Le compte à rebours en Syrie et plus précisément dans la province d'Idlib où se trouvent les dernières positions des groupes rebelles et terroristes qui ont tenté pendant des années de détruire l'Etat syrien, a commencé. Selon l'accord difficilement conclu entre le président russe Vladimir Poutine, soutien du gouvernement du président Bachar al Assad, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, qui appuie certaines des factions insurgées, celles-ci doivent procéder, avant la mi-octobre, au retrait de leurs armes lourdes sur l'ensemble de la zone démilitarisée, au nord-ouest du pays. Cet accord du 17 septembre dernier a été conclu à Sotchi, en Russie, après de vives tensions qui ont failli compromettre le sommet de Téhéran, regroupant les trois pays partenaires du processus d'Astana, la Russie, l'Iran et la Turquie. Mais voilà qu'hier, les premiers grincements sont apparus après qu'on eut annoncé le début du retrait d'armes lourdes à Idlib, aussitôt démenti par le groupe rebelle concerné qui a nié avoir retiré son armement de la future zone démilitarisée. Un délai avait été consenti par Moscou qui acceptait le report de la grande offensive envisagée par l'armée syrienne et ses alliés russe, iranien et libanais (Hezbollah) dans la province d'Idlib, «saluée» par une campagne internationale anticipant une «tragédie humanitaire» sans précédent, à la condition que tous les groupes rebelles et terroristes soient convaincus par la Turquie de se retirer de ladite zone d'Idlib et de ses environs. Le démenti de Faylak al Cham selon lequel il n'a pas commencé le retrait de son armement lourd, dont des chars et des canons turcs, et le redéploiement de ses éléments hors de la zone démilitarisée a jeté un froid qui risque de miner la confiance des parrains de l'accord de Sotchi et, peut-être même, de précipiter le déclenchement de l'offensive. Fidèle à sa stratégie ambiguë dont il a fait une spécialité, Faylak al Cham a, tout à la fois, affirmé qu'il n'y a aucun retrait et qu'il adhère, cependant, à l'accord russo-turc. Propos vite repris par un autre groupe, en fait, une coalition de factions disparates organisée par la Turquie, le Front national de libération (FNL). En tout état de cause, Ankara, qui a pesé de tout son poids pour obtenir le gel de l'offensive et souhaite plutôt un «accord de cessez-le-feu» qui n'a pas eu l'aval du gouvernement syrien et de ses alliés, doit impérativement imposer à tous ces groupes rebelles et terroristes les termes de l'accord de Sotchi, au plus tard le 15 octobre prochain. Autant dire dans très peu de temps, si l'on considère que certains groupes irréductibles comme Houras el Dine et Jaïch al Izza, présent au nord de la province de Hama, ont violemment rejeté cette perspective, encouragés par Fateh al Cham, alias al Nosra, qui reste, depuis la fin de Daesh, le dernier chef d'orchestre du terrorisme en Syrie.