En grève de la faim, plusieurs détenus islamistes sont nourris de force, même pendant ces jours de Ramadan. Les Algériens détenus à Guantanamo seront-ils les derniers à quitter le centre pénitenciaire A voir les lenteurs avec lesquelles Washington gère ce dossier - qu'elle situe d'ailleurs en dehors de tout cadre juridique - on peut penser que Guantanamo fera encore parler de lui pendant plusieurs années encore. Mais au moins, il y a aujourd'hui une nouveauté : Washington invite les experts de l'ONU à visiter la prison de Guantanamo. Des experts indépendants de l'organisation ont obtenu finalement le droit de visiter le centre d'internement, quatre ans après avoir fait leur première demande dans cet objectif. Selon le porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack, «le département américain à la défense avait décidé de laisser les rapporteurs spéciaux de l'ONU venir observer les opérations des installations de Guantanamo et de poser des questions au personnel de commandement et aux responsables américains qui les accompagnent». Le Nouvel Observateur du 29 octobre dit qu'«aucune mention n'a été faite concernant les prisonniers», ce qui peut signifier que les experts de l'ONU ne seront pas habilités à avoir des contacts avec les «prisonniers ennemis». On a cité 7, puis 16 puis 27 Algériens qui seraient encore détenus à Guantanamo. En l'absence de précisions fiables, on ne peut avoir une idée du nombre exact des Algériens faits prisonniers par les Américains, mais on estime le nombre à une vingtaine, capturés en Afghanistan et au Pakistan, en plus des six Algériens remis par les autorités bosniaques à Washington en 2002. Une délégation d'experts militaires américains avait séjourné récemment à Alger, pour, avait-on affirmé, «discuter du cas de la trentaine d'Algériens détenus encore à Guantanamo Bay, et l'éventualité de leur retour chez eux». Ouvert aux «prisonniers ennemis» en janvier 2002, au lendemain des attaques du 11 septembre, le centre de détention de Guantanamo Bay a constitué jusque-là une zone de non-droit juridique. Le Monde du 15 octobre avait fait état de «grévistes nourris de force, même durant le Ramadan», en protestation contre leurs conditions de détention. Les responsables militaires américains ont usé d'un autre discours: ce sont des détenus affaiblis et ils ont été «involontairement nourris» et non pas «nourris de force». D'après un décompte fourni au mois de septembre dernier, il reste encore 505 détenus dans cette prison de haute sécurité installée sur la base navale américaine de Cuba. Certains détenus sont à Guantanamo depuis janvier 2002, sans avoir été formellement inculpés.