Saïd Mekbel fauché par la horde intégriste à la fleur de l'âge C'est une tradition qui se perpétue depuis maintenant deux ans. Les étudiants de l'université de Béjaïa saluent à leur manière la mémoire de Saïd Mekbel. Plusieurs dizaines d'étudiants ont marché silencieusement dans la soirée de lundi à mardi en hommage au billettiste Saïd Mekbel, enfant de Béjaïa, assassiné par des terroristes le 3 décembre 1994. De la résidence universitaire Targa-Ouzemmour, lieu de départ de la manifestation commémorative, jusqu'à la place de la Liberté d'expression Saïd-Mekbel, au centre-ville, son point de chute, la procession estudiantine a marché durant plus d'une heure. «Gloire à nos martyrs. Si tu parles, tu meurs, si tu te tais tu meurs, alors dis et meurs!», des mots d'ordre sur une grande banderole noire déployée par les premiers marcheurs tandis que les étudiants suivants tenaient à la main des bougies. Sur la placette Saïd-Mekbel, les étudiants, rejoints par des militants et des journalistes ont marqué un temps de recueillement en hommage à l'une des plus illustres plumes de la presse algérienne; une action devenue une tradition chez les étudiants de l'université de Béjaïa depuis quelques années. Célèbre par ses billets signés «Mesmar Dj'ha» et par son engagement contre l'intégrisme et pour la liberté d'expression, Saïd Mekbel avait d'abord travaillé pour le quotidien communiste Alger Républicain. A l'ouverture démocratique en 1988, il fonde, avec d'autres confrères, le journal Le Matin, disparu, lui aussi de la scène médiatique. Un certain 3 décembre 1994, deux individus criminels le surprennent et lui ôtent la vie alors qu'il était attablé dans un petit restaurant proche du siège de son journal, à Hussein Dey, dans la banlieue est d'Alger. En ce 24ème anniversaire de sa mort, Béjaïa ne l'a pas oublié. Les étudiants ont donc rendu hommage à Saïd Mekbel, qui avait pris la direction du journal Le Matin en pleine période de la vague terroriste intégriste. Il se savait menacé comme tous ses confrères de l'époque par les islamistes intégristes qui s'acharnaient à éliminer tout ceux qui militaient pour la modernité et l'instauration de la démocratie, il repose aujourd'hui au cimetière de Sidi M'hand Amokrane sur les hauteurs de la ville de Béjaïa, la corporation journalistique de Béjaïa s'est battue des années durant pour arracher un site qui porte aujourd'hui son nom et son buste. C'est la place de la Liberté d'expression baptisée «Saïd Mekbel». Elle est aujourd'hui le point de chute de toutes les manifestations pour les libertés.