Il est parti l'artiste, l'humaniste, l'homme de paix et de culture. Il a pris avec lui le musicien, le poète, l'acteur, le compositeur, le réalisateur... le mélomane et l'humoriste spontané. Il incarnera désormais tout d'un artiste, mais surtout un genre d'artiste particulier avec ses sorties souvent baroques, à chaque nouvelle montée sur scène. Il incarnait aussi un profil d'homme bizarre, «sur scène», pour ceux qui ne l'ont pas connu ou bien côtoyé. Sa vie est désormais marquée par une carrière plurielle au service de l'art, de composer des mélodies, de conter, de chanter où il a pu poser sa griffe sur un style kabyle propre à lui. A l'état civil, il se nommait Mohamed Allam, pour la petite famille et les intimes on l'appelait «Baby», mais d'aucuns ne l'avaient accompagné de son vivant puisqu'il était connu par son nom d'artiste qu'il avait choisi de son propre gré «Djamel». Oui, Djamel Allam, ce petit garçon de la paisible ville de Yemma Gouraya qui a roulé sa bosse au gré de ses élans. Ses propres élans puisqu'il s'est forgé seul par sa force tranquille de conviction. Pour ceux qui ont assisté aux funérailles de l'artiste «immortel», ils auraient certainement entendu en fond musical la chanson «Uretru», mais récrite et recomposée en «Urtru à Yemma Gouraya (Ne pleure pas Yemma Gouraya). Ça raisonnait comme la toute dernière chanson de Djamel Allam qu'il a composée en choeur avec une foule nombreuse qui l'avait accompagné jusqu'à sa dernière demeure. En effet, puisque ceux qui le pleurent ne devraient pas le faire pour la simple raison qu'un artiste ne meurt jamais. Comme une star, il est juste parti rejoindre là-haut les étoiles. Il s'en est allé désormais comme une star, une étoile, dans le ciel bleu, enfin libre et heureux. Libre de tout souci de santé et heureux par l'engouement qui a marqué son départ. Oui, ils étaient tous présents. Sa famille, ses amis d'enfance, sa grande famille artistique, ceux qui l'ont côtoyé de près et même ceux qui ne l'ont peut-être jamais vu chanter ou approché. Lui qui a toujours vécu le plus simplement du monde. Djamel Allam a appris la musique au conservatoire de musique de Béjaïa sous l'oeil bienveillant du grand maître Cheikh Sadek El Béjaoui. Il part en France en 1970, à Marseille plus exactement, avant de rejoindre la capitale française Paris. C'est à Paris qu'il avait commencé à chanter dans les cafés, cabarets et autres cercles du monde de l'art et de la culture, en s'essayant à la chanson française. Son premier album «Argu» (rêve), produit en 1974, a connu un grand succès, en le propulsant sur la scène artistique française, et bien évidemment locale et nationale. Depuis ce succès, Djamel Allam commença à se produire dans les salles de spectacle aussi bien en France qu'en Algérie, avant de faire sa première tournée en France puis aux Etats-Unis. Il enchaîne avec la production de trois albums entre 1978 et 1985, «Les rêves du vent» (1978), «Si Slimane» (1981) et «Salimo» (1985). S'ensuivra une carrière riche sur tous les plans en versant dans la composition de musiques de film et autres documentaires, dans le rôle d'acteur, puis de réalisateurs avec son dernier film «Bancs publics» primé plusieurs fois dont le fameux Prix arraché au festival du cinéma amazigh. Dans ses chansons, il a traité plusieurs thèmes, de l'émigration, à l'amour, à la nostalgie et surtout plein d'hommages rendus aux grands artistes, à l'instar de Merzak Allouache et autres chanteurs, Slimane Azem, Idir, Aït Menguellet dont celui réservé dans son dernier album, au grand chantre chaâbi, à savoir El Hachemi Guerrouabi, paix à son âme, qu'il rejoint aujourd'hui dans l'au-delà. Il a surtout chanté l'amour du pays, il est parti non sans rendre un retentissant hommage à l'Algérie qu'il avait nommée «Djawhara» une chanson écrite et composée par Dda Kamel Hamadi. Lui rendre un ultime hommage et l'accompagner dignement à sa dernière demeure, n'est qu'une petite preuve de reconnaissance et de gratitude vis-à-vis d'un artiste qui est entré de son vivant, dans la postérité, grâce à son parcours riche et varié. Même s'il nous a quittés, nous sommes convaincus qu'un artiste ne meurt jamais. Ses chansons marquées par des notes et des paroles, des thématiques qu'elles véhiculent, restent omniprésentes. Son corps ne peut que se reposer. Quant à son âme, elle ne s'arrêtera pas de vivre... Adieu l'artiste...repose en paix Djamel Allam...on ne t'oubliera jamais.