Comme l'ancien président Carles Puigdemont, exilé en Belgique, une partie des membres du gouvernement régional se sont enfuis à l'étranger tandis que d'autres sont incarcérés. Poursuivis pour rébellion, leur procès aura lieu en janvier prochain et ils risquent jusqu'à 25 ans de prison. Les militants séparatistes catalans radicaux ont mené des actions coup de poing hier en coupant routes et voies ferrées, et mis la pression sur le gouvernement régional indépendantiste pour le premier anniversaire du référendum d'autodétermination rejeté par Madrid. «Ni oubli, ni pardon», «on a voté et on a gagné» ou «Torra démission», en référence au président régional Quim Torra. Environ 500 personnes ont manifesté à la mi-journée à Barcelone à l'appel des Comités de défense de la République (CDR), coupant certains axes névralgiques de la ville. En tout début de matinée, des centaines de membres des CDR, le visage masqué, avaient bloqué les voies de chemin de fer en gare de Gérone, à 100 km au nord-est de Barcelone, interrompant temporairement la circulation du train à grande vitesse reliant Figueras à Barcelone. Les autoroutes A7, en direction de Valence, et A2, en direction de Madrid, ont elles aussi été bloquées. Les militants des CDR ont également enlevé le drapeau espagnol du siège du gouvernement catalan à Gérone. «Voilà un an nous proclamions la République... passons à l'action», ont-ils dit sur leur compte Twitter. Ces actions coup de poing, qui interviennent quelques heures avant la principale manifestation organisée à 18H30 à Barcelone pour l'anniversaire du 1er octobre, soulignent les divisions au sein des militants séparatistes dont les plus radicaux comme les CDR reprochent au gouvernement régional de Quim Torra, pourtant indépendantiste pur et dur, de ne pas braver l'autorité de l'Etat espagnol. Samedi, des militants radicaux avaient affronté la police régionale, contrôlée par l'exécutif de Quim Torra, à Barcelone dans des heurts qui ont fait une trentaine de blessés. La CUP, parti séparatiste d'extrême gauche, avait ensuite réclamé la démission du responsable de l'Intérieur du gouvernement régional, Miquel Buch. Dans ce contexte de divisions, Quim Torra a salué hier l'action des CDR. Le ministre espagnol des Affaires étrangères, Josep Borrell a rétorqué en disant que «tout le monde devait contribuer à appeler à la sérénité et à l'ordre» public. «Tout a commencé le 1er octobre et tout nous ramène au 1er octobre. C'est le moment où nous avons décidé démocratiquement notre autodétermination «, a poursuivi Torra. Le 1er octobre 2017, les indépendantistes catalans étaient parvenus à organiser un référendum, strictement interdit par Madrid et marqué par des violences de la police nationale. Selon les organisateurs, 2,3 millions d'électeurs, sur un total de 5,5 millions, y participaient et 90% avaient dit «oui» à une République catalane indépendante. Ce référendum fut «un acte illégal, comme l'a dit la justice et qui n'eut aucune conséquence juridique. Le 1er octobre est un jour de triste mémoire, il n'y a rien à célébrer», a réagi la porte-parole du gouvernement Isabel Celaa. Elle a toutefois jugé que les violences policières lors du référendum avaient «porté gravement atteinte à la réputation de l'Espagne». Le référendum du 1er octobre 2017 avait été suivi le 27 d'une proclamation d'indépendance unilatérale de la Catalogne par les députés séparatistes au parlement régional. Le gouvernement espagnol, dirigé par Mariano Rajoy, avait immédiatement mis la région sous tutelle, dissout le parlement, destitué le gouvernement régional et convoqué de nouvelles élections remportées par...les indépendantistes. Comme l'ancien président Carles Puigdemont, exilé en Belgique, une partie des membres du gouvernement régional se sont enfuis à l'étranger tandis que d'autres ont été incarcérés. Le procès des dirigeants séparatistes inculpés pour rébellion et qui risquent jusqu'à 25 ans de prison doit s'ouvrir en janvier prochain.