En marge de la tenue de la 11e édition du Fibda, une sympathique rencontre s'est tenue mercredi à l'Institut français d'Alger avec d'éminents bédéistes français qui sont venus partager leur expériences dans la BD avec le public algérien.... Comme chaque année depuis sa naissance, l'Institut français d'Algérie accompagne le Festival international de la bande dessinée d'Alger, lieu unique de rencontres et véritable carrefour des créateurs venant du monde entier, et plus grand festival de la BD du continent africain! Dans le cadre de cette collaboration avec le Fibda, l'Institut français d'Algérie convie cette année encore de nombreux auteurs, pour un maximum d'échanges avec leurs collègues, et bien sûr avec le public du festival. Parmi les nombreux participants francophones présents, à cette édition figureront cette année: Guy Delisle, auteur notamment des Chroniques de Jérusalem (Delcourt), Fauve d'Or à Angoulême en 2012 et Aurélie Neyret, illustratrice a succès des Carnets de Cerise (Soleil); Bruno Fermier, auteur de la série Even et porte-parole de Canal BD, réseau de 113 librairies spécialisées dans la bande dessinée; Fabien Toulmé, auteur de Les Deux Vies de Baudouin (Delcourt); Philippe Brocard, président du festival de la bande dessinée de Lyon, Pierre Lungheretti, directeur de la Cité internationale de la bande dessinée d'Angoulême, et enfin François Boucq, auteur, sans oublier Florent Levazeux, un cosplayer. En marge du Fibda, l'Institut français d'Algérie a organisé mercredi une table ronde, avec Guy Delisle et Aurélie Neyret, laquelle a été encadrée par Bruno Fermier, à l'Institut français d'Alger, ainsi qu'une rencontre avec les élèves au Lycée international Alexandre Dumas, le lendemain. Pour entamer cette table ronde, Bruno Fermier fera remarquer qu'il y a 40 ans, la BD était considérée comme quelque chose qui relève de «l'infantilisme», alors qu'aujourd'hui elle s'est imposée et évolué» sans aucun tabou». Dessinateur ou journaliste? Les sujets traités peuvent être même douloureux, car cela «implique l'ensemble des lecteurs à moins de passivité». Pour Aurélie Neyret, il s'agira, fait-elle savoir dans ses carnets, d'une petite fille qui, au fil des carnets rencontre des gens et fait une enquête sur leurs secrets car elle-même détient un secret. En gros, ces livres parlent «des omissions des adultes. Comment un enfant grandit en butte avec les émotions et les secrets des adultes.» Pour l'auteur Guy, Delisle faire des BD a commencé lors de ses voyages notamment en Chine, où il s'est mis à prendre des notes pour raconter ses voyages. Ainsi, il se met à se dessiner soi-même et ces BD formaient une sorte de cartes postales à sa famille. A la question de savoir si la bd est une forme de journalisme? l'oratrice soulignera que le travail d'un journaliste est beaucoup plus que dessiner, même s'il s'agit de raconter ce que l'on voit différemment. Pour l'auteur de Chroniques à Jérusalem «la réalité s'impose comme lorsque j'ai été faire ma BD en Corée du Nord ou sur le conflit en Palestine. Un dessin peut remplacer un texte. Il y a de la pédagogie beaucoup plus dans mes dessins.» Et Aurélie de renchérir: «Il ne faut pas voir cela comme de la concurrence avec la presse. La BD c'est une autre manière de raconter la réalité. On peut passer outre les barrières comme quand j'étais en Afghanistan où j'ai été introduise dans une maternité et vu des femmes accoucher. Un journaliste homme c'est clair, il n'aurait pas avoir accès à ça. Le dessin peut être un super outil pour traiter d'un sujet de manière différente que la photo par exemple. Le dessin peut apporter une plus-value.» Pour Guy Delisle, en effet «l'on peut représenter la réalité comme on a envie. Seule limite qu'on a est le facteur temps.» A ce sujet Aurélie dira: «L'inconvénient avec le dessin est d'avoir à faire plusieurs dessins quand un film peut résumer une situation en deux minutes.» Evoquant son travail lor de son déplacement en Afghanistan pour le compte d'une ONG et la chance d'avoir été dans une maternité, elle expliquera que son engagement réside dans cette subjectivé de recueillir les témoignages comme ferait un reporter, en étant proche de la réalité. Si pour l'un (Guy Delisle) faire de la BD c'est avant tout dessiner et non pas faire des expos pour être plus proches de ses lecteurs grâce à un trait simple et un récit fluide, pour Aurélie qui regrette ne pas posséder un trait assez simplifié, néanmoins elle explique que le facteur important pour elle lorsqu'elle dessine est «la lumière, l'ambiance et les couleurs». Aussi, les deux s'accordent à dire que l'enjeu dans un dessin c'est l'humain. Pour l'oratrice qui se pose parfois des questions sur la légitimé de sa présence, par exemple, en Afghanistan, pour mettre en scène la réalité, le plus important est de ne pas être dans le jugement de valeur. Et faire attention à la manière dont on met en scène les situations.» Trait simplifié et pédagogie Relativisant ses propos quant au dessin qui se doit d'être bien simple comme le récit, Aurélie estime que la BD n'a pas besoin nécessairement d'être infantile, mais elle peut servir au contraire comme catharsis aux enfants lorsqu'elle aborde des sujets importants, comme la séparation des parents ou autres sujets délicats de la vie. Aussi faire une BD pour les enfants lui permet d' «être dans cette dynamique de la jeunesse», en y mettant des choses de son enfance, vécues et de ses aspirations, avec des choix tirés parfois de ses expériences et d'autres de ses rêves, tout en amorçant un dialogue entre elle et le personnage qui peut être elle étant enfant.. «Je suis une auteure engagée. On est une voix. C'est bien de savoir s'en servir en touchant le coeur du lecteur.», a-t-elle tenu à souligner avec sa petite voix attachante. Aussi sa prochaine BD comportera le dialogue entre Cerise et un petit garçon dans une sorte d'histoire de science-fiction. «Il y aura moins de pages de bd mais plus de pages de carnets cette fois.» Autre projet est l'adaptation d'une BD basée sur un projet de long métrage d'animation qui s'appellera Lulu et Nelson, inspiré de Nelson Mandela.