En l'intervalle d'une semaine, les prix des fruits et légumes ont connu une envolée vertigineuse. Cela fait déjà une semaine que Ramadan est installé parmi nous et la circulation est plutôt fluide dans le grand centre d'Annaba. Fait surprenant. Mais où sont donc passés les Annabis? Une petite virée du côté des marchés... Bingo ! C'est à croire qu'ils se sont tous donné rendez-vous dans ces endroits où personne n'en sort indemne. Les étals sont bien achalandés, aussi bien en quantité qu'en qualité : fruits et légumes, viandes rouge et blanche, sans parler des diverses variétés de poissons. Il est vraiment difficile d'y résister, même si les prix donnent le vertige. Cela fait huit jours, et le prix de ces différents produits a doublé, voire même triplé. L'oignon, qui était à 15 DA, a grimpé à 35 DA le kg, la pomme de terre de 20 à 45. Quant aux fruits, ils restent inaccessibles pour ces petites bourses. La pomme jaune, elle, qui coûtait 100 DA le kg, est passée à 120 en ce mois sacré, sans parler de la datte, qui est le fruit de base pour toutes les familles, et qui leur permet de couper le jeûne avec un peu de lait, comme l'exige la sunna de Sidna Mohamed (Qsssl), aujourd'hui est aux alentours de 240 DA le kg. Les ménagères et les pères de famille n'arrivent pas à expliquer cette hausse vertigineuse, qui vient agresser leur pouvoir d'achat à chaque Ramadan. Chaque année, c'est le même scénario. «Les Annabis se demandent où sont passés les contrôleurs des prix», nous déclare une femme avec le couffin vide, après une tournée dans le marché couvert, presque une demi-heure durant à contempler ces étalages inaccessibles. Pour sa chorba, cette ménagère opte pour un demi-poulet à raison de 270 DA le kg au lieu de la viande rouge fraîche qui fait 850 DA le kg. Il faut dire qu'en réalité, une telle flambée des prix fait saigner aussi bien les petites comme les moyennes bourses. Ils ont du mal à joindre les deux bouts, ces consommateurs. Ils ne savent plus comment se définir, pauvres ou riches. Ils ne se retrouvent dans aucun des deux camps, puisqu'ils s'estiment trop riches pour bénéficier de l'aide de l'Etat et trop pauvres pour manger à leur faim. Cette flambée des prix est déjà en temps normal agressive, et elle devient saignante dans des circonstances telles que le Ramadan. Ce qui est décevant pour le consommateur, c'est que cela se passe sous le nez des contrôleurs qui ferment les yeux. Et c'est le pauvre citoyen qui paie la complicité de tous les concernés qui sont, en fait, à l'origine de ce saignement. En attendant une éventuelle prise de conscience quant à la situation catastrophique du consommateur, ce dernier continue de panser sa plaie financière qui saigne, en essayant tant bien que mal de résister à cette flambée des prix, avec «rahmet rabbi».