoup reste encore à faire pour faire entrer le Maroc de plain-pied dans la modernité. Une gageure à relever par le jeune roi Mohamed VI.