Le front social est en perpétuelle ébullition. Les émeutes ayant embrasé lundi dernier la commune d'Arzew se sont poursuivies mardi, au moment où dans la localité de Maoklane, distante de quelque 80 km du chef-lieu de la wilaya de Sétif, une bande de jeunes prenaient d'assaut le lycée, semant la terreur au sein des élèves et du personnel pédagogique et administratif. Ces actes de vandalisme ne sont en réalité qu'un maillon d'une série de mouvements de protestation enregistrés depuis le début du mois. Par ailleurs, dans le chef-lieu de la wilaya de Blida, des commerçants informels se sont rassemblés, mardi devant le siège de l'APC, pour protester contre l'enlèvement, la veille, par des employés de l'APC de l'emplacement de leurs « tables ». Ainsi, et au lendemain de l'adoption, le 29 septembre dernier, à une écrasante majorité, de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale par le peuple algérien, et comme à chaque fois, les troubles reprennent sur fond de marasme social. C'est le cas, rappelons-le, au lendemain des évènements sanglants du Printemps noir de Kabylie où, telle une traînée de poudre, des émeutes ont simultanément éclaté dans plusieurs régions du pays. Khenchela, Batna, Oran, Ouargla... et même Adrar ont été, tour à tour ébranlées par des émeutes. Les émeutes qui ont eu lieu à Arzew ont été précédées par d'autres, par une vive tension et la situation qui a failli dégénérer, dimanche dernier à El Attaf, dans la wilaya d'Aïn Defla. Les émeutiers, une centaine environ, ont été interpellés. Par ailleurs, dans la localité d'Aïn Tessara, dans la wilaya de Bordj Bou Arérridj, en voulant revendiquer le raccordement au gaz naturel pour leur petite localité, Ayadat (Lavoisier), l'une des régions coincées et des plus pauvres de la wilaya de Bordj Bou Arréridj, vingt personnes, la majorité des jeunes, viennent d'être arrêtées, samedi, par les services de l'ordre, après des scènes de vandalisme. Auparavant, les jeunes de ce village enclavé à l'intérieur de la daïra de Ras El Oued ont bloqué la circulation routière entre la daïra et le chef-lieu de wilaya. Manifestement à caractère social, ces émeutes sont mises à profit par des cercles occultes qui ne ratent aucune occasion pour inciter à l'embrasement. Car, comment expliquer le fait, que sous prétexte de la lutte contre le commerce informel, les forces de l'ordre n'ont pas hésité à user de moyens «musclés» pour déloger les jeunes commerçants dont la plupart n'ont d'autres sources de revenus que ces misérables «bicoques». Malheureusement les émeutes d'Arzew ont débouché sur une tragédie : 1 mort, plusieurs blessés et plus d'une dizaine d'arrestations. Il est utile de rappeler que les affrontements, au demeurant regrettables, entre les émeutiers et les forces de l'ordre, ont éclaté lorsque des agents chargés de l'opération ont tenté de démolir des baraques faisant office de locaux commerciaux gérés par des jeunes dans un quartier populaire de la ville d'Arzew. D'après le Conseil national économique et social, ce sont pas moins de 700 marchés qui couvrent l'activité informelle. A noter que la plupart des commerces informels sont nés au début des années 1990. Un phénomène favorisé par les APC de l'ex-FIS entre 1989 et 1992, et ensuite des DEC. Ces derniers faisaient fi de toute réglementation, en déclarant l'impôt contraire à la charia et favorisé le commerce dans sa plus simple expression, «l'achat et la vente», débouchant sur une «économie de bazar», dénoncée par les autorités.