Krim Belkacem lui avait confié l'organisation et la structuration de l'action armée dans la région. Si Saïd Vrérouche, de son vrai nom Mohammed Ameziane Iyazouren était l'artisan des premières actions du 1er Novembre 1954 après une longue préparation en compagnie de Si Abdellah, Moh Saïd Ouzeffoun et Moh Abba. La nuit du dimanche à lundi de cette date historique, il organisera l'une des attaques les plus réussies pour marquer le début de la lutte pour le recouvrement de l'Indépendance. Son compagnon de guerre témoignera de cette attaque au centre-ville de Azazga contre la demeure de l'administrateur civil. Elle se soldera par la mort de deux gendarmes. Les hommes de Vrérouche incendieront, par la suite, le dépôt de liège de la même ville avant de disparaître dans la forêt. Son compagnon Touabi raconte que les gens ne comprenaient pas encore que c'était le début de la Révolution. Ils croyaient que c'était le prolongement d'une fête qui se déroulait ce jour-là. Sept jours plus tard, l'administration coloniale mettra à feu la maison de Vrérouche, située dans le village d'ladjemadh sur les hauteurs de Timizart à Aït Djennad. Les gendarmes ne rencontreront dans ce village que des feux nourris. Deux d'entre eux perdront la vie alors que leur véhicule est incendié. Le lendemain 8 novembre, une unité de l'armée française brûlera sa maison et sa famille sera éparpillée. Sa femme décédera d'ailleurs à Djemaâ Saharidj. Si Saïd Vrérouche mourra en 1988. L'hommage rendu à ce grand homme au niveau du Cfpa de Azazga qui porte son nom, ce jeudi, a été l'occasion pour ses compagnons de retracer son parcours. Etaient présents, des membres de l'ONM, de la Fédération de France, des historiens et surtout des compagnons qui se souviennent de ce colonel désigné par Krim Belkacem pour diriger une région importante de la wilaya III. Si Saïd Vrérouche a rejoint le Mouvement national dès sa jeunesse. Après des années de collège, il devient membre du PPA en 1942. Son intelligence conduira les précurseurs de la guerre de Libération à lui confier l'organisation et la structuration de l'action armée. Le commandant Iyazouren prendra, comme intérimaire, les commandes de la wilaya III après le départ de Mohammedi Saïd en Tunisie en 1957. Il restera à sa tête jusqu'à l'arrivée de Aït Hammouda, dit Amirouche. Avant d'être promu colonel en 1959, Mohammed Ameziane Iyazouren a fait subir aux généraux de l'armée coloniale une multitude de déboires. La région nord qui s'étendait de Dellys jusqu'à la petite Kabylie était sous son commandement. La région était aussi, selon les témoignages de ses compagnons, visée. Vrérouche mettra en échec ce que la France a réussi au Vietnam, l'opération «Oiseau Bleu» ou Force «K». En 1956, le gouverneur Jacques Soustelle décida d'armer des Kabyles pour mettre fin à la rébellion. Cette manoeuvre diabolique, réussie au Vietnam, parvint aux oreilles d'un compagnon de Ameziane Iyazouren qui mettra ensuite au courant Krim Belkacem, chef de la wilaya III. Le Lion du Djurjura chargera Vrérouche et ses compagnons de jouer aux traîtres pour tromper la vigilance de l'armée coloniale. Ces armes destinées à mettre fin à l'action armée des moudjahidine, seront réorientées alors vers les maquis pour se retourner contre l'armée française. Vrérouche et ses compagnons mettront en échec cette entreprise. Ils récupéreront quelque 1200 armes et 300.000 francs. L'échec de ce complot incitera les militaires qui voulurent mettre fin à la Révolution, à mettre en oeuvre la plus grande opération militaire contre la Kabylie. Vingt-cinq mille hommes armés seront mobilisés dans l'opération «Jumelles». Entre 110 et 115 moudjahidine y périront. Le village Agouni Ouzidhoudh connaîtra la plus grande bataille. La vie de cet homme marquera l'histoire de l'Algérie, car Iyazouren jouera un grand rôle pendant les premières années de l'Indépendance. Député à la première Assemblée nationale, il s'impliquera corps et âme pour trouver une solution à la crise de Kabylie de 1963. Ses amis et ses compagnons ont trouvé, dans cet hommage, une occasion pour ressusciter des souvenirs d'une guerre, qui seront à jamais liés à l'avenir de l'Algérie. Le sacrifice de Vrérouche n'est pas uniquement celui de sa propre personne. C'est plutôt toute sa famille et tout ce qu'il avait de plus cher. Son fils mourra dans les rangs de l'ALN et toute sa famille fut dispersée. Ses compagnons insisteront sur le rôle des générations actuelles dans l'écriture de l'Histoire.