La pandémie de grippe aviaire qui gagne actuellement les pays de l'Europe n'a pas laissé nos responsables indifférents. Des mesures de prévention ont été mises en place dès la première alerte qui remonte à 2003. Afin d'avoir de plus amples détails sur ce plan préventif, nous avons contacté le sous-directeur de la santé animale au ministère de l'Agriculture en l'occurrence, M.Boughalem. L'Expression: Les autorités algériennes rassurent que le risque de la propagation de la pandémie de grippe aviaire est éloigné pour le moment chez nous. Qu'en pensez- vous? M.Boughalem: Oui, la grippe aviaire n'a jamais été une pathologie récente. On a découvert le virus en 1878 en Italie, par la suite ce virus a muté et est devenu hautement pathogène. En 2003, il y a eu quelques foyers en Hollande et en Allemagne. La flambée de cette pandémie s'est produite durant la période 2004-2005, durant laquelle ont été abattues 250 millions de volailles dans le monde et particulièrement dans la région asiatique. On a enregistré par ailleurs 66 décès humains sur 130 personnes hospitalisées. Quelle sont les mesures prises par notre pays pour écarter toute éventuelle contamination? L'Algérie s'est préparée pour faire face à cette pandémie depuis 2003. Elle a interdit d'abord toute importation intra-avicole ou des produits d'origine aviaire à partir des pays affectés en l'occurrence la Hollande et l'Allemagne. En 2004, ces mesures d'interdiction ont concerné les pays asiatiques et tout récemment on a interdit même l'importation à partir de la Roumanie et la Turquie. Je tiens à préciser que ces pays n'ont jamais été fournisseurs de l'Algérie en matière de produits avicoles. Actuellement, nous sommes en train de suivre l'évolution du virus à travers le monde afin de réagir en conséquence. Nous avons également interdit toute importation d'oiseaux exotiques tels que canaris, perroquet, perruche...etc. Des campagnes de sensibilisation ont été menées à l'adresse des voyageurs qui se déplacent dans les régions contaminées, les exhortant à ne pas se rendre dans des fermes, des marchés de volailles et de ne pas rentrer en contact avec des volailles vivantes. En parallèle, on a mis en place une surveillance active qui consiste en des prélèvements qui se font sur des oiseaux sauvages migrateurs, notamment les canards. Ces derniers peuvent être porteurs de virus. Les prélèvements en question sont remis à l'institut Pasteur, lequel donnera son verdict. Je tiens à souligner qu'à ce jour les résultats obtenus sont négatifs. Autres mesures : nous avons demandé aux forestiers de signaler tout comportement anormal des oiseaux sauvages ou des cas de mortalité aux services vétérinaires. Croyez- vous qu'avec ces mesures, dit-on strictes, on a écarté tout risque de propagation du virus H5N1 dans notre pays? - Ecoutez, le risque zéro n'existe pas. Toutefois l'Algérie est considérée parmi les pays les plus sécurisés, car même le flux des oiseaux migrateurs nous vient de l'Europe, donc le danger est amoindri. Par ailleurs, nos élevages de volailles se font dans des bâtiments et ainsi le risque de contact avec les oiseaux sauvages est écarté. Une instruction émanant des autorités a été donnée au niveau des frontières, des aéroports et des ports afin de renforcer davantage le contrôle. Y a-t-il suffisamment d'effectifs pour mener à bien ces opérations? Effectivement, l'alerte a été donnée au niveau de ces postes. Pour l'instant, l'effectif est suffisant mais peut-être que le déficit se posera du moment que les importations ont tendance à augmenter. Ce qui est certain c'est que nos vétérinaires connaissent très bien la maladie.