Tel est le bilan présenté mercredi par la Gendarmerie nationale lors d'un point de presse. «Vu la position géostratégique de l'Algérie, notre pays est exposé à toutes formes de crimes organisés ». Telle est la conclusion à laquelle a abouti le lieutenant-colonel M.Djarbouaâ de la Gendarmerie nationale, au terme de sa présentation du bilan des neufs premiers mois de l'année en cours, au sujet de la grande criminalité. Statistiques à l'appui, ce dernier fera part en effet, lors d'une conférence de presse tenue mercredi soir à Alger, d'une évolution explosive, depuis l'année 2005, des fléaux relevant de la criminalité dite «organisée». Laquelle évolution à concevoir inéluctablement comme une menace réelle à l'Etat algérien du fait que son territoire est devenu un terrain propice pour tout genre de trafics, notamment «de la cocaïne, des cigarettes, du cannabis, du cheptel, des véhicules, du carburant...» a souligné entre autres M.Djarbouaâ, sans toutefois omettre le fléau de l'immigration clandestine. Tout ce trafic, attentatoire bien évidemment au bien de la collectivité, mine sérieusement l'économie algérienne. Le fléau de l'immigration clandestine, quant à lui, est surtout redouté pour son «lot» de procédés d'escroquerie et d'arnaques mis en oeuvre par des Africains indélicats. Face à un tel constat, il est urgent semble-t-il, de réfléchir à mettre en place un plan de riposte. En ce sens, M.Djarbouaâ a parlé de la nécessité de dresser «un maillage sécuritaire national» via, dira-t-il «le renforcement de la couverture sécuritaire en multipliant les équipements de service». Selon le conférencier, le but à atteindre à travers ce «maillage» est d'aboutir à «une adaptation des moyens et modes d'action des unités (de la gendarmerie) aux formes de la violence criminelle propres à chaque circonscription administrative». Cette stratégie englobe également dans sa mise en oeuvre la lutte contre la petite criminalité à travers «le ciblage de zones à hauts risques» a précisé en outre M.Djarbouaâ. La petite criminalité, précise-t-on encore, ce sont ces histoires d'agressions (atteinte aux personnes), de vols simples et qualifiés (atteinte aux biens), d'atteinte aux moeurs... et qui sont malheureusement légion au sein de la société algérienne. Ceci malgré que, comparativement aux neufs premiers mois de l'année 2004, la même période en 2005 a connu une baisse relative- selon les statistiques de la gendarmerie- au sujet notamment des crimes et délits contre les personnes (-16,9%) et même ceux contre les biens (-38,6%). Néanmoins, le nombre d'affaires traitées en 2005 est effarant. 6354 affaires relevant de la catégorie d'atteinte aux personnes ont été, en effet, recensées par la gendarmerie au courant des premiers mois de cette année. Pas moins de 5100 crimes et délits contre les biens ont été également enregistrés durant la même période. Toujours est-il, et compte tenu des mêmes statistiques émises mercredi dernier par la Gendarmerie nationale, c'est indéniablement la grande criminalité qui constitue le véritable «danger ». A titre illustratif, M. Djarbouaâ parle d'une évolution «à la hausse» enregistrée au cours des neufs premiers mois 2005 dans le domaine du trafic des stupéfiants. Le nombre des affaires traitées a atteint en effet les 1537 contre 1328 recensées durant la même période en 2004. Celui des personnes arrêtées s'élève, quant à lui, à quelque 2277 individus. Evolution à la hausse également, en 2005, des trafics du cheptel (+55% par rapport à 2004), de carburant (+68%) et de cigarettes (+81%). Cependant, ce qui ressort comme chiffre spectaculaire du bilan rendu public mercredi dernier par la gendarmerie, de toutes les autres formes de la criminalité organisée, n'est autre que celui ayant trait au trafic de véhicules (+166% comparativement à l'année 2004). Le nombre des affaires traitées est de 513 contre 193 uniquement recensées l'année précédente. En outre, M.Djarbouaâ a aussi parlé du détournement en Algérie des câbles téléphoniques et électriques en passe de devenir un fléau préoccupant. Ce genre de détournement alimente notamment le trafic du cuivre, cette matière première très prisée et d'un prix onéreux. D'autre part, soulignons que dans la nuit de mardi à mercredi derniers, et dans le cadre de ses activités de lutte contre la criminalité, la Gendarmerie nationale a procédé à une descente dans quatre wilayas du centre algérien. Il s'agit des wilayas d'Alger, Boumerdès, Tipaza et Blida. Cette énième opération «coup de poing» initiée dans le sillage de la traque des délinquants, s'est soldée par l'examen de situation de quelque 3440 individus. Beaucoup parmi ces personnes, auteurs de différentes infractions, ont été retenues en garde à vue dans les locaux de la gendarmerie. Plusieurs saisies ont été également effectuées par les éléments de la gendarmerie, entre autres des armes blanches, des stupéfiants et quelque 2910 kg de viande blanche ont été réquisitionnés à Alger.