La menace sur les pays du Maghreb sera plus inquiétante au printemps en raison des mouvements d'oiseaux migrateurs qui transitent par la région. Le virus H5N1 gagne du terrain dans le monde. Pour la première fois, il a été identifié en Inde et en Iran. L'Indonésie compte désormais dix-neuf victimes. Vingt-huit nouveaux cas ont été recensés sur des oiseaux morts en Allemagne. La vigilance devra donc être de mise dans notre pays, même si aucun cas n'a été enregistré jusqu'à présent. Il faut savoir que l'Algérie, comme le Maroc et la Tunisie, constitue un pays de transit pour les oiseaux migrateurs qui sont souvent à l'origine de la propagation du virus H5N1. A ce propos, le ministre de la Santé, M.Amar Tou, a rassuré dernièrement que toutes les mesures de prévention de cette maladie ont été prises au niveau du gouvernement, outre la délimitation des rôles de chacun des secteurs de la santé et de l'agriculture pour contrecarrer cette maladie. Cependant, à en croire les estimations des représentants de la FAO, la menace sur les pays du Maghreb sera plus inquiétante au printemps, en raison des mouvements d'oiseaux migrateurs qui transitent par la région pour aller vers l'Europe. «Il y a six mois, nous avions alerté la communauté internationale sur le risque que la grippe aviaire atteigne l'Afrique. Maintenant, nous devons dire qu'il y a un risque pour l'Europe au printemps», a déclaré le directeur du département «Production et santé animale», Samuel Jutzi de la FAO. Le danger est encore plus inquiétant, surtout après la découverte, vendredi, de cas de grippe aviaire en Egypte. La chaîne officielle Nile TV a indiqué que 18 oiseaux morts avaient été testés positifs pour la grippe aviaire. Les volailles porteuses du virus ont été repérées dans les départements du Caire, El-Djiza et El-Mina, alors qu'aucun cas d'affection de l'homme n'a été signalé. Une réunion extraordinaire a été tenue, vendredi matin, sous la présidence du Premier ministre égyptien, M.Ahmed Nadhif, pour le suivi de la propagation de cette épidémie et la prise des mesures qui s'imposent. Pour sa part, l'Inde a confirmé hier, et pour la première fois, la présence de ce virus mortel sur des poulets. Près de 50.000 volatiles sont morts dans ce pays. Par ailleurs, une probabilité de 90% de présence de ce virus existerait sur l'un des canards sauvages retrouvés morts en France. Devant cette situation dramatique qui constitue un danger et pour l'être humain et pour différentes espèces d'oiseaux, les 25 Etats membres de l'Union européenne (UE) devraient se «préparer d'ici un an face à une éventuelle pandémie de grippe aviaire», a estimé la directrice du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (Ecdc). De son côté, la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) étudie la mise en place de stratégies communes aux 15 Etats membres dans la lutte contre l'épidémie de la grippe aviaire. «Nous avons eu une réunion très importante jeudi à Abuja sur le problème de la grippe aviaire et les moyens de lutte. Nous essayons d'avoir un mécanisme et une approche coordonnés, un comité, pour contrôler la maladie», a indiqué un porte-parole de la Cedeao. «Nous essayons d'impliquer des institutions internationales, dont l'Organisation ouest africaine de la santé et les Nations unies, dans nos efforts», a-t-il ajouté. Selon la même source, la Cedeao prendra part à la conférence régionale sur la grippe aviaire, organisée par le président sénégalais Abdoulaye Wade à Dakar les 22 et 23 février. Cette conférence ministérielle des pays de la Cedeao, qui réunira également des experts d'organisations professionnelles agricoles, de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO), se penchera notamment sur la manière de coordonner la lutte contre la grippe aviaire entre les quinze pays de la Cedeao et la Mauritanie, après l'apparition de l'épidémie au Nigeria. Il est à signaler que des pays de la région ont pris des mesures individuelles pour lutter contre la maladie consistant notamment à interdire les importations de volailles et à installer des systèmes de surveillance épidémiologique. Soulignons que depuis 2003, le virus H5N1, la forme la plus virulente de la grippe aviaire, a tué plus de 90 personnes dans le monde, principalement en Asie du Sud-Est et en Chine.