Avec l'USMA et la JSK, on en est arrivé à jouer sur les nerfs du visiteur avant même que le match ne débute, parfois, avant qu'il n'arrive au stade. C'est ce soir, à 18h30, à l'hôtel El Djazaïr, que Saïd Allik et Moh Chérif Hannachi doivent signer l'accord d'amitié qui va lier leurs deux clubs, l'USMA et la JSK. Il s'agira là d'un acte hautement significatif qui interviendra seulement deux jours après la célébration de l'Aïd El Fitr, fête du pardon et de la réconciliation. Car c'est bien de réconciliation qu'il faut parler pour ces deux présidents de club très liés au début des années 90 et dont la rupture s'est manifestée au moment où l'USMA commençait à remporter des titres. Le Comité olympique algérien, par le biais de son président, Mustapha Berraf, grand initiateur de la réunion d'aujourd'hui, n'a fait que tenir le rôle que la charte olympique et les lois de la République lui confèrent. Le COA est, en effet, une institution dont l'une des principales missions est de prôner le fair-play, le respect de l'éthique sportive et la lutte contre la violence. On aurait trouvé anormal qu'il reste en dehors de cette querelle quasi annuelle qui a fini par empoisonner les rapports entre ces deux clubs qui se trouvent être parmi les meilleurs du pays. Une querelle née d'une malheureuse histoire de susceptibilité qui fait qu'aucun des deux présidents ne tolère que le club de l'autre l'emporte sur le sien. Le sport est une compétition où il y a un vainqueur et un vaincu. La sanction doit être celle du terrain sans aucun concours extérieur, c'est-à-dire des stratagèmes, que la morale sportive réprouve, utilisés pour handicaper l'adversaire. Dans tous les pays du monde, l'équipe visiteuse n'est pas toujours accueillie avec des fleurs. Entendez par là dans des conditions qui pourraient lui permettre de partir à égalité de chances avec l'équipe locale. Mais là ça se manifeste au niveau des tribunes où les supporters de l'équipe locale font tout pour saper le moral de l'adversaire. Avec l'USMA et la JSK, on en est arrivé à jouer sur les nerfs du visiteur avant même que le match ne débute, parfois avant qu'il n'arrive au stade. On ferme la porte de celui-ci à ses supporters, on le fait traîner en longueur avant de lui fournir un vestiaire, on humilie ses dirigeants en ne leur permettant pas d'avoir une place en tribune d'honneur, on salit le vestiaire qui lui est attribué d'excréments, on laisse des énergumènes venir jouer du couteau et menacer ses joueurs devant son vestiaire, etc. Ce sont là des pratiques absolument indignes de deux clubs qui devraient donner l'exemple en matière de sportivité et de respect de l'autre. Si l'USMA et la JSK se chamaillent et se menacent, comment en vouloir à tous les petits clubs, qui, chaque week-end, tombent dans le cycle de la violence? Il paraît que la réconciliation entre Allik et Hannachi relève de l'impossible. A chaque fois qu'il nous est arrivé de poser la question à des acteurs du football sur cette opposition, la réponse a été la même: «Allik et Hannachi ne sont pas faits pour s'entendre. Celui qui essayera de les rapprocher devra savoir qu'il le fait en pure perte.» Mustapha Berraf va tenter de le faire. De toutes les manières, il aura au moins essayé. S'il était resté les bras croisés, on lui aurait reproché d'avoir placé le COA au-dessus d'une mêlée pour laquelle il était forcé d'intervenir comme le lui commande l'esprit de la charte olympique. Et puis Berraf est un ami des deux présidents de club. Il a su se montrer convaincant pour les amener à apaiser un climat qui chauffait depuis le dernier match avorté entre les deux clubs à Tizi Ouzou. Allik et Hannachi doivent saisir la perche que leur tend l'institution olympique pour qu'ils mettent un terme à une situation qui fait craindre le pire à l'avenir. Le sport algérien a besoin de deux clubs comme l'USMA et la JSK qui se battent pour qu'ils récoltent des lauriers dans les grandes compétitions internationales et non pas deux formations dont les rendez-vous débordent du volet sportif pour s'étendre sur celui de la violence. Il ne sert plus à rien de tenter de se disculper et faire tomber la cause de cette situation sur l'autre. Allik et Hannachi se partagent la responsabilité de ce très mauvais scénario. Il leur revient à eux deux de l'arrêter à tout moment. Et ce soir, ce sera une fort belle occasion.