L'initiative du président Bouteflika revêt, en ce 51e anniversaire, une importance particulière et un cachet différent des autres années. Incontestablement, la charte pour la paix et la réconciliation nationale constitue le fait marquant et un événement majeur à l'occasion du 51e anniversaire du déclenchement de la Révolution algérienne. Approuvé à une majorité écrasante, le 29 septembre dernier, par le peuple, le texte propose de mettre un terme à la violence en invitant les terroristes à déposer les armes et bénéficier des nouvelles lois qui seront instaurées dans ce sens. Le ministre des Moudjahidine, M.Mohamed Cherif Abbas, a même affirmé que «la victoire remportée lors du référendum est semblable à celle acquise lors du référendum d'autodétermination à la veille de l'indépendance et du recouvrement de la souveraineté nationale». Avant lui, le chef de l'Etat, M.Abdelaziz Bouteflika, a qualifié, lors de la campagne référendaire, que la charte pour la paix et la réconciliation nationale, en termes d'importance, est pareille au 1er Novembre 1954. Nombre de hauts responsables au sein de l'Etat, notamment le chef du gouvernement, M.Ahmed Ouyahia, et M.Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN et représentant personnel du président, avaient tous abondé dans le même sens. C'est dire que l'initiative du président Bouteflika de «réconcilier les Algériens» revêt, en ce 51e anniversaire du déclenchement de la Révolution algérienne, une importance particulière et un cachet différent des autres années. Beaucoup d'encre a coulé autour du projet annoncé par le président de la République, l'année dernière, à la veille de la commémoration du 50e anniversaire du 1er Novembre, mais il reste que la charte telle que proposée par Bouteflika, est un tournant décisif dans l'histoire contemporaine de l'Algérie. Cela dit, la célébration cette année du 1er Novembre 1954 intervient également après que le Parlement français eut voté une loi qui en fait ne glorifie ni moins ni plus que le colonialisme en Algérie. Il aura fallu bien sûr, attendre la réaction du président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika, pour que nos parlementaires et nos hommes politiques décident enfin de réagir en dénonçant à leur tour, une loi qualifiée de tous les maux. La loi a soulevé un véritable tollé en Algérie, ce qui a fait dire à beaucoup d'observateurs que le traité d'amitié qui devrait être signé entre l'Algérie et la France, cette année, est sérieusement compromis. Il aura fallu l'intervention de Jacques Chirac en personne pour calmer les esprits au sein de son propre camp et affirmer que le traité sera signé dans les délais. Cependant, des voix au sein de notre pays continuent d'appeler les autorités françaises à faire leur «mea culpa» sur les atrocités commises lors de la guerre de Libération nationale sur les populations civiles algériennes désarmées. Le secrétaire général de l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM), M.Saïd Abadou, a justement réitéré cette demande à l'occasion de ce 51e anniversaire. M. Abadou a demandé clairement à l'Etat français de présenter officiellement ses excuses au peuple algérien pour tous les crimes commis à son encontre et contre l'humanité, de le dédommager aux plans moral et matériel et de poursuivre les criminels de guerre. Selon le responsable de l'ONM, la loi promulguée par le Parlement français le 23 février 2005, glorifie de manière impudente une occupation qui a duré 132 ans. «Si ceux qui ont élaboré cette loi, ceux qui l'ont adoptée et ceux qui l'ont promulguée avaient un grain de civisme et d'humanisme, ils se seraient contentés d'assumer l'infamie et l'opprobre qu'ils portent en eux», souligne le secrétaire général de l'ONM.