Cet officier de l'ALN est tombé au champ d'honneur en 1957. La polyclinique d'Agouni Moussi portera désormais le nom du moudjahid Abdelkader Saïd Ifliss. La baptisation de cet établissement de santé de proximité a été l'occasion pour les personnalités de la région de se remémorer des personnages qui ont, par leur courage, anéanti l'effet d'une stratégie diabolique de l'armée française. Elle portera le nom de cet officier de l'ALN tombé au champ d'honneur en 1957. La cérémonie a été organisée par la famille du martyr avec l'appui de l'association «Ithri Tourirt», du village Taourirt Zwaw, village natal de Saïd Ifliss. Les représentants des autorités civiles et sécuritaires, ainsi que les combattants qui ont connu le défunt, ont marqué par leur présence cet évènement qui a vu la mobilisation de tous les villageois. Le premier intervenant est le maire d'Iflissen, Akli Tizguine qui a souhaité la bienvenue aux centaines de présents. Plusieurs témoignages ont été présentés par les compagnons d'armes de ce grand maquisard. L'évènement est également l'occasion de redécouvrir ce personnage qui a mobilisé tous les villages des iflissen autour de l'ALN alors qu'elle faisait face à la machination diabolique de l'armée coloniale qui mettait sur pied ce qui restera connu sous l'appellation de force K». Abdelkader Saïd Iflis est né en 1916. Après avoir eu son certificat d'études primaires à l'école de son village Taourit Zwaw (fondée en 1895), un travail de berger, il fut mobilisé par l'armée coloniale durant la seconde guerre mondiale. Il combattra aux côtés des alliés, les nazis avec le grade de sergent. Démobilisé à la fin de la guerre, il rejoindra les nationalistes du PPA-MTLD et fera campagne contre les élections truquées d'avance en Algérie. Il sillonnera toute la région allant jusqu'à Tablat et appellera au boycott du vote. Après les opérations de vote, il sera arrêté et condamné à quatre ans de prison. Une peine qu'il a purgée. A sa libération, il prit contact avec Krim Belkacem, Ouamrane et les maquisards en 1947 et s'entendit avec eux pour mobiliser sa tribu des Iflissen contre le colonialisme. Le 1er Novembre 1954 à minuit, la brigade de la gendarmerie de Tigzirt fut attaquée par ses hommes. Il sillonnera dès le lendemain les villages pour les appeler à se mobiliser pour la Guerre de libération nationale. Robert Lacoste, alors gouverneur général, a cru bon de créer un contre-maquis. Il décida alors de former une armée parallèle indigène, «la force K» (Kabyle). Abdelkader Saïd Ifliss avec Omar Toumi, issus de la même tribu se chargèrent avec Krim Belkacem et le colonel Iyazourene dit Vrirouche de la détourner au profit de l'ALN. Toumi fut affecté à la tête de cette «force K» et quelques mois après, une embuscade fut dressée au niveau du village Iguer N'Salem à Iflissen. Une colonne de l'armée française fut décimée par le groupe d'Omar Toumi, faisant des dizaines de morts, tués par les armes qu'ils ont remises à cette «force K». S'ensuivra alors l'opération «Oiseau bleu» en réprésailles. Le village fut décimé et anéanti. Des centaines de soldats de cette «force K» rejoignent les maquisards de l'ALN et se réfugient dans la forêt d'Agouni Ouzidhoudh entre Iflissen et Azeffoun. Ils furent encerclés par les forces terrestres françaises. Des avions bombardent le maquis, des navires de guerre aussi puisque la région est proche de la mer, les forces spéciales investissent le terrain. Pendant une semaine, les combats allèrent jusqu'au corps à corps. Abdelkader Saïd Ifliss et Omar Toumi parviennent à briser l'encerclement avec un petit groupe. Mais vite repérés et pourchassés à l'aide de six avions T6 qui les mitraillent du ciel. Arrivés près du village Adrar, Abdelkader Saïd Iflis fut touché à la tempe par une rafale de mitrailleuse d'un avion et succombera sur le champ. Omar Toumi, touché aux jambes, fut évacué et mourra dans un abri une année plus tard. Désormais, les villageois se rappelleront le sacrifice de ce grand maquisard et ses compagnons d'armes car son nom est gravé sur la polyclinique du village. cet homme, descendant d'une tribu guerrière a été l'un des premiers à prendre les armes contre l'occupant tout en mobilisant sa tribu composée de 39 villages contre la France.