Les menbres du jury du prix Myriam Makeba A notre grande surprise, c'est le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou qui a été primé au nom de cette célèbre artiste et activiste qui a marqué la mémoire des Algériens lors du Panaf de 1969... Doté de «100.000 dollars», le Prix artistique et de la créativité Miriam Makeba, du nom de la chanteuse ethno-jazz sud-africaine, a récompensé vendredi le Fespaco (Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou, Ndlr), qui fêtera en février 2019 ses 50 ans. Aussi, ce prix qui se veut un hommage à cette artiste anti-apartheid qui avait pris part, en 1969 à Alger, au premier Festival panafricain, a également décerné un Second Prix spécial à une autre institution africaine, à savoir la Fondation sud-africaine Myriam Makeba qui continue à oeuvrer pour perpétuer l'oeuvre à la mémoire de cette grande militante et artiste africaine dont le nom est inscrit à tout jamais au fronton de la scène internationale musicale africaine et universelle. La Fondation Myriam Makeba de Johannesburg a été récompensée de 20.000 dollars. Plus d'une centaine de candidatures provenant d'auteurs de 40 pays d'Afrique ont été reçues par l'Office national des droits d'auteur et droits voisins (Onda) qui finance ce prix. Le prix Myriam Makeba a été ouvert, pour sa première édition, aux artistes résidant en Afrique et ceux justifiant d'un statut de réfugiés hors du continent. Notons que cette cérémonie s'est déroulée en présence du ministre de la Communication Kamel Kawane, du wali d'Alger, Abdelkader Zoukh, et un fort parterre du corps diplomatique accrédité en Algérie. Dans son allocution d'ouverture, le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, a tenu à souligner l'importance de cet événement qui se déroule notamment en présence de nombreux invités dont le corps diplomatique. Il rappellera que l'idée de ce prix est née le 14 septembre de l'an dernier pour rendre hommage à cette grande artiste militante qui a beaucoup donné au continent africain dans un pays qui attache beaucoup d'intérêt à ce continent non seulement sur le plan politique, mais culturel aussi et de faire savoir que grâce à l'Algérie beaucoup de pays ont connu leur indépendance. Azzedine Mihoubi, qui fera remarquer que ce prix est un symbole pour l'Union africaine citera les noms du jury composé par Ahmed Bedjaoui, la chanteuse cap-verdienne Solange Cesarovna Rodriguez, le cinéaste sud-africain Ramadan Souleymane, Abdelwahab Doukali du Maroc et le président du jury Mohamed Salamaoui d'Egypte. Le ministre de la Culture a tenu à rappeler aussi que ce prix est décerné d'autant plus au lendemain de l'annonce exceptionnelle faite la veille au même endroit, par l'équipe de recherches du docteur Mohamed Sahnouni, à savoir la découverte d' outils lithiques et des traces de boucheries vieux de 1,9 et 2,4 millions d'années dans le site archéologique de Aïn Boucherit (Aïn Hanech, Guelta Zarga, Sétif). Ces preuves de Aïn Boucherit ont permis de changer ainsi la perception antérieure selon laquelle l'Afrique de l'Est était le berceau de l'humanité, ce qui repousse le début de l'histoire de l'Algérie à plus de 2 millions d'années en arrière. Ce qui fait de ce site, Boucherit, second dans le monde après celui d'Ethiopie. Une fierté, d'autant plus qu'il annoncera aussi la récente inscription des foggaras de notre Sahara comme patrimoine de l'humanité dans la liste des objets à sauvegarder par l'Unesco. Succédant au ministre de la Culture, l'ex-ministre de la Culture, Lamine Bechichi évoquera son travail de composition musicale sur la chanson «Ana houra fi El Djazair», chanson écrite par Mustapha Toumi et qui a rendu célèbre Myriam Makeba. Un morceau chanté à la télé algérienne le 5 juillet 1972 à l'occasion du dixième anniversaire de l'indépendance de l'Algérie. Il se remémorera le contexte politique de la naissance de cet opus dont le titre initial était «Africa». «Je devais à l'époque écrire en langue arabe pour une chanteuse qui ne connaissait pas l'arabe, moi qui ne parlait pas anglais», a-t-il confié sur le plateau du Palais de la culture. Ainsi, interviendra Mahiedinne Amimour dans la traduction pour faciliter la communication entre eux et finir par fabriquer cette fameuse chanson en l'espace de trois semaines. Présent aussi à cette cérémonie. Prenant la parole, le président du jury a estimé que «ce prix est plus grand que la récompense de l'Oscar ou du prix Nobel» car a-t-il fait savoir «il assure l'authenticité artistique et confirme l'identité africaine qui ne se dissout pas, qu'elle soit arabe, anglophone, francophone, et Myriam Makeba l'a si bien incarné dans sa personnalité et c'est de là qu'émane ce prix qui se distingue de n'importe quel autre prix dans le monde». S'adressant à l'Onda qui a lancé l'année dernière ce prix, le cinéaste sud-africain indiquera que ce prix «est quelque chose d'immense dans le continent africain.»*Et d'ajouter: «Oui, Miriam Makeba était une citoyenne algérienne, à travers ce prix elle sera toujours citoyenne algérienne à vie. Ce prix est égal au prix Nobel, j'aimerai qu'on le respecte en tant que tel. Il faut qu'il soit un prix dont chaque artiste, dans le continent africain rêverait d'avoir.». Enfin, Ahmed Bedjaoui dira être chanceux car il a eu la chance de prendre part à la première édition du Festival panafricain de 1969 et d'avoir rencontrè cette grande dame qu'était Myriam Makeba qui représentait un grand symbole de notre appartenance à l'Afrique, mère et notre relation forte avec le continent. «Je considère ce prix Myriam Makeba comme un signe de retour vers l'Afrique parce que nous appartenons à l'Afrique et nous devons nourrir ce segment africain qui est en nous et ne pas oublier que le ministre des Affaires étrangères de l'époque, Abdelaziz Bouteflika avait secoué l'organisation de l'Apartheid et avait créé une plateforme pour endiguer ce fléau.»Née en 1932 à Johannesburg, Myriam Makeba, naturalisée algérienne en 1972, est une des chanteuses les plus illustres en Afrique et dans le monde. Engagée dans la lutte contre l'Apartheid, Makeba dénonce à travers ses chansons la ségrégation raciale et magnifient la tolérance, la liberté et le vivre ensemble. A l'écran, l'artiste est connue pour son rôle dans le film anti-apartheid «Come Back Africa» du cinéaste américain Lionel Rogosin. Myriam Makeba s'est éteinte en exil à l'âge de 76 ans, en 2008, trois ans après avoir mis fin à sa carrière artistique. Avant son décès le président algérien feu Boumediene lui avait accordé la nationalité algérienne en guise de remerciement pour son engagement aux côtés des Algériens et de l'Algérie.